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Apple, Ikea, Amazon, Netflix... ils salivent tous en pensant à l'Inde

Apple, Ikea, Amazon, Netflix... ils salivent tous en pensant à l'Inde

Les grandes multinationales ont les yeux tournés vers l'Inde et le signe du dollar brille dans leurs pupilles. Il ne s'agit pas d'un nouveau gisement d'or ou de pétrole, mais d'un bassin de 400 millions de clients : la nouvelle classe moyenne indienne.

Un texte de Thomas Gerbet, correspondant en Inde

« Un potentiel gigantesque est en train d'émerger sous nos yeux », prévient Renato Cudicio, PDG de TBC-World Group. Installé depuis deux ans à Bangalore, la « Silicon Valley » indienne, le Québécois est témoin du développement fulgurant de l'Inde. Dans moins de 10 ans, le pays devrait être le plus peuplé de la planète et la troisième économie mondiale.

« Au début, les grands conglomérats délocalisaient ici pour réduire leurs coûts de production, mais maintenant, ils ne viennent plus seulement pour ça », explique le chef d'entreprise. Les multinationales veulent vendre aux très nombreux Indiens qui ont dorénavant les moyens de consommer.

Un géant sous-estimé

On les sous-estime. [...] L'économie indienne grandit de l'intérieur, c'est vraiment une grande nation qui est en train de se construire.

« 1,3 milliard de personnes, c'est un marché en-soi, c’est un monde », souligne Erik (prénom fictif), vice-président d'une grande entreprise de télécommunication suédoise. L'homme qui travaille en Inde a préféré garder l'anonymat, car il n'a pas obtenu l'aval de son siège social pour nous parler.

« Il y a 10 ans, ma compagnie est venue ici pour le cheap labor », reconnaît Erik. Mais aujourd'hui, la multinationale profite à fond du développement des infrastructures indiennes. « Nous avons 30 000 employés en Inde, c'est plus qu'en Suède, où se trouve le siège social. »

L’Inde est tellement gigantesque qu’un fabricant de téléphones n’a qu’à cibler une seule ville pour réussir en affaire. « Avec une ville de 20 millions d'habitants, s’il touche 10 % du marché, ça fait quand même 2 millions de clients! », s'extasie Erik.

La nouvelle Inde arrive et elle va très vite.

« Ils n’ont pas beaucoup de ressources naturelles, mais ils ont beaucoup de cerveaux », ajoute Renato Cudicio, l'entrepreneur québécois.

Les « cerveaux » indiens

« Les jeunes qui sortent de l'université et que je recrute sont enthousiastes, connaisseurs et vifs d'esprit, constate Erik. Ils parlent anglais et leurs capacités d’innovation sont d’un plus haut niveau que ce que j’ai vu en Europe. » L'Inde forme 400 000 ingénieurs par année et elle en aurait besoin de 100 000 de plus pour répondre à ses besoins.

Tout le monde attend la sortie d'une idée encore plus brillante que Google ou Facebook. Je suis sûr qu'elle ne viendra pas d'un sous-sol de San Francisco, mais de Bangalore ou d'Hyderabad.

Les Indiens sont déjà très bien représentés dans les hautes sphères des géants du web. En plus du PDG de Google, Sundar Pichair, il y a aussi le PDG de Microsoft, Satya Nadella, et celui d'Adobe, Shantanu Narayen, tous les deux nés à Hyderabad. Les inventeurs de l'USB et de la puce Pentium sont aussi Indiens.

Ikea ouvrira un premier magasin en Inde, à Hyderabad, avant la fin de l'année et un autre l'an prochain à Mumbai. L'entreprise suédoise s'attend à des millions de clients dans ces deux premiers points de vente. Elle a aussi planifié la construction d'une cinquantaine d'autres magasins dans le pays d'ici 2030. Ironiquement, Ikea était présente en Inde depuis des décennies, mais uniquement pour profiter des plantations de coton et produire dans des usines de tissage.

Apple a considérablement accru sa présence dans le pays ces dernières années. Au départ, il lui était difficile de vendre des iPhone, un produit cher, d’autant plus pour le niveau de vie des Indiens. Alors, la marque à la pomme a décidé de fabriquer des téléphones moins chers, spécialement pour le marché indien. Un demi-million d’Indiens travaillent aussi à développer des applications pour le système d'exploitation iOS, une des communautés les plus dynamiques de la planète dans le domaine.

Les Indiens sont les champions du monde du visionnage en rafale de séries. En moyenne, ils avalent une saison en trois jours, contre quatre dans le reste du monde, selon des données dévoilées par le PDG de Netflix, Reed Hastings, en visite en Inde en mars. La compagnie américaine souhaite profiter du très haut débit d’Internet disponible dans le pays. Quand la compagnie indienne de télécommunication Reliance Jio a lancé son service Internet 4G, l’an dernier, 100 millions de clients se sont abonnés en moins de six mois.

Amazon est une des compagnies qui s’est fait le plus remarquer ces derniers mois dans ses investissements en Inde. La multinationale se targue d’être l'entreprise qui connaît la plus importante croissance actuellement dans le pays. Elle veut, par exemple, investir 500 millions de dollars dans le marché de l’alimentation en Inde. Et c'est sans compter les autres domaines pour un total de plusieurs milliards de dollars. La forte densité de population est plus favorable au commerce en ligne qu’à la présence de grands magasins.

L’Inde deviendra l'un des principaux générateurs de revenus d'Airbnb, selon une récente déclaration de son PDG, Brian Chesky. La classe moyenne indienne est jeune, se développe à vive allure, prend des vacances et voyage de plus en plus, surtout à l’intérieur du pays.

20 % de plus de passagers dans les aéroports par an

Il suffit de prendre un avion en Inde pour constater le développement ahurissant du pays. Files d'attente interminables pour passer la sécurité, avions qui patientent dans les airs à cause du trafic sur les pistes... L’Inde est maintenant troisième au monde après les États-Unis et la Chine pour le marché interne et le pays pense atteindre la première place dès 2030 avec plus de 400 millions de passagers annuels. Plusieurs aéroports sont en cours de construction et des terminaux ultramodernes ont récemment vu le jour comme à Mumbai.

Le miracle économique indien, expliqué par un Québécois

« Il y a énormément d’argent à faire en Inde », se réjouit Daniel Tremblay, vice-président de la firme de courtage Raymond James. Le Montréalais est venu visiter le pays pour rencontrer des entreprises, des représentants du gouvernement et des économistes indiens. « Je ne pensais pas qu’il y avait autant de choses qui se faisaient, que c’était aussi évolué », dit-il.

Je vais investir. La portion de l’Inde dans mes portefeuilles va augmenter, c’est officiel.

Regardez le témoignage de Daniel Tremblay :

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