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Une récession d'ici 2020?

Une récession d'ici 2020?

C'est Claude Béland qui nous dit souvent que le monde capitaliste est drôlement fait alors qu'on intègre et accepte depuis des décennies le fait qu'il y a une récession aux sept ans environ. Faut-il le rappeler, une récession crée du chômage et de l'angoisse pour bien des familles. Pour être bien précis, l'Institut C.D. Howe a calculé que, depuis 1970, il y a une récession aux États-Unis à tous les 6,7 ans en moyenne et à tous les 9,5 ans au Canada.

Une analyse de Gérald Fillion

Alors, à la lumière de ces données économiques historiques, étant donné que le dernier repli remonte à 2009 et que nous sommes en croissance aux États-Unis comme au Canada (si l'on exclut les deux trimestres négatifs de 2015) depuis huit ans, est-ce qu’on doit considérer qu’on est dû pour une petite récession?

Deux études, publiées cette semaine par les économistes de Desjardins et de la Nationale arrivent à la conclusion qu’il est peu probable qu’une récession éclate aux États-Unis et au Canada au cours des 12 prochains mois. La probabilité est de 20 % aux États-Unis, selon les deux institutions; elle est de seulement 3 % au Canada, disent les économistes Matthieu Arseneau et Jocelyn Paquet, de la Nationale.

Cela dit, tout en rappelant que les cycles durent généralement de 6 à 10 ans, Hendrix Vachon, de Desjardins, écrit que « le temps seul n’est pas la meilleure variable pour prévoir les fins de cycle. »

Les crises surgissent de façon « aléatoire » dit-il. « À court terme, il ne semble pas y avoir matière à trop s’inquiéter, affirme Hendrix Vachon. Il pourrait encore s’écouler quelques années avant qu’une nouvelle récession ne frappe les États-Unis et n’entraîne dans son sillage le reste de l’économie mondiale. »

À la Nationale, on souligne que le marché obligataire montre un risque de 5 % de récession aux États-Unis d’ici un an. Mais, le facteur temps fait remonter le risque à 35 %.

95 mois de croissance

À 95 mois de croissance, le cycle économique aux États-Unis est aujourd’hui le troisième plus positif de l’histoire. La meilleure séquence s’est produite de 1991 à 2001, soit 120 mois de croissance du PIB. Si la croissance se poursuit jusqu’en 2019 et 2020 aux États-Unis, la période actuelle aura été la plus longue de toute l’histoire des États-Unis.

Au Canada, c’est la quatrième meilleure séquence de croissance. La plus longue période de croissance au pays s’est déroulée avant la grande crise récente, soit de 1992 à 2008, une séquence totalisant 198 mois.

Cela dit, Hendrix Vachon rappelle que la crise a été brutale de 2007 à 2009, ce qui fait que la croissance depuis la dernière récession chez nos voisins américains s’est limitée à 17 % contre 54 % de 1961 à 1969 et 43 % de 1991 à 2001.

Malgré cela et « même si plusieurs économies avancées cumulent une plus courte période de croissance, écrit Hendrix Vachon, cela ne les protège pas nécessairement d’un nouveau choc, en particulier si l’économie américaine trébuchait. [...] L’économie américaine peut assez bien résister aux chocs provenant d’autres pays, mais à l’opposé, plusieurs pays connaissent des difficultés lorsque le cycle américain s’arrête. »

Les États-Unis, c’est 16 % du PIB mondial. La consommation des ménages américains, c’est 20 % des dépenses de consommation sur la planète. La bonne nouvelle, selon Desjardins, c’est que la situation des ménages est saine de façon générale aux États-Unis. Toutefois, attention à la hausse à venir des taux d’intérêt.

L’un des risques importants, c’est Donald Trump. La stimulation de l’économie qu’il promet ne sera que temporaire, écrit Desjardins. Cette stimulation pourrait entraîner une surchauffe, faisant bondir les salaires et l’inflation, ce qui obligerait la Réserve fédérale à augmenter plus rapidement ses taux d’intérêt. Les politiques de Donald Trump vont également alourdir la dette publique.

« Nous incorporons depuis un certain temps déjà une fin de cycle aux États-Unis dans nos prévisions de moyen terme, écrit Hendrix Vachon. [...] À l’horizon de 2020, le problème de l’endettement public risque de prendre de l’ampleur en raison de l’augmentation prévue des taux d’intérêt. Un essoufflement de l’économie est aussi prévu après que l’effet des mesures stimulatrices, qui devraient être appliquées aux États-Unis, se sera estompé. Nous ne pouvons pas non plus écarter la possibilité d’un plus grand protectionnisme américain. »

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