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Après 108 ans d'existence J A Robert Fourrure ferme

Après 108 ans d'existence J A Robert Fourrure ferme

Une page d'histoire va se tourner à Sherbrooke le 30 juin prochain avec la fermeture de l'entreprise J A Robert Fourrure après 108 ans d'existence.

Un texte de Brigitte Marcoux

L'heure de la retraite a sonné pour le petit-fils du fondateur de J A Robert Fourrure à Sherbrooke. Le manque de relève pour cette entreprise familiale combiné à un marché en perte de vitesse font en sorte que Louis Robert estime que le moment est venu de prendre une retraite bien méritée.

« Depuis plusieurs semaines, on s'occupe des derniers manteaux de nos clientes. Tous les manteaux qu'on entreposait ici sont transférés chez l'autre fourreur à Sherbrooke, soit Diversimanto », explique Louis Robert.

La petite histoire de JA Fourrure a commencé en 1909. Chapelier sur la rive Sud de Montréal, le grand-père Robert déménage à Sherbrooke où il ouvre un magasin de trois étages sur la rue Wellington. On y trouvait lingerie, prêt-à-porter et fourrure.

Le dimanche après la messe, tout le monde allait sur la rue Wellington. Il n'y avait pas de centre commercial alors les gens faisaient du lèche-vitrine au centre-ville. On avait un immense auvent qu'il fallait déployer pour justement protéger la vitrine du soleil. Ce sont de bons souvenirs.

Au début des années 1950, au décès de Joseph Albert Robert, c'est René Robert qui prend la relève. « Mon père a profité du moment pour modifier la vocation de l'entreprise et se consacrer uniquement à la fourrure. »

Quelques années plus tard, alors que Louis Robert est aux études, son père meurt à la suite d'une grave maladie. « Pendant mes études, je travaillais pour mon père quand venait le temps d'entreposer les manteaux. Quand il est décédé, j'ai offert à ma mère de lui donner un coup de main et finalement l'aventure a duré 40 ans », souligne M. Robert qui est bachelier de l'Université de Sherbrooke en administration.

Un marché en pleine évolution

Louis Robert avoue que le marché de la fourrure connaît des années plus difficiles. « Il y a toujours un marché, mais c'est un marché plus limité en raison d'une série de facteurs. Il y a eu les écologistes, le réchauffement climatique, mais c'est aussi une question de tendances. Anciennement, tout le monde avait un manteau de laine et un manteau de fourrure point final. Aujourd'hui, tu peux avoir une panoplie de vêtements que tu peux posséder comme un lainage, du duvet, des manteaux en peau d'agneau. Il y a beaucoup de choix », explique M. Robert qui ajoute aussi que l'ouverture du marché chinois sur l'Amérique du Nord a été un tournant majeur pour l'industrie de la fourrure.

Le secret le mieux gardé de ce magasin aujourd'hui situé sur la rue King Ouest est sans doute l'immense voûte où l'on pouvait entreposer jusqu'à 3000 manteaux. L'endroit est réfrigéré et l'humidité est contrôlée pour assurer la protection des fourrures.

« On a des dizaines et des dizaines de manteaux qui n'ont jamais été réclamés. Ils doivent être entreposés ici depuis plus de 20 ans. On a tout fait pour rejoindre les propriétaires, mais sans succès. Même le courrier recommandé nous a été retourné », raconte M. Fournier.

Ces manteaux seront acheminés chez Récupex afin de leur donner une deuxième vie. En attendant cette dernière étape, Louis Robert attend sa retraite avec un brin de nostalgie.

C'est sûr que 108 ans, on y pense, mais c'est probablement à l'automne, avec les premiers flocons, que je vais y penser.

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