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800 strip-teases pour la troupe de «Ladies Night»!

16 ans jour pour jour après sa toute première édition.
Paméla Lajeunesse

Elles sont rares, les productions dont les représentations se comptent par centaines... au pluriel! Les lourdauds de Ladies Night auraient probablement eux-mêmes du mal à croire que leur spectacle amateur de chair (molle) et de muscles (plus ou moins fermes) atteignait mardi, veille de la Saint-Valentin, le respectable cap des 800 levers de rideau... et des 800 baissées de culottes.

L'adaptation québécoise du classique britannique The Full Monty, film et pièce, traduite et mise en scène par Denis Bouchard, célébrait donc un anniversaire prestigieux mardi : elle était non seulement présentée pour une 800 fois en ce 13 février 2018 - 16 ans jour pour jour après sa toute première édition, le 13 février 2002 - mais elle se tenait pour la toute première fois de son histoire au Théâtre Maisonneuve.

La 800e de «Ladies Night»

Après, notamment, le Corona, le Théâtre St-Denis et l'Olympia, c'est la distinguée Place des Arts qui accueillait les maladroits strip-teases de Sylvain (Guillaume Lemay-Thivierge), Fred (Frédéric Pierre), Normand (François Chénier), Benoît (Luc Senay) et Gérald (Marcel Leboeuf), ces chômeurs attachants prêts à se dénuder et à (presque) tout montrer pour renflouer leurs coffres financiers et d'estime de soi, sous l'œil sévère de leur impitoyablecoach, Glenda (Sylvie Boucher).

Pour l'occasion, le maître d'orchestre de ce joyeux cirque, Denis Bouchard, a pris la parole pour rappeler un peu le parcours de l'œuvre, remercier public et artisans et faire remarquer aux plus jeunes femmes assises au parterre qu'elles «n'étaient pas majeures» quand Ladies Night faisait crier ses premières demoiselles, lors de sa création.

Quelques membres de l'équipe de comédiens, soit Marcel Leboeuf, François Chénier et Sylvie Boucher, sont de l'aventure depuis ses primes débuts, Ladies Night ayant d'abord tourné sur les routes du Québec entre 2002 et 2005. Puis, la maison de production Tandem a remis le projet en branle en 2011, avec Guillaume Lemay-Thivierge en remplacement de Serge Postigo, et Frédéric Pierre qui succédait à Didier Lucien. L'an dernier, c'est Michel Charette qui accrochait son g-string pour aller s'exposer sous d'autres cieux – ceux deDistrict 31, entre autres. Luc Senay a pris le relais dans la peau de son personnage.

Depuis sept ans, les séries de représentations de Ladies Night se sont enchaînées, sans pause, et elles se poursuivront en 2018. Important, d'ailleurs, de souligner que, mardi, lors de cette énième supplémentaire dans la métropole, la salle était pratiquement comble, et plusieurs spectateurs – non, il n'y a pas que des spectatrices qui se déplacent pour se délecter des bourdes et faux pas de ces effeuilleurs du dimanche – voyaient venir les blagues de loin, preuve que certain(e)s n'en étaient pas à leur première expérience.

On est évidemment encore loin, avec Ladies Night, du record Guinness établi par Broue en 2006, celui de la «plus grande longévité d'une pièce de théâtre jouée par la même distribution de comédiens». Marcel Gauthier, Marc Messier et Michel Côté ont occupé leur taverne pendant 38 ans, le temps de 3300 représentations, une marque qui sera difficile à égaler. Mais Ladies Night est probablement «l'héritière» qui s'en approche le plus.

L'homme de tous les jours

Ladies Night, c'est l'histoire de cinq hommes sans le sou après la fermeture de l'usine de leur région, cinq «messieurs-tout-le-monde», on ne peut plus «ordinaires», aux physiques imparfaits et aux méthodes de séduction douteuses, qui s'improvisent danseurs nus pour se refaire une santé financière et amoureuse.

Ils incarnent à merveille l'homme de tous les jours : l'un a «trois pensions alimentaires à payer», l'autre n'ose pas dire à son épouse qu'il est au chômage, un autre encore vient de se faire plaquer par sa femme. Ils se font bedonnants, vieillissants, encroûtés dans leur routine ; rien à voir avec les bellâtres de Cheval-Serpent! Ils baptiseront leur groupe «Les hommes de votre vie».

S'en suit son lot de gags salaces, de mimiques à double sens, de quelques sacres et de bien des rires gras... mais ô combien sentis. Répétitions pour «le» grand spectacle, costumes rigolos, hésitations, volte-face, chicane de gars et prestation finale coquine et très drôle, qui s'étale sur la moitié de la deuxième partie: la trame de Ladies Night n'a rien de compliqué, tout comme l'humour facile qui est mis de l'avant dans cette tranche de vie on ne peut plus rassembleuse. C'est parfois vulgaire, mais justifié, souvent cliché, jamais bien méchant... et par moments franchement hilarant. Ce n'est pas toujours très recherché, mais c'est efficace à souhait. Suffit de jauger le délire dans l'assistance pour le constater, et on défie les plus étroits d'esprit de retenir leurs éclats de rire dans les instants les plus cocasses. Impossible!

Bref, Ladies Night, c'est divertissant et sympathique. L'élite s'en fiche un peu, mais quelle importance, devant un succès de cette trempe. Et tous les acteurs démontrent un réel talent comique agréable à redécouvrir, dans la gestuelle comme dans la réplique.

Des références à la culture populaire d'ici ont été insérées au fil des ans – PKP, Châtelaine, Sonia Vachon et même le «suppositoire en bois de noisettier» de Marcel Leboeuf – et la trame sonore a été modifiée. On a pris soin d'actualiser l'ensemble à travers le temps. De resserrer l'intrigue, également, puisque quantité de changements ont été apportés ça et là au gré des ans.

On terminera en levant haut notre chapeau à ces cinq courageux hommes, et particulièrement à Leboeuf. On ne vous dit pas pourquoi! Si la curiosité vous ronge, on vous invite à jeter un œil au calendrier de tournée de Ladies Night.

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