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Le gouvernement met des barrières à la communauté autochtone de Lac-Simon, dit la chef

Le gouvernement met des barrières à la communauté autochtone de Lac-Simon, dit la chef

La chef de Lac-Simon, Adrienne Jérôme, a dénoncé le manque de ressources dans sa communauté et les traitements injustes que subissent les Autochtones, lors du troisième jour de la Commission d'enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec (CERP).

Problèmes de logement et d'éducation, abus de pouvoir, discrimination... La liste des problèmes énumérés par la chef Jérôme est longue.

Lors de son témoignage mercredi matin, elle a fait le portrait de sa communauté et recensé les nombreux défis auxquels elle doit faire face.

Le conseil ne peut, par exemple, offrir l'aide sociale à ceux qui ont 24 ans et moins, puisqu'il y aurait trop de bénéficiaires. « Si on faisait un déficit, c’était notre problème », a dit la chef de Lac-Simon, expliquant que le ministère n'alloue qu'un certain montant à sa communauté et ne vient pas « éponger le déficit ».

On a une relation qui n’est pas très saine avec le gouvernement. On dirait que les ministères, ils rendent les communautés pauvres, encore plus pauvres.

Le service de police de la communauté manque aussi de financement. Des plaintes y ont, par exemple, été déposées par des femmes autochtones, mais n'ont pu être traitées par manque d'argent, a déclaré la chef autochtone.

Adrienne Jérôme a également relaté les problèmes d'habitation.« Dans un logement, des fois il y a 16 personnes. Il n’y a pas d’intimité, parfois il y a de la violence qui se crée, les jeunes ne peuvent pas faire leurs devoirs, ne peuvent pas bien dormir », a-t-elle déploré.

Le gouvernement nous dit de miser sur la réussite [scolaire] de nos enfants. Mais comment veux-tu qu’on le fasse quand on a des logements surpeuplés.

Un traitement inéquitable

La chef de Lac-Simon a aussi déploré que des policiers de la ville soient « arrogants » et « injustes » envers les Autochtones.

Mme Jérôme a notamment relaté l’histoire d’une mère, dont la fille était coincée en ville, la nuit. La mère s’est alors rendue en ville pour la chercher, avec ses autres enfants à l’arrière de la voiture, mais elle a été arrêtée en cours de route par un policier qui l’a accusé de conduire en état d’ébriété. Après qu'elle eut nié ces allégations, le policier l’a sortie de la voiture, poussée au sol et a mis sa figure dans la neige, a rapporté Adrienne Jérôme, ajoutant que cet événement est survenu cette année.

On est tous perçus comme des délinquants. Oui, on en a des délinquants. Mais la majorité de notre monde, c’est du bon monde.

Dans les hôpitaux aussi, l'attitude de certains employés envers les Autochtones est négative. Certains répondent comme s'ils les dérangeaient, a indiqué la chef autochtone. « On dirait qu'ils sont déçus que ça soit nous leur prochain client », a-t-elle laissé tomber.

L' « abus de pouvoir » des travailleurs sociaux

Les travailleurs sociaux ont des « pouvoirs abusifs » quant à la surveillance des familles, selon la chef Jérôme.

Elle ajoute que « la barre de recommandations et d'obligations » de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) est trop élevée et que, selon ses critères, les parents ne sont jamais suffisamment adéquats. « On dirait qu’ils veulent qu’on soit les parents modèles. Il y a toujours quelque chose qui ne va pas », s'est-elle plainte.

La DPJ, c'est comme les pensionnats, ils viennent nous enlever nos enfants.

« Ça prend toute une communauté pour élever un enfant, c'est notre façon de faire », a souligné Mme Jérôme, estimant que les travailleurs sociaux devraient s’ajuster à leur culture.

Des lois qui entravent

Le conseil de Lac-Simon dit vouloir résoudre les problèmes de la communauté, mais déplore que les lois gouvernementales l’empêchent de le faire.

« Dans notre communauté, on essaye de faire des règlements. Mais on dirait que les lois nous empêchent encore de progresser et mettent des barrières dans nos communautés », a-t-elle dit, évoquant un règlement de Lac-Simon voulant expulser les revendeurs de drogue pour tenter d'éradiquer ces substances illicites et la violence qui y est liée.

« On veut le bien de nos enfants. Mais avec toutes les lois et les abus de pouvoir qui se passent dans la communauté, ça nous arrête », a-t-elle dénoncé.

La commission Viens

La Commission d'enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec (CERP) à Val-d'Or, en Abitibi-Témiscamingue, est présidée par le juge à la retraite Jacques Viens.

La commission Viens s’intéresse à la relation entre les Autochtones et les différents services publics du Québec, comme les services policiers, les services correctionnels, les services de justice, les services de santé et les services sociaux, ainsi que les services de protection de la jeunesse.

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