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Dans quels pays les Canadiens doivent-ils détenir un visa? La réponse en carte

Dans quels pays les Canadiens doivent-ils détenir un visa? La réponse en carte

Douze millions de touristes canadiens ont franchi les frontières l'an dernier, selon Statistique Canada. Et leur terrain de jeu s'agrandit sans cesse. Mais des dizaines de pays leur imposent un visa comme règle du jeu. État des lieux.

Un texte de Sophie-Hélène Lebeuf

Les Canadiens peuvent parcourir la moitié de la planète sans visa.

Le pays se classe au 14e rang du palmarès des États les moins touchés par les restrictions de visa établies par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT).

Lorsqu’ils sont obligatoires, les visas peuvent être accordés pour des séjours de deux semaines, ou plus souvent de 30, 60 ou 90 jours, selon les pays, et peuvent parfois être prolongés. La complexité et le coût des démarches varient eux aussi.

Cartes des pays où les touristes canadiens doivent obtenir un visa

Sources : IATA, voyages.gc.ca, ambassades à Ottawa

Remise en plein vol, la carte de visite pour Cuba, dont le coût est inclus dans le forfait ou le billet d'avion, est surtout « une tracasserie administrative », tranche Paul Arsenault, titulaire de la Chaire de tourisme Transat de l'École de la gestion de l'Université du Québec à Montréal.

« On vous demande simplement d’indiquer votre numéro de passeport, l’hôtel où vous allez rester et votre date de sortie », précise-t-il.

L’Australie se contente d’une autorisation de voyage électronique, sans frais. C’est simplement pour Canberra « une façon d’avoir à l’avance les informations sur les voyageurs », explique Nathalie Gauthier, directrice générale pour l’Amérique du Nord de l’agence Expéditions Monde.

Adoptée entre autres par le Cambodge et la Turquie, la tendance des visas électroniques – eVisas – est en croissance, observe-t-elle. L’Inde l’offre aux visiteurs qui arriveront par les aéroports internationaux.

« Parfois, les voyageurs pourront s’enregistrer d’avance et payer sur place », spécifie la voyagiste.

Dans certains cas, notamment pour le Kenya et la Tanzanie, il est aussi possible d’obtenir son visa à l’aéroport de destination, ajoute-t-elle. Mais il faut avoir en main certains documents, et il reste préférable d'avoir le visa avant le départ, nuance-t-elle.

Dans son portail consacré au tourisme, le gouvernement canadien évoque d’ailleurs de « longs délais » ou de possibles « complications » pour plusieurs de ces visas accordés à l’arrivée.

Un processus parfois fastidieux

Les voyageurs peuvent généralement recevoir leur visa en une semaine, indique Nathalie Gauthier. Mais le processus, plus complexe pour des pays comme le Vietnam, le Népal et la Russie, peut prendre deux ou trois semaines.

Il faut entre autres remettre son passeport à l’ambassade par la poste ou en personne.

Pour un voyageur qui recourt à cette procédure et qui visitera plusieurs pays, la logistique est plus contraignante, signale Mme Gauthier. Il faut chaque fois attendre de récupérer son passeport avant de faire la demande suivante.

Quand des voyageurs veulent faire la route de la soie, ils ne réservent pas à la dernière minute. Ils se préparent des semaines, voire des mois à l’avance.

Certains États, particulièrement en Asie centrale, demandent même de préciser l’itinéraire et les modalités d’hébergement, documents à l’appui, en plus de fournir une copie du billet d’avion aller-retour, ajoute Mme Gauthier. C’est le cas de la Chine.

Paul Arsenault note cependant une certaine ouverture de la part de Pékin. On peut désormais séjourner sans visa pendant 72 heures dans certaines villes, dont la capitale, si on fait escale entre deux vols internationaux.

D’autres pays, comme le Bhoutan, la Jordanie ou le Turkménistan, imposent plutôt aux voyagistes d'entreprendre les démarches pour le voyageur, ajoute Nathalie Gauthier.

Un visa coûte en moyenne quelques dizaines de dollars américains, évalue-t-elle. Un tarif qui augmente pour des entrées multiples ou un traitement accéléré de la demande. Des frais pour traiter le dossier peuvent aussi s’ajouter.

Là où on peut se le procurer sur place, le coût peut aussi être plus élevé.

Les destinations qui ne requièrent aucun visa demeurent plus populaires

En 2015, seules 3 des 15 destinations les plus prisées des Canadiens requéraient un visa. Pour deux d’entre elles – Cuba et l’Australie – les formalités sont toutefois simples, et le coût, peu élevé.

Les visas peuvent avoir un certain effet dissuasif, estime M. Arsenault. « La planète est immense, les prix d’avion bougent rapidement et les voyageurs sont de plus en plus impulsifs et impatients », souligne-t-il.

Les voyageurs moins pressés ou qui désirent sortir des sentiers battus ne se laissent pas décourager, fait pour sa part valoir Mme Gauthier. L’Asie semble les attirer particulièrement.

Dans les faits, il est rare qu’un visa soit refusé. « Ce n’est pas une loterie, signale Paul Arsenault. Mais ce sont des frais et des tracasseries administratives supplémentaires. »

Souvent, la destination rebute davantage que le visa. « Il est à peu près impossible de se rendre en Syrie sans mettre sa vie en danger », illustre-t-il.

Il y a plusieurs pays qui exigent un visa où on n’a tout simplement pas le goût d’aller en voyage. Personne ne veut passer ses vacances en Corée du Nord.

Des motifs divers

« Les visas n’ont strictement rien à voir avec la qualité des touristes que nous sommes », souligne Paul Arsenault. L’impératif peut être dicté par une volonté de contrôle des visiteurs sur le territoire.

« Ça a souvent tout à voir avec le danger qu’on représente pour la sécurité nationale, explique le professeur de l’UQAM. Si vous voulez aller en Russie, on va vouloir valider si vous pouvez être un espion à la solde du gouvernement canadien. »

« L’autre risque qu’on veut contourner, c’est la demande d’asile politique ou toute autre forme de demande d’immigration », ajoute-t-il. Une préoccupation minimale dans le cas des visiteurs canadiens.

« Dans certains cas, le visa est plus perçu comme une taxe de voyage pour recueillir des fonds additionnels », ajoute Nathalie Gauthier, évoquant le Nicaragua.

Le jeu des visas se joue souvent à deux, dit aussi Paul Arsenault. L'ambassade du Brésil au Canada cite ainsi la « réciprocité » pour expliquer les visas que le pays impose aux Canadiens.

Des frontières qui rétrécissent

La demande pour les destinations qui exigent un visa est en croissance, constate Nathalie Gauthier.

« Les gens cherchent de plus en plus les expériences authentiques, ils veulent découvrir les autres cultures et ne pas se contenter de voir les pays à l’intérieur d’un autobus comme avant. Ils veulent vivre des expériences enrichissantes », affirme-t-elle.

La bonne nouvelle, c’est que les procédures s’assouplissent. Selon un rapport de l’OMT, une cinquantaine de pays ont « significativement facilité le processus d’obtention de visa » entre 2010 et 2015, optant pour des visas électroniques, des visas à l’arrivée ou abandonnant la procédure.

« D’ici 10 à 15 ans, les visas auront presque tous disparu, prédit Paul Arsenault. Les pays n’ont pas intérêt à limiter les déplacements des personnes, surtout dans des économies de plus en plus interconnectées. »

Invoquant les « questions croissantes de sécurité », le titulaire de la Chaire de tourisme Transat ESG-UQAM croit plutôt que l’autorisation de voyage électronique (AVE) deviendra « la norme à peu près partout ». Notamment employée par le Canada et les États-Unis, celle-ci est refusée aux voyageurs que les services de renseignement voient comme une menace.

« Privilégier l’AVE signifie essentiellement qu’on veut s’assurer qu’il n’y a pas de vilain terroriste, mais qu’on est ouvert à la libre circulation des gens », conclut le professeur de l’UQAM.

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