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Le point sur les clichés et idées reçues entourant l'homéopathie

Le vrai et le faux de l'homéopathie.
ChamilleWhite via Getty Images

L'homéopathie dite médecine douce est loin de faire l'unanimité. En cause: son efficacité. Nous avons interviewé Yvan Bourgault, pharmacien et homéopathe, pour essayer d'y voir plus clair et de démêler les idées reçues et les clichés qui entourent cette discipline.

« Oui, bien sûr. Bien que la recherche en homéopathie est un domaine relativement récent et que les études n'abondent pas, il y a cependant des preuves qui sont de qualité similaire à celles qui existent en médecine conventionnelle. Il y a plusieurs milliers d'études publiées sur l'homéopathie qui sont consultables par les professionnels de la santé sur le site web de Pubmed, principal moteur de recherche scientifique au monde. Aux quatre coins de la planète, des scientifiques qualifiés appartenant à des universités, des instituts de recherche et des hôpitaux de renom, font de la recherche en homéopathie en utilisant les mêmes techniques que celles utilisées dans la recherche de traitements médicaux conventionnels.»

« Un exemple récent, une grande étude indépendante a été réalisée en France (EPI3) pour évaluer la place de l'homéopathie dans la pratique médicale. 1756 patients et 825 médecins généralistes y ont participé et les conclusions sont positives, car la prise en charge homéopathique s'est révélée à chaque fois aussi efficace (amélioration des symptômes et prévention des complications) qu'une prise en charge conventionnelle. De plus les patients traités par homéopathie ont consommé deux fois moins d'anti-inflammatoires et d'antibiotiques et trois fois moins de psychotropes. Je vous cite celle-ci parce que parmi les experts impliqués dans cette étude on trouve un Canadien de l'université McGill le Dr Michel Rossignol. Donc, il y a bel et bien certaines preuves tangibles et de bonne qualité. Cependant tout le monde s'entend pour dire que nous en avons besoin encore plus pour faire progresser nos connaissances.»

« La popularité de l'homéopathie diffère d'un pays à l'autre. 200 millions de personnes l'utilisent régulièrement dans le monde. Plusieurs pays ont inclus l'homéopathie dans leur système de santé (Brésil, Chili, Inde, Mexique, Suisse...). Une des raisons du scepticisme canadien est probablement notre système de santé qui restreint la liberté de prescription des médecins tout en ne leurs permettant pas de collaborer avec les homéopathes formés. Au Québec, par exemple, très peu de médecins sont formés et prescrivent des médicaments homéopathiques à leurs patients. Le patient ne peut pas véritablement exercer sa liberté de choix puisque son médecin n'a pas non plus une véritable liberté de prescription. »

« Le mécanisme d'action des médicaments homéopathiques n'est pas encore connu. Nous observons cliniquement des résultats, mais ne pouvons pas encore expliquer comment ces médicaments induisent une réponse biologique. Depuis environ 50 ans, des travaux montrent que les dilutions infinitésimales des médicaments homéopathiques ont une action biologique significative par rapport au placebo sur des modèles animaux ou cellulaires. Le fait d'utiliser un médicament sans connaître son mécanisme d'action est très commun aussi en médecine conventionnelle. Par exemple, l'aspirine a été utilisée pendant plus de 70 ans avant de connaître son mécanisme.»

« Oui, les deux. Par exemple pour l'accompagnement en cancérologie, les experts recommandent des médicaments comme Nux Vomica pour les nausées de la chimiothérapie et Radium bromatum en prévention des radiodermites.»

« Non, la réponse variera en fonction de la réactivité de la personne et du problème traité.»

« Non, l'outil thérapeutique doit toujours être choisi en fonction de la situation clinique. Au même titre qu'un menuisier ne sortira pas un tournevis pour planter un clou, lorsque la situation clinique ressemble à un clou et une planche, on doit sortir le marteau et taper fort dessus. Par contre, si la situation clinique ressemble plutôt à une vis et une planche, la marteau ne sera pas le meilleur outil, risque de résultats moyens (vis croche dans la planche) ou d'effet secondaire (craques dans la planche...) donc en utilisant le bon outil thérapeutique, le patient sera mieux servi.»

« L'usage pédiatrique est très répandu et utile que ce soit pour des problèmes ORL ou autres. Les pédiatres et les parents apprécient particulièrement le très faible risque d'effets secondaires ou d'interactions médicamenteuses. »

« Faux. Toucher les granules homéopathiques avec les doigts ne modifie en rien leur qualité et les effets attendus. Cependant, comme pour tout médicament, par mesure d'hygiène, il est préférable d'éviter de toucher les granules avec les doigts (beaucoup de maladies se transmettent par les mains). Les laboratoires proposent un compte-granule qui facilite la prise sans avoir à les toucher.»

« Cela est une question de temps de réponse au traitement. Lorsque les granules sont prises par voie sublinguale, ils fondent sous la langue qui est très vascularisée et ainsi le médicament passe par la voie sanguine rapidement. En les avalant, les granules passent par le tube digestif et prendront un peu plus de temps à agir. Ceci étant dit, lorsque nous traitons les animaux, les solutions ou granules sont habituellement avalés et les effets thérapeutiques sont observés quand même.»

« La menthe et le café, consommés à distance des médicaments homéopathiques n'ont aucune incidence sur l'efficacité. Il est cependant recommandé de prendre les médicaments homéopathiques dans une bouche vide et « propre » sans goût trop fort donc à distance des repas.»

« Je sais que cela existe, mais en pratique je ne vois pas ça. Ce qu'il faut se rappeler est de prendre fréquemment (exemple aux 30 minutes ou aux heures) les médicaments dans les affections aiguës et ensuite d'espacer les prises suivant l'amélioration clinique. Dans les affections chroniques, les médicaments seront pris de 2 à 4 fois par jour et les médicaments dits de fond se prendront souvent une fois par semaine, voire une fois par mois.»

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