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Attentat de Manchester: s'attaquer à la jeunesse, le stade ultime du terrorisme

Attentat de Manchester: s'attaquer à la jeunesse, le stade ultime du terrorisme

Il s'agissait peut-être de leur premier concert. Celui où l'on apprend à tenir un briquet allumé (ou plus souvent, désormais, son smartphone) pour accompagner la chanson que l'on attendait avec impatience. Celui où l'on découvre l'énergie folle qui peut se dégager de la performance "en vrai" d'un artiste que l'on vénère et de tout le public.

Certains parents avaient fait le déplacement, d'autres avaient laissé leurs enfants y aller entre eux. Comme pour le concert des Eagles of Death Metal au Bataclan, le beau souvenir est désormais un traumatisme. "Le massacre des innocents", titre le DailyMail. Si les jeunes spectateurs du concert d'Ariana Grande ont eu la chance de ne pas faire partie des 22 victimes décédées, ni de la cinquantaine de blessés, ces enfants, ces pré-adolescents et adolescents venus en masse voir leur idole resteront profondément traumatisés.

"Un acte de terreur supplémentaire"

Ariana Grande est de la même génération que Selena Gomez, Taylor Swift ou encore Demi Lovato. Des jeunes chanteuses américaines sur le devant de la scène depuis leur adolescence et toujours chères au cœur de jeunes et très jeunes. Viser un concert d'Ariana Grande, c'est prendre pour cible la jeunesse, "c'est un acte de terreur supplémentaire", réagit Muriel Salmona, psychiatre et présidente de l'association mémoire traumatique, interrogée par Le HuffPost.

Ce n'est pas la première fois que le terrorisme vise la jeunesse. En septembre 2004, des terroristes tuent 156 enfants dans une école en Tchéchénie. En 2011, Anders Brevik, en Norvège, s'attaque entre autres à un camp de jeunes. 33 adolescents de moins de 18 ans y sont assassinés. En décembre 2014, à Peshawar, au Pakistan, une école est visée par les Talibans, 132 enfants sont tués.

En mars 2012, en France, difficile aussi de ne pas évoquer l'attaque de Mohamed Merah contre une école juive à Toulouse. Myriam Monsonego, 8 ans, Gabriel et Arieh Sandler, 4 et 5 ans y sont morts. Des attentats qui marquent plus profondément les esprits. "En s'attaquant à des enfants, explique Muriel Salmona, on touche au cœur de ce qu'il y a de plus précieux. La mort d'un enfant, ça parle à tout le monde."

Attentat suicide au spectacle d'Ariana Grande à Manchester

En Angleterre, aller à un concert jeune, un rite de passage

Un traumatisme d'autant plus grand qu'il touche cette fois-ci la jeunesse pendant "un moment de joie, de liberté" dans une ville, Manchester, où la culture musicale est centrale. "Manchester et Liverpool sont les deux capitales du rock britannique, de la musique plus généralement. Cette scène, le Manchester Arena, est au cœur de la ville", analyse Ifa Ramialison, spécialiste de la scène musicale du nord de l'Angleterre et enseignante-chercheuse à l'Université de Utrecht aux Pays-Bas, interrogée par Le HuffPost.

Un attentat très symbolique aussi parce qu'il touche à un moment fort de la culture anglaise. "Aller à un concert, dans un festival très jeune, c'est presque un rite de passage en Angleterre", complète Ifa Ramialison. Les conséquences pour ces jeunes seront dramatiques. Ils ne sont pas les seuls.

Un traumatisme pour tous les fans

"Tous les enfants qui aiment beaucoup cette chanteuse peuvent être touchés", prévient Muriel Salmona. "Ariana Grande a énormément d'impact sur la jeunesse. Et elle le sait. Dans sa réaction sur Twitter, on voit une inversion de la responsabilité lorsqu'elle s'excuse alors qu'elle n'y est pour rien. Ce sentiment d'impuissance va être très difficile à gérer".

Pour la chanteuse comme pour toutes les autres victimes, un défi se profile dans les prochains mois, voire les prochaines années: "Il faudra apprendre à réécouter cette musique avec bonheur. Mais pour l'instant, l'heure est à la prise en charge du traumatisme, aux atteintes neurologiques qu'il a provoqué."

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