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Bloc québécois : Louis-Philippe Dubois affirme avoir agi pour protéger sa chef

Bloc québécois : Louis-Philippe Dubois affirme avoir agi pour protéger sa chef

Alors que le caucus du Bloc québécois se réunit ce matin pour tenter de dénouer la crise qui sévit entre la chef, Martine Ouellet, et la majorité de ses députés, son ex-chef de cabinet, limogé hier afin de calmer la grogne, défend ses agissements dans une lettre impitoyable à l'endroit des frondeurs.

Dans sa lettre intitulée « Pour protéger ma chef », Louis-Philippe Dubois explique avoir tout fait pour la prémunir contre les manœuvres d'un groupe de députés qui ont entrepris, selon lui, de l'intimider et de la discréditer au sein du caucus.

Louis-Philippe Dubois y affirme que les relations entre la chef et certains députés ont été houleuses dès l'élection de cette dernière, bien qu'elle ait tenté, dès le début, de rassembler les troupes en rencontrant individuellement les députés bloquistes.

Or, écrit M. Dubois, « Nous n’étions qu’au début de l’exercice quand les trois députés Monique Pauzé, Gabriel Ste-Marie et Simon Marcil ont débarqué ensemble sans avertir, sans faire de politesses, en exigeant que je quitte la pièce. Ils avaient une attitude agressive et ils étaient clairement dans une manœuvre pour tenter d’intimider la chef. »

D’après lui, les trois députés étaient offensés que Martine Ouellet l’ait nommé chef de cabinet sans les avoir consultés au préalable. Le groupe de députés aurait tenté de « faire comprendre à la chef qu’elle devait avoir leur aval, avant de nommer les officiers du caucus ainsi que son chef de cabinet », ce qu’aurait refusé Mme Ouellet.

La chef a ensuite procédé à la nomination de Xavier Barsalou-Duval à titre de chef parlementaire et de Marylène Gill comme whip. Gabriel Ste-Marie est pour sa part devenu leader parlementaire, malgré son manque de respect à l’égard de Mme Ouellet, souligne Louis-Philippe Dubois.

Manque de loyauté envers leur chef

Selon ce dernier, il était clair qu’une conspiration courait dans les rangs du parti. Dans sa lettre il explique que les trois mécontents ont poursuivi leur campagne de dénigrement de la nouvelle chef au sein du caucus lors de « rencontres secrètes » où ils ont rallié quatre députés de plus à leur cause, soit Rhéal Fortin, l’ex-chef intérimaire, Luc Thériault, l’ex-leader parlementaire, Louis Plamondon et Michel Boudrias.

Selon M. Dubois, « le groupe des 7 s’est constitué au jour 1 du mandat de Martine Ouellet comme chef du Bloc québécois. Leur objectif? Contraindre la chef dans ses choix d’officiers, lui imposer leur droit de regard sur la nomination de son chef de cabinet et contrôler toutes les embauches, en plus de la supervision du personnel de l’aile parlementaire. »

Dès lors, les hostilités étaient ouvertes dans les rangs du parti, soutient Louis-Philippe Dubois dans sa lettre.

Il y a eu du coulage dans les médias d’affirmations mensongères sur ma gestion des fonds parlementaires ou sur ma prétendue incompétence. Des points de presse ont été sabotés. Des employés de l’aile parlementaire, plus près de Martine que des 7, ont été exclus de rencontres techniques quotidiennes. La chef a appris l’existence d’opérations de communications et de positionnement national après coup, dans les médias.

La crise a éclaté au grand jour mercredi quand, dans la foulée du limogeage de M. Dubois, 7 des 10 députés du Bloc - Gabriel Ste-Marie, Monique Pauzé, Rhéal Fortin, Louis Plamondon, Michel Boudrias, Simon Marcil et Luc Thériault - se sont adressés à la presse pour exprimer haut et fort leur mécontentement.

« Notre lien de confiance [avec] Martine est affecté, et ça va prendre bien du travail pour le rétablir », déclarait alors Gabriel Ste-Marie. Ces élus ont accusé M. Dubois de travailler « davantage contre les députés du Bloc que pour le Bloc », ajoutant que sa nomination avait été « un immense manque de jugement ».

Nous autres ici, on lui avait dit qu’il n’avait pas les compétences et qu’il n’avait pas notre confiance.

Non-respect de confidentialité journalistique

Les dissensions au sein du Bloc québécois ont éclaté au grand jour après que le Huffington Post Québec eut révélé mercredi matin que M. Dubois aurait laissé filtrer des informations à la presse dans le but avoué de nuire à la réputation de l’ex-chef par intérim du Bloc, Rhéal Fortin, et de mettre un terme à une fronde qui grondait au caucus.

Louis-Philippe Dubois reconnaît avoir transmis l’information à la journaliste Catherine Lévesque lors d’une conversation « off the record » où il lui avait décrit le climat toxique qui régnait dans le parti.

Catherine [Lévesque] connaissait la situation des tensions au caucus. Elle en avait déjà parlé avec moi et d’autres. Je me suis permis de ventiler quelques commentaires avec elle, dans cette discussion qui se voulait privée et confidentielle.

Cette information qu’il tenait sur M. Fortin de source crédible pouvait, selon lui, surgir dans les médias à tout moment. Louis-Philippe Dubois estimait qu’elle constituait une épée de Damoclès pour le parti et pour sa chef.

« Mon calcul étant que si les faits qui m’ont été rapportés s’avéraient, le dossier sortirait plus vite, de manière à ce que nous ayons le temps de nous relever avant la prochaine campagne électorale, et s’ils ne s’avéraient pas, je bénéficierais de la confidentialité de la journaliste, étant donné qu’il était convenu que je parlais "off the record". »

« Et maintenant, ça éclate »

Le député bloquiste Mario Beaulieu a défendu, en entrevue à RDI, le leadership de Martine Ouellet. Il abonde dans le sens de l’ex-chef de cabinet de cette dernière en affirmant que, « dès l’élection de Martine Ouellet, il y a eu de l’obstruction systématique, des gens qui n’acceptaient pas le choix des membres ».

Malheureusement, il y a des gens qui ont du mal à accepter un choix démocratique.

Il déplore que Mme Ouellet n’ait jamais bénéficié, en fait, de la « chance au coureur » et qu’elle ait dû travailler dans des conditions très difficiles et « maintenant, ça éclate ».

Il refuse cependant d’embarquer dans les allégations concernant les fuites initiées par le chef de cabinet de l’aile parlementaire, se limitant à dire qu’elle a « fait ce qu’elle devait faire » en le démettant de ses fonctions.

Le fond de l’histoire, c’est plus qu’il y a des députés qui n’acceptent pas son élection comme chef.

Interrogé lors de son point de presse matinal à l’Assemblée nationale, le chef du Parti québécois a tenu à vanter le travail des bloquistes, avant de les appeler à faire preuve de « cohésion » et « d’unité », dans « l’intérêt des Québécois qu’ils représentent à Ottawa ».

J’ai bon espoir que, dans trois mois, on n'en parlera plus de cette crise-là. Trois mois, deux mois, deux semaines : vous savez, les choses vont vite en politique!

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