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Plongé dans un coma : les proches de Whittom ébranlés

Plongé dans un coma : les proches de Whittom ébranlés

François Duguay s'accroche à l'espoir, même si les bonnes nouvelles se font toujours attendre. Le boxeur David Whittom, qu'il entraîne, est toujours plongé dans le coma dans un hôpital de Saint-Jean au Nouveau-Brunswick, après avoir été mis K.-O. lors d'un combat pour un titre canadien, samedi, à Fredericton.

Un texte de Jean-Philippe Martin

Le pugiliste de 38 ans doit passer un test d'imagerie médicale mardi matin. Son cerveau est encore trop enflé pour qu'on puisse évaluer les dommages.

« Sa condition est stable. Les signes vitaux bons, mais il n'y toujours pas d'activité neurologique. On parle de dommages au cerveau qui seraient irréversibles. Il faut toujours garder espoir. »

François Duguay a revu plusieurs fois les images des derniers instants du combat. Selon lui, tout se déroulait comme prévu. David Whittom suivait le plan de match. Il écoutait bien les consignes du coin. Il était en avance, à un round de remporter le titre canadien des poids lourds-légers croit son entraîneur.

François Dugay dit ne pas en vouloir à l'officiel dans le ring d'avoir relancé le combat aussi rapidement, alors que Whittom n'avait visiblement pas les facultés pour se défendre.

« On n'a pas eu le temps de réagir, de voir ses yeux, de voir ses jambes, comment qu'il réagissait. Si j'avais eu la chance de le voir dans un compte de huit, où l'arbitre lui demande de lever ses mains, de marcher trois pas, on aurait vu sa condition, mais on n'a pas eu la chance de voir. Il est retourné les mains basses. On n'a pas de bouton rewind, l'arbitre a fait son travail, ça s'est fait très vite, une décision que tu prends sur une fraction de seconde. »

Martel-Bahoeli sous le choc

Éric Martel-Bahoeli est attristé d'apprendre que son ami se trouve dans un état critique.

« On a commencé à boxer en même temps, ou presque, vers l'âge de 17 ans dans le sous-sol du bar Orsainville au club de boxe Le Cogneur. On était entraîné par Andy Mallette. On a traversé tellement d'affaires ensemble, autant dans la vie personnelle que dans le sport. Ça me jette par terre de savoir ça. »

Martel-Bahoeli ne peut s'empêcher de penser aux proches de David, qui aussi père de famille. Il pense aussi aux risques associés à la pratique de la boxe professionnelle. Cet évènement tragique lui rappelle que les dangers sont bien réels.

« C'est vrai qu'on oublie. Et même souvent, on n'écoute pas notre corps. On se dit: “Un petit mal de tête après le combat, ce n'est pas grave, ça fait partie de la game.” Des fois, ça arrive en Angleterre ou ailleurs, mais là, ça arrive à un ami. Ça porte à réfléchir », explique celui qui s'entraîne aussi sous la gouverne de François Duguay.

Le dernier combat... de trop

Même s'il croyait qu'il était bien préparé pour le combat et qu'il l'appuyait pleinement dans sa quête d'un championnat canadien, François Duguay aurait aimé que David Whittom se retire de la boxe professionnelle bien avant ce combat fatidique.

« David, on s'est battu avec lui pendant cinq ans pour lui dire que c'était assez, mais c'était toujours un de plus, un de plus, raconte-t-il en lançant à un message à Éric Martel-Bahoeli. Ça fait une couple de combats que j'en parle aussi à Éric. J'espère que ça va lui avoir fait un wake up call »

Martel-Bahoeli a été mis K.-O. lors de son dernier combat en février. En quittant le ring où il était étendu quelques minutes plus tôt, il avait annoncé sa retraite. Mais depuis, il s'est ravisé et travaille actuellement sur un projet de combat en Côte d'Ivoire, au mois d'août.

« Ma mère m'a texté, raconte Martel-Bahoeli. Elle connaît bien David. Elle m'a dit que c'était un signe de la vie. François (Duguay) aussi m'a dit: “Je veux jamais que tu vives ça. Je pense que c'est assez!” C'est sûr qu'on étire ça un peu. On ne fait pas des millions avec ça. Est-ce que ça vaut la peine de mettre sa santé en jeu? Lui, il est allé faire un dix rounds. Je ne connais pas la bourse, mais c'est très loin d'être des millions. »

Pourtant, malgré l'insistance de ses proches, Martel-Bahoeli croit qu'il peut encore monter dans le ring pour un ou deux autres combats sans risquer sa vie. La passion de boxer est plus forte que tout.

« Pour des gens, c'est juste de manger des coups de poing, mais c'est pas ça. C'est l'effervescence! La semaine avant le combat, aller jusqu'au ring, l'énergie des gens qui sont sur le bord du ring et qui t'encouragent. De relever le défi, qu'on gagne le combat ou non. On a besoin de ça. »

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