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Couillard constate « l'échec canadien à reconnaître la nation québécoise », dit Lisée

Couillard constate « l'échec canadien à reconnaître la nation québécoise », dit Lisée

« Philippe Couillard reconnaît aujourd'hui que les Québécois se sentent exilés au sein de leur propre pays », a déclaré le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, en commentant la décision du premier ministre de relancer le débat constitutionnel canadien pour faire reconnaître le Québec comme société distincte.

M. Lisée a félicité Philippe Couillard de reconnaître que l’absence du Québec dans la Constitution canadienne « constituait un réel problème » qui avait un impact négatif sur la province, notamment sur le plan économique.

La position du gouvernement Couillard est énoncée dans un document de près de 200 pages, intitulé Québécois, c'est notre façon d'être Canadiens, qui sera dévoilé en début d'après-midi.

Simplement l’existence de ce document est un constat, le constat de l’échec canadien à reconnaître la nation québécoise. Et, pour une fois, M. Couillard et nous sommes sur le même constat.

« On ne l’avait jamais entendu reconnaître que ça avait un impact massif dans la vie québécoise de ne pas être reconnu », a ajouté M. Lisée au cours d’une conférence de presse à Québec.

Le chef du PQ croit que l’accumulation d’échecs du gouvernement Couillard « dans sa tentative de dialogue avec le gouvernement fédéral et les autres provinces » a conduit le premier ministre vers cette prise de conscience.

M. Lisée a rappelé l’échec du gouvernement québécois dans les dossiers des transferts fédéraux en santé, de l’obtention pour Montréal du siège social de la banque d’infrastructure, de même que son échec à convaincre le gouvernement fédéral d’investir massivement dans Bombardier et à faire nommer rapidement 14 juges à la Cour supérieure pour enrayer les impacts négatifs de l'arrêt Jordan.

« Ces échecs répétés de M. Couillard au sein de la fédération l’ont peut-être conduit à constater qu’il y avait un problème de fond, un problème structurel, a-t-il ajouté. La non-reconnaissance de la nation [québécoise] dans la constitution canadienne lui enlève du pouvoir. »

On va se limiter à le féliciter d’enfin reconnaître l’existence d’un problème de fond qui nuit au Québec, qui nuit à son économie, qui nuit à sa gestion des affaires publiques, qui le retarde et qui l’affaiblit.

Le chef du PQ attend maintenant de connaître les solutions que proposera M. Couillard. « On a hâte de l’entendre sur son calendrier, ses propositions », a-t-il dit.

Un écran de fumée?

Le député de Québec solidaire (QS), Amir Khadir, estime pour sa part que le premier ministre Couillard tente de faire diversion en lançant son projet de discussion sur la Constitution canadienne.

« Personne ne peut reprocher à M. Couillard de vouloir aller vers quelque chose qui, de son point de vue, est positif, parce qu’on ne vous cachera pas qu’il est un peu dans le pétrin après toutes ces révélations qui s’accumulent semaine après semaine », a déclaré M. Khadir en entrevue à la radio de Radio-Canada.

Le député solidaire estime toutefois que si le premier ministre souhaite parler de Constitution canadienne, il doit également parler d’indépendance et d’une éventuelle constitution du Québec. « Quand on parle de constitution, il faut, à notre avis, que tous les éléments soient sur la table », avance M. Khadir. « Il y a une option importante qui est devant le peuple québécois depuis 50 ans, c’est son indépendance, et les Québécois ont le droit d’envisager cette possibilité également ».

L’ennui c’est qu’on a un premier ministre, au Québec, qui est sans doute le plus fédéraliste de tous les fédéralistes qui ont dirigé le Québec, depuis au moins Honoré Mercier [1887-1891] .

« Il est donc difficile de compter sur M. Couillard », estime M. Khadir en précisant que ce dernier provient d’une culture élitiste, ce qui se reflétera sur son projet de constitution. « Chez les libéraux, on pense ces questions-là toujours par le haut, institutionnel », déplore M. Khadir.

Ce dernier estime que le peuple québécois est désormais suffisamment instruit et informé pour participer à la rédaction de sa propre constitution.

C’est au peuple du Québec d’écrire la constitution du Québec, pas à une poignée d’élite aussi bien intentionnés qu’elle soit.

« Ça fait 35 ans qu’on se demande ce qu’il faut faire », avance M. Khadir. « Remettons le destin du peuple entre les mains du peuple. Une constituante. Ça se fait à l’époque moderne. Ça s’est fait tout récemment en Europe. Ça s’est fait en Islande. Il est temps que ce soit les gens qui décident de la constitution, de l’avenir politique du Québec. »

M. Khadir croit que les gens s’intéresseront au dossier constitutionnel si on les implique dans le processus. C’est pour cette raison que QS propose de tenir une assemblée constituante afin de rédiger une constitution pour l’ensemble du Québec. M. Khadir estime que la population sera emballée de participer à la redéfinition des pouvoirs au sein de la société afin de changer les rapports avec les banques, les pétrolières, les autres nations, de même que pour se développer des politiques en matière de justice sociale et d’environnement.

« Québécois, c'est notre façon d'être Canadiens »

Après l’avoir évoqué il y a quatre ans, soit en 2013, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, tente de relancer les négociations constitutionnelles entre le Québec et le Canada.

Dans un document de 200 pages intitulé Québécois, c'est notre façon d'être Canadiens qui constitue sa politique d’affirmation du Québec, Philippe Couillard vise la reconnaissance de la nation québécoise au sein de la fédération et celle de son statut distinct en vue d’une éventuelle adhésion à la Loi constitutionnelle de 1982. Une loi que le Québec, alors dirigé par René-Lévesque, avait refusé de signer.

Philippe Couillard entend profiter de la prochaine année pour faire valoir ses idées auprès des autres gouvernements provinciaux, d’un océan à l’autre, dans un esprit qui se veut pédagogique, sans pression et sans échéancier, afin de créer les conditions favorables à la reprise d'éventuelles négociations constitutionnelles.

Philippe Couillard promet cependant de ne pas faire de compromis sur les revendications historiques du Québec.

Dans son document, il fait siennes les cinq conditions préalables fixées par le gouvernement de Robert Bourassa en 1986 pour une intégration du Québec à la loi constitutionnelle canadienne.

  • Reconnaissance du Québec comme société distincte;
  • Limites au pouvoir fédéral de dépenser;
  • Garantie d'une représentation québécoise à la Cour suprême;
  • Droit de veto sur les modifications constitutionnelles;
  • Pouvoirs accrus en matière d'immigration.

Une oeuvre politique, qui, une fois complétée, peut-on lire, ferait en sorte « que les Québécois ne se sentiraient plus exilés au sein de leur propre pays ».

Le président du Conseil du Trésor et ministre responsable de l’Administration gouvernementale et de la Révision permanente des programmes, Pierre Moreau, a indiqué qu’il était important que le gouvernement se positionne dans le dossier constitutionnel.

Je pense qu’il est important que les Québécois sachent le détail de la position constitutionnelle du gouvernement.

« On est un gouvernement qui est résolument fédéraliste. On pense que la fédération canadienne est un système en évolution constante, on l’a démontré avec des modifications notamment sur la question du fédéralisme asymétrique. »

« On n'ouvre pas la Constitution » - Justin Trudeau

À son arrivée au parlement à Ottawa, le premier ministre Justin Trudeau a été sans appel : « Vous connaissez mon opinion sur la Constitution, on n'ouvre pas la Constitution ».

Sa position est en fait conforme à celle développée en décembre 2015, lors d’un long entretien de fin d’année, accordé à La Presse canadienne.

« Quel est le problème concret qu’on ne peut pas résoudre sans rouvrir la Constitution? », s’était-il alors questionné, concluant qu’aucune raison ne justifierait de rouvrir la Constitution canadienne — pas même pour y inclure le Québec.

« Ouvrir et changer la structure de notre gouvernance sans avoir de problème insoluble à régler serait, comme nous l’avons vu dans le passé, des efforts laborieux qui consumeraient beaucoup du dialogue fédéral-provincial à un moment où, bien honnêtement, je préférerais parler de changements climatiques, de création d’emplois, de formation, de santé », avait-il insisté, à l’époque.

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