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Plus de 1 G$ dans les rues et aqueducs de Montréal

Environ 10% du réseau routier montréalais fera l'objet de travaux.
Getty Images/iStockphoto

Le labyrinthe des chantiers de construction dans les rues de Montréal reprendra cet été, après une année d'accalmie en raison du 375e anniversaire. La Ville doublera presque les investissements dans l'eau et la voirie pour atteindre près de 1,2 milliard de dollars.

Environ 450 km de chaussée verront des travaux. C'est environ 10% du réseau routier montréalais.

La Ville prévoit notamment réhabiliter ou reconstruire 330 km de chaussée et sécuriser 145 intersections. Plus de 137 km d'égouts et d'aqueducs seront également refaits et des régulateurs de pression seront ajoutés afin d'éviter les bris d'aqueducs.

À cela s'ajoutent plusieurs chantiers d'envergure qui commenceront ou se poursuivront en 2018, comme la construction du SRB Pie-IX, d'importants travaux dans les réservoirs d'eau potable et l'ajout d'une unité d'épuration à l'ozone à l'usine de traitement des eaux usées JR-Marcotte.

Ces investissements records permettront à la Ville de Montréal d'atteindre le seuil minimal pour maintenir l'état actuel des infrastructures, pour la première fois depuis des décennies. Ce virage majeur était déjà annoncé en janvier lors de la présentation du dernier Plan triennal d'immobilisations.

L'ensemble de la ville sera affectée, mais les travaux se concentreront encore plus autour du centre-ville, du Plateau-Mont-Royal, du Sud-Ouest et du secteur de l'échangeur Turcot. D'importants travaux sont aussi prévus près du Stade olympique et sur le boulevard Pie-IX pour préparer l'arrivée du SRB.

Courtoisie - Ville de Montréal

Ne plus reconstruire à l'identique

Un changement majeur marquera l'approche de l'administration Plante en termes de planification des chantiers, selon le responsable de l'urbanisme et du transport, Éric Alan Caldwell. La Ville promet d'évaluer les possibilités de réaménagement chaque fois qu'une rue entre en chantier.

«2018 marque un tournant décisif dans la façon dont les chantiers vont être gérés. [...] Jusqu'à présent, l'approche privilégiée consistait à reconstruire la rue à l'identique, alors que chaque chantier offre une opportunité d'aménagement. Cette approche est maintenant derrière nous. Ensemble, nous revoyons chacun des chantiers projetés pour y inclure autant que possible des aménagements géométriques qui laissent une place prépondérante à la mobilité, à la sécurité et à l'expérience des usagers», affirme M. Caldwell.

Un exemple majeur est la rue Sainte-Catherine, vaste projet qui a été revu par l'administration Plante après son arrivée au pouvoir. La nouvelle mouture du réaménagement devrait être présentée sous peu.

La vocation de la rue Saint-André sera aussi revue en marge des travaux d'égouts et d'aqueducs qui y sont prévus. Comme nous le rapportions le mois dernier, elle deviendra une «vélorue». C'est-à-dire que les cyclistes auront la priorité sur toute la chaussée, mais les résidents pourront encore y accéder en voiture.

Moratoire de travaux

Autre changement important, la Ville adoptera cette semaine une nouvelle politique sur les chantiers ouverts par les autres services d'utilité publique, comme Hydro-Québec, Gaz Métro ou les entreprises de câblodistribution. Ceux-ci ne pourront plus intervenir sur une rue qui vient d'être refaite à neuf, puisqu'un moratoire de cinq ans sera imposé après des travaux municipaux.

Les travaux sur le boulevard Saint-Laurent, entamés en 2008, sont devenus tristement célèbres à cause des multiples réouvertures de la rue. La Ville souhaite éviter ce genre de problème grâce au moratoire.

Les services d'utilité publique pourront tout de même faire des travaux d'urgence, par exemple lors d'un bris important. La Ville leur facturera toutefois des frais de dégradation de la chaussée.

Ces frais ne font évidemment pas l'unanimité. L'an dernier, la Cour supérieure a d'ailleurs invalidé des règlements semblables adoptés par les villes de Gatineau et Terrebonne. L'administration Plante reconnaît que les siens pourraient aussi être invalidés.

«C'est possible. On suit ce qui se passe au Canada et au Québec. Il y a d'autres villes qui sont en cour ou devant le CRTC pour des dossiers similaires. Mais Montréal veut envoyer un message fort pour justement que ça se passe mieux en ce qui concerne l'adéquation des chantiers de la Ville et ceux [des services d'utilité publique]», affirme Marianne Giguère, conseillère associée au comité exécutif.

Moins de km mais plus de qualité pour le vélo

La Ville ajoutera moins de kilomètres de pistes cyclables que l'an dernier, selon les chiffres présentés lundi. Un fait surprenant, alors que le vélo est une grande préoccupation pour les élus de Projet Montréal.

Selon Marianne Giguère, la nouvelle administration souhaite prioriser la qualité plutôt que la quantité.

«Ce qu'on a vu dans le passé, c'est que bien souvent on faisait des chaussées désignées. Donc on peignait un chevron sur la rue pour dire qu'elle est partagée. [...] Nous ce qu'on dit, c'est qu'on va faire de meilleures infrastructures cyclables, quitte à en faire moins», dit-elle.

Sur le milliard investi cette année, environ 15 M$ serviront aux premiers aménagements du fameux Réseau express vélo, ces grands axes cyclables que l'administration Plante souhaite instaurer. Selon Mme Giguère, la plupart des premiers travaux serviront à améliorer des infrastructures existantes. Un plan détaillé doit être présenté sous peu.

La réduction du nombre de kilomètres ajoutés fait tout de même réagir le chef de l'opposition, Lionel Perez.

«Projet Montréal s'est longtemps vanté d'être le parti des amateurs de vélo. Est-il en train de renier sa base?», ironise-t-il.

M. Perez souligne également que deux grandes promesses de Projet Montréal sont absentes de l'annonce de lundi: la brigade des chantiers et l'escouade mobilité.

Selon les promesses faites en campagne électorale, la future «brigade des chantiers» devrait faire des visites-surprises sur les sites des travaux pour s'assurer que l'entrepreneur respecte les plans et devis. Quant à «l'escouade mobilité», elle sévirait contre les chantiers qui bloquent indûment la circulation des automobiles, des piétons ou des cyclistes.

«Après les hausses de taxes démesurées, la brigade des chantiers et l'escouade mobilité sont encore deux promesses en l'air de Projet Montréal. Ce parti continue de nous prouver qu'il ne sait pas comment respecter ses engagements», ajoute M. Perez.

Grands chantiers 2018:

  • Réservoir Rosemont: augmentation de 40 % de la réserve totale d'eau
  • Bouclage de l'Est: réduction de la vulnérabilité d'alimentation en eau potable
  • Protection de la prise d'eau Atwater: sécuriser la prise d'eau brute
  • Bassins de rétention William, Rockfield et Lavigne
  • Usine de désinfection à l'ozone
  • Rue Sainte-Catherine, entre les rues Bleury et Mansfield
  • Rue Saint-Hubert, entre les rues Bellechasse et Jean-Talon
  • SRB-Pie-IX, entre le Pont Pie-IX et l'avenue Pierre-de-Coubertin (travaux préparatoires)
  • Rue Peel, entre l'avenue Des Pins et la rue Sherbrooke
  • Boulevards Laurentien et Lachapelle: parachèvement des travaux et aménagement d'un nouveau lien cyclable est-ouest
  • Vélorue Saint-André , entre la rue Cherrier et l'avenue Laurier
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