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«Desjardins, on l'aime-tu!» aux FrancoFolies : fougue et émotion pour Richard Desjardins (PHOTOS)

Fougue et émotion pour l'hommage à Richard Desjardins aux FrancoFolies

Quand la jeune génération d’auteurs-compositeurs en vue rencontre l’œuvre de Richard Desjardins, ça donne l’album-compilation Desjardins, paru fin avril, et son concert collectif dérivé, Desjardins, on l’aime-tu!, l’une des pièces de résistance de la présente édition des FrancoFolies de Montréal, qui a rassemblé une mer de monde sur la Place des Festivals, sous un ciel parfaitement clair, dimanche.

«Desjardins, on l'aime-tu!

Le concept des spectacles-hommages est éprouvé et toujours gage de triomphe aux FrancoFolies. Il y a eu Gainsbourg Symphonique et Intemporelle Diane Dufresne l’an dernier,Piaf a 100 ans – Vive la môme et À grands coups d’amour pour Gerry en 2015, Fioritudes etLes chants d’amour de Félix en 2014, le coup de chapeau à Claude Léveillée en 2013, Gerry toujours vivant en 2011, Allo Nino - Hommage à Nino Ferrer en 2009, et combien d’autres auparavant. Il était logique que Desjardins ait son tour.

Pas facile, de chanter le gaillard au franc-parler de l’Abitibi, poète et militant, capable de raconter l’amour avec ses puissantes images ou l’engagement social avec les mots du peuple, de son phrasé aussi marmonné et rocailleux que doux et limpide.

Les artistes choisis pour le projet Desjardins sont un peu à l’image de Richard Desjardins, qui ne s’est jamais réclamé d’être une «vedette», bénéficiaire d’un succès tardif arrivé une fois sa quarantaine bien entamée et plus intéressé à décrire les gens comme lui, à dépeindre son natal coin de pays et décrier à sa façon les inégalités qu’à entretenir son personnage public.

Ainsi, on imagine que celui qu’on célébrait dimanche – qui n’y était pas, et qui ne s’est pas non plus impliqué dans le récent disque qui lui était dédié, initié par le producteur Steve Jolin et réalisé par Philippe B - se reconnaît probablement un peu dans les Safia Nolin, Yann Perreau, Klô Pelgag, Fred Fortin, Bernard Adamus et autres Sœurs Boulay choisis pour faire revivre son répertoire. Eux aussi ne versent que rarement dans le compromis.

Écoute respectueuse

Desjardins, on l’aime-tu! a été l’occasion de fabuleux moments d’émotion et de fougue, tendres, intenses, amusants, ou les trois. Un feu roulant de morceaux pour la plupart légendaires de l’impassible créateur et une opportunité de redécouvrir son imaginaire comme sa lucidité.

Figuraient au programme 12 des 13 pistes de Desjardins (on a écarté M’as mettre un homme là-d’ssus, puisque Koriass, qui l’interprète sur l’album, a annulé toutes ses participations aux FrancoFolies pour des raisons familiales), de même que d’autres classiques de Richard Desjardins. On aurait en effet été profondément tristes de ne pas entendre Le cœur est un oiseau ou Un beau grand slow, même si celles-ci n’apparaissent pas sur l’opus-souvenir.

À trois reprises, la rappeuse et slameuse Elkahna Talbi, alias Queen Ka, est venue déclamer des écrits de Richard Desjardins, Déboutonne ton blues, T’attends et Avec l’amour de Jésus.

Le public, par contre, pourtant nombreux, n’a pas participé comme on l’anticipait, se contentant de quelques acclamations plus nourries, de bras levés et de vers tout juste chantonnés à quelques endroits seulement. On pourrait néanmoins qualifier de respectueuse l’écoute qui a été octroyée aux voix et aux musiciens chargés de créer l’événement, et qui peuvent dire mission accomplie.

C’a commencé d’adorable façon, avec les jeunes Simone Marchand et Thomas Brassard (La voix junior), qui ont livré dans toute leur candeur une sentie Nous aurons.

Philippe Brach et Bernard Adamus ont brassé la cage sur Boomtown café, de l’époque du groupe Abbittibbi, avant que le très charismatique Matiu, chanteur originaire de la communauté innue Mani-Utenam, ne vienne se présenter en promettant qu’on le connaîtra bientôt mieux, et cracher Le bon gars.

Les longs solos de violon sur Y va toujours y avoir, superbement rendue par Philippe B, supportaient à merveille ce propos tristement résigné, ce «Y’en a qui ont tout’… Pis tout’ les autres y’ont rien». Toujours actuel, toujours aussi cruellement réel, 20 ans après l’écriture de ces paroles. À frissonner.

Chantal Archambault et Michel-Olivier Gasse, du duo Saratoga, ont été tout doux et réconfortants, elle à la guitare, lui à la contrebasse, sur une excellente Quand j’aime une fois, j’aime pour toujours, qui leur allait à ravir. Keith Kouna a poursuivi dans cette veine de perfection sur la mélancolique Jenny, qu’il a habitée avec authenticité.

Yann Perreau a propulsé a capellaL’homme canon, depuis la passerelle réservée aux médias. Les journalistes installés sur la galerie, pour la plupart convaincus que Perreau n’allait que siroter un verre avant de monter à son tour sur scène, ont eu toute une surprise! L’instant, filmé par des cellulaires de toutes parts, a été magique.

Safia Nolin a hérité de Vas t’en pas, qu’elle revisite avec davantage d’intériorité que l’originale. Elle a été interrompue par une première vague d’applaudissements, puis par un mini-tonnerre d’approbations une fois sa dernière note poussée. Certainement l’une des invitées les plus appréciées de l’enchaînement.

Yankees et Beau grand slow

Enlevant, ce numéro porté par Klô Pelgag et Philippe Brach, sur Les Yankees, dont le texte prenait tout son sens, agrémenté d’extraits au porte-voix et accompagné par les «choristes» Safia Nolin et Les Sœurs Boulay.

Celles-ci sont revenues offrir L’engeolière, puis … Et j’ai couché dans mon char avec Keith Kouna, qui a un peu délié les langues dans la foule qui la connaissait par coeur, après que Stéphane Lafleur, de la formation Avec pas d’casque, n’ait chanté sa relecture de Boum Boum.

Fred Fortin a laissé échapper des mots de la gigantesque Tu m’aimes-tu ; on l’a nettement préféré sur Le cœur est un oiseau, qu’il incarne beaucoup mieux. Plusieurs spectateurs ont tenté de joindre leur timbre au sien, mais la musique les enterrait.

Pendant le Beau grand slow de Philippe B, autre titre qui lui colle à la peau, l’assistance s’est un brin dégelée. Absolument réjouissant au son du Chant du bum et ses «J’aurais dû, ben dû, donc dû», Émile Bilodeau a fait irruption dans la peau du personnage de la chanson, annonçant qu’il avait eu du mal à stationner sur Peel. Il n’a pas eu les réactions qu’il aurait mérité de la part du parterre.

Bernard Adamus a décoché une flèche au Grand Prix de Montréal, et a dégainé avec Y’a rien qu’icitte qu’on est ben et Les mammifères, tandis que Yann Perreau s’est re-manifesté au rythme de Dans ses yeux.

Un beau trip de gang, voilà l’impression qui se dégage de l’homogène collage qu’a étéDesjardins, on l’aime-tu!, qui s’est terminé à l’unisson sur Chaude était la nuit. Elle l’était, effectivement, autant en termes de température que d’éloges au grand Desjardins.

Les 29e FrancoFolies de Montréal se poursuivent jusqu’au 18 juin.

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