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Pourquoi plus personne ne veut des Jeux olympiques (sauf Paris)

Le coût titanesque de l'organisation d'un tel événement rebute de plus en plus les opinions publiques.
Kim Hong-Ji / Reuters

JEUX OLYMPIQUES - Un accord "gagnant-gagnant?" Paris, emmenée par Emmanuel Macron, et Los Angeles, candidates à l'organisation des JO-2024, passaient ce mardi 11 juillet un grand oral devant les membres du CIO qui devaient valider le même jour le principe d'un double vote garantissant à la ville écartée pour 2024 de recevoir les JO-2028. C'est chose faite, a annoncé le CIO en fin d'après-midi.

"Quand on dispose de deux candidatures aussi solides, ce double vote semble la meilleure solution", expliquait lundi 10 juillet un membre du CIO, reprenant ainsi le credo de Thomas Bach.

Le patron allemand du mouvement olympique milite depuis mars 2017 pour une attribution simultanée en septembre à Lima des JO-2024 et 2028. Objectif: conserver "deux excellentes candidatures" qui en cas d'échec auraient pu renoncer à jamais. La ville qui n'obtiendra pas l'édition 2024 héritera alors à coup sûr des JO-2028.

Une décision qui peut paraître étonnante, mais jugée nécessaire par le Comité international olympique qui doit faire face à une certaine raréfaction des candidatures.

L'explosion du coût d'organisation

D'abord candidates à l'organisation des jeux de 2024, les villes de Hambourg, Rome, Boston et Budapest se sont toutes retirées de la course, pour finalement laisser le champ libre à Paris et Los Angeles. La raison principale? L'inquiétude de l'opinion publique et des responsables politiques quant à un coût organisationnel qui se chiffre en milliards de dollars et qui dépasse systématiquement les prévisions.

Tous les JO des trente dernières années ont explosé leur budget initial. Pour les Jeux de Londres en 2012, l'addition est passée de 4,8 milliards à 11 milliards d'euros. Mais ce n'est rien comparé aux Olympiades de Pékin et de Sotchi, respectivement passées d'un budget de 2,6 milliards à 32 milliards et de 8,8 à 36 milliards d'euros. Et cette tendance à la dépense pharaonique ne semble pas près de s'arrêter... selon les médias japonais, les coûts d'organisation des Jeux olympiques de Tokyo en 2020 pourraient être multipliés par six et atteindre 13.8 milliards d'euros, contre les 2.3 milliards prévus initialement.

Les derniers Jeux olympiques à Rio ont été, de ce point de vue là, un fiasco total. Comme en Grèce, pays hôte des Olympiades de 2004, les infrastructures construites dans la capitale brésilienne sont pour la très grande majorité à l'abandon depuis la fin des festivités. Le coût total s'élève à plus de 13 milliards de dollars.

La défiance de l'opinion publique

Les opinions publiques rejettent de plus en plus l'idée de dépenser de telles sommes d'argent dans l'organisation de ces événements. C'est également pour cette raison que les JO d'hiver de 2022 ont connu la même hécatombe que ceux de 2024. Les villes de Stockholm, Lviv, Oslo et Cracovie avaient toutes jeté l'éponge face à la mégalopole Pékin, plus puissante pour assumer ces dépenses.

En Février 2017, Budapest, qui faisait office de petit poucet dans cette course à l'organisation des Jeux 2024 a décidé de retirer sa candidature, après qu'une pétition citoyenne a recueilli plus de 200.000 signatures, ouvrant ainsi la voie à un référendum perdu d'avance. Initié par le mouvement citoyen devenu politique Momentum, cette pétition réclamait le retrait de la ville dans la course aux JO et la mise à disposition de l'argent susceptible d'être dépensé dans les Jeux pour refonder les systèmes d'éducation et de santé du pays. Plusieurs mois auparavant, Hambourg avait également retiré sa candidature à la suite d'un referendum remporté par le "non" à 51,7%.

"Budapest avait fondé sa campagne sur le charme du Vieux Monde et un ensemble compact de sites. Mais l'échec apparent de cette vision pourrait faire revivre les craintes selon lesquelles seules les grandes villes peuvent vraiment accueillir les Jeux.", se désolait le Los Angeles Times après le retropédalage de la capitale Hongroise.

Paris joue sur ses acquis

"Beaucoup de villes ont abandonné, en Europe et ailleurs, parce que les opinions publiques ne sont plus convaincues, même si les jeux olympiques et paralympiques restent l'événement planétaire le plus important", explique la maire de Paris Anne Hidalgo au site RTS, avant de réaffirmer son ambition d'organiser des Jeux olympiques écologiques. Une des raisons pour lesquelles Paris va réussir, selon elle: "Ce sont des jeux qui seront alignés sur l'accord de Paris sur le climat. Grâce au CIO, on va accélérer la transition énergétique et écologique. On va pouvoir prouver que des Jeux olympiques peuvent être écologiques."

Et c'est visiblement l'agenda 2020 du CIO, visant à donner la priorité aux infrastructures existantes pour réduire les coûts d'organisation, qui a poussé Anne Hidalgo à présenter la candidature de Paris pour les JO 2024. Car c'est une des forces de la capitale française. 93% des sites de compétition prévus dans le projet de Paris sont existants ou seront temporaires, ce qui devrait considérablement réduire la note pour le contribuable. De ce fait, le risque de flambée du coût de l'organisation des Jeux "n'existe pas", explique Michael Aloisio, le directeur général adjoint du comité de candidature de Paris.

Un bon point légèrement pondéré par le coût que pourrait engendrer la question de la sécurité, un enjeu majeur dans l'organisation de ces Jeux dans un contexte de terrorisme mondial. Les forces de sécurité françaises sont "extrêmement efficaces, professionnelles et à même d'assurer la protection des Jeux", estime le CIO qui salue, par ailleurs, les "améliorations" testées "avec succès" durant l'Euro de foot 2016.

Ce texte apparait dans sa version originale sur le HuffPost France.

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