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La contestation populaire prend de l'ampleur dans le nord du Maroc

La contestation populaire prend de l'ampleur dans le nord du Maroc

Des milliers de personnes ont pris la rue mercredi soir à Al-Hoceïma, une ville du nord du Maroc, pour réclamer la libération de Nasser Zefzafi, chef du mouvement de contestation qui ébranle la région depuis plusieurs mois.

Près de 2000 manifestants ont marché sous les yeux de la police antiémeute dans le quartier de Sidi Abed pour une sixième nuit consécutive, scandant des slogans comme « État corrompu », « Pacifique, pacifique! » et « Dignité pour le Rif ».

« Nous sommes tous Nasser Zefzafi », ont également crié les manifestants qui appuient le « hirak », un mouvement de contestation dont le nom signifie « la mouvance ».

La manifestation a pris fin peu avant minuit, sans incident.

Les protestataires réclament la remise en liberté de Nasser Zefzafi, le meneur de cette contestation qui ébranle la région du Rif depuis déjà sept mois. Il a été arrêté lundi par les autorités pour « atteinte à la sécurité intérieure ».

Le ministre des Affaires islamiques, Ahmed Toufik, a aussi reproché à M. Zefzafi d'avoir « interrompu le prêche de l'imam lors de la prière du vendredi » à la mosquée Mohamed-V d'Al-Hoceïma, en évoquant un « délit grave ».

Nasser Zefzafi était visé depuis vendredi par un mandat d'arrêt et, depuis cette annonce, la ville d'Al-Hoceïma est agitée. Le remuement demeure toutefois calme en journée, en raison du ramadan.

Des heurts sont tout de même survenus au cours des manifestations cette fin de semaine et une quarantaine de personnes ont été interpellées depuis vendredi, selon des officiels.

Parmi ces personnes arrêtées, 25 ont comparu devant la justice. Leurs avocats ont toutefois fait reporter leur procès au 6 juin, alors qu'il avait débuté mardi, tout en signalant de « mauvais traitements » infligés aux détenus au cours de leur emprisonnement.

La région du Rif est secouée par de nombreuses manifestations depuis octobre, lorsqu'un poissonnier est mort broyé dans la benne d'un camion à ordure au moment où il voulait s'opposer à la destruction de sa marchandise saisie par la police.

Qui est Nasser Zefzafi?

Homme de 39 ans au chômage, Nasser Zefzafi est passé d’un « simple militant sur les réseaux sociaux » à un manifestant qui descend dans la rue, après la mort du poissonnier en octobre 2016.

Ça a été comme un déclic pour moi. J'étais militant virtuel sur Internet [et] j'ai décidé d'aller manifester dans les rues.

Nasser Zefzafi accuse notamment le gouvernement marocain d’être corrompu.

Il dénonce également le peu d’action entrepris par l’État pour aider financièrement la région du Rif. « Nous posons une simple question, essentielle : ‘‘Pourquoi l'État laisse[-t-il] le Rif enclavé et sous-développé?’’ », a-t-il tenté de résumer.

Le militant à la tête du « hirak » est très apprécié des jeunes, mais est « loin de faire l'unanimité, et est très critiqué par l'élite locale pour ses outrances », selon un militant associatif.

Il est notamment critiqué pour ses surenchères, ses injures ou son refus de négocier.

Mouvement dans d'autres villes

Des marches ont été signifiées dans d'autres régions du Maroc, à Imzouren et à Beni Bouyaach, mais il est difficile pour l'instant d'en qualifier l'ampleur.

D'autres manifestants ont aussi organisé des sit-in de « solidarité » dans les villes de Tanger, Nador, Rabat et Casablanca.

Peu de politiciens ont commenté le mouvement de contestation qui a lieu dans le pays.

Trois partis se sont toutefois dits alarmés de la « situation grave », dans un communiqué commun, et ont condamné « l'approche sécuritaire de l'État ».

Un petit parti de la majorité, le Mouvement populaire, a également dit appuyer les demandes du « hirak », mais a fait part de ses craintes quant aux risques « d'instrumentalisation ».

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