L'intention de la Ville de Rimouski d'autoriser les feux sur la grève suscite une levée de boucliers parmi les riverains. Ces derniers craignent que cette autorisation n'entraîne du bruit, de la pollution et un risque plus élevé d'incendie.
Un texte d’Ariane Perron Langlois
Il est interdit de faire des feux sur la grève à Rimouski depuis plus de 15 ans. Pourtant, les résidents qui vivent près de la promenade du littoral, dans le quartier Nazareth, voient les résidus de dizaines de feux, chaque année, derrière chez eux.
« Ce matin, il y avait déjà cinq feux qui étaient encore brûlants », déplore André Chouinard. « Ce qui est dommage, c'est qu'au bord de ces feux-là, on trouve souvent des bouteilles de bière cassées, des canettes qui sont laissées là, toutes sortes de déchets de plastique qui, quand la marée monte, se retrouvent dans le fleuve », ajoute-t-il.
Des riverains craignent que la situation n'empire avec le règlement que la Ville veut adopter pour autoriser les feux sur la grève. C’est le cas de Marc-Antoine Jutras, un résident du secteur du Rocher-Blanc. Il a lancé une pétition pour s'opposer à la modification du règlement, qu'il compte soumettre au conseil municipal lors de la prochaine séance, le 19 juin.
Ce ne sera pas que des familles qui vont venir ici. On le sait ce que ça va être, des jeunes, qui vont venir faire le party.
D'autres riverains, comme Doris Labonté, ne s'opposent pas à l'autorisation des feux sur la plage, mais s'interrogent sur la surveillance qui sera faite.
« Je suis le premier à dire que notre première richesse à Rimouski c'est le fleuve et il faut le rendre accessible au plus de monde possible visuellement et physiquement. Là où j'ai un problème, c'est avec la surveillance parce que présentement, les feux sont interdits, mais il y en a des dizaines », explique M. Labonté.
Des berges fragiles
Les riverains ne sont pas seuls à s'inquiéter. Le comité ZIP du Sud-de-l’Estuaire craint que des fêtards ne piétinent des plantes en bordure de mer. Parmi ces espèces, on compte l'élyme des sables, que le comité plante à différents endroits depuis huit ans pour lutter contre l’érosion des berges.
La directrice de l’organisme, Françoise Bruaux, rappelle aussi que les écosystèmes de bord de mer sont un habitat important pour certains insectes et oiseaux.
« Si on brûle tout, si on piétine la végétation, les plantes vont mourir. On va fragiliser le littoral et les plages et on va être encore plus vulnérable aux impacts des tempêtes qu'on a régulièrement », explique Mme Bruaux.
Le maire veut rassurer les riverains
Appelé à réagir, le maire de Rimouski, Marc Parent, assure qu’il comprend les préoccupations des riverains et qu’il est ouvert à faire des modifications au règlement.
Il explique qu’il ne veut plus que l’ensemble de la population soit privée de faire des feux sur la plage à cause du comportement répréhensible d’une minorité.
On sait parfaitement bien que c’est un très faible pourcentage de la population qui a des écarts de comportement.
Le maire précise que le règlement, qui doit être adopté le 19 juin prochain, va limiter la grosseur des feux et établir un couvre-feu.