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Guy Boucher, à six victoires de faire école

Guy Boucher, à six victoires de faire école

En marquant quatre buts en première période, mercredi soir, les Sénateurs ont un peu secoué les puces de ceux qui leur reprochent de jouer du « hockey plate ». Un peu. Parce que le système mis en place par l'entraîneur Guy Boucher à Ottawa continue d'en faire soupirer certains.

Mais les spécialistes, les amateurs et les Sénateurs eux-mêmes s’entendent : c’est du hockey de nécessité que Boucher et ses joueurs pratiquent, un système bâti pour eux, en fonction de leurs habiletés. Du sur mesure.

Un meneur

« C’est notre leader », résume Derick Brassard en parlant de Guy Boucher, sans réaliser vraiment qu’il vient d’envoyer un jab aux trois quarts des entraîneurs de la Ligue nationale.

Erik Karlsson pourrait être vu comme le meneur de cette équipe, comme Crosby est celui des Penguins, McDavid celui des Oilers, etc. Mais non. Le meneur à Ottawa, c’est le coach, c’est Guy Boucher. Et pas besoin de rouler des mécaniques, de jouer des bras, pour devenir le patron quand on a trouvé le moyen d’être le meneur.

Une équipe

Le premier défi de Boucher quand les Sénateurs l’ont embauché, a été d’en faire une équipe.

« À son arrivée, il nous a tous parlé et nous a tous écoutés », d’expliquer Chris Wideman en ajoutant qu’il le fait encore. Pour Wideman, une telle démarche avait quelque chose de flatteur, de très motivant. Il connaît son statut au sein de l’équipe. Ce ne sont pas tous les entraîneurs qui communiquent autant avec leur sixième défenseur. Encore mercredi, il a été l’arrière le moins utilisé par Boucher.

Jeudi matin, pourtant, Wideman est sorti rencontrer la presse avec un sourire grand comme ça. Il n’est plus un sixième défenseur, il est un coéquipier.

« Nous formons une unité, ajoute Bobby Ryan. On croit tous au gars qui est à côté de nous. »

Comme Wideman, il affirme n’avoir jamais fait partie d’une formation aussi soudée dans laquelle chacun connaît, comprend, et apprécie son rôle.

Rien que des mots…

Je suis dans le métier depuis assez longtemps pour avoir entendu toutes les banalités possibles au sujet du concept d’équipe. Dans la bouche de certains, ce ne sont souvent que des mots.

J’ai croisé des douzaines d’équipes de hockey, de baseball, de football, de water-polo, de nage synchronisée, alouette.

Tous et toutes ont à la bouche le mot « équipe ». Ont-ils le choix?

Mais il y a ceux qui répètent un texte appris par cœur; ceux qui regardent ailleurs quand ils te parlent de l’équipe; il y a ceux qui y croient et ceux, plus rares, qui le vivent et le démontrent. Les Sénateurs sont de cette dernière catégorie. Une vingtaine de gars convaincus jusqu’à la moelle qu’ils seraient moins bons sans les autres. C’est exceptionnel.

« Le crédit va à Guy. C’est lui qui a bâti tout ça » nous dit Brassard.

Panique

Les Sénateurs étaient une équipe fragile quand Boucher les a pris en main. La gestion des émotions était un grave problème.

L’entraîneur se souvient : « On paniquait. On écopait d’une pénalité? Panique. On accordait un but? Panique. On était victime d’une mauvaise décision de l’arbitre? Panique. »

Comment s’y est-il pris pour renverser la situation? Après tout, ce n’est pas technique, il n’y a pas d’entraînement pour ça. « Tu te trompes, m’a-t-il dit, ça ne vient pas naturellement. Il a fallu du temps. Il a fallu apprendre à considérer l’adversité non pas comme une menace, mais comme une occasion et même une opportunité ».

De l’extérieur, on imagine mal le processus. De l’intérieur, ça a fonctionné « C’est pas pour rien que j’ai fait une maîtrise » d’ajouter Boucher, sourire en coin, en faisant référence à sa thèse en psychologie.

À six victoires

Les petits, les humbles, les « ennuyants » Sénateurs ne sont plus qu’à deux victoires d’éliminer les champions en titre et à six victoires d’écrire l’histoire.

« Disons qu’au début de l’année, je n’aurais pas parié ma maison là-dessus » concède Wideman en retenant un sourire.

Et Guy Boucher, lui, est à six victoires de faire école et de démontrer que la Coupe est à la portée de quiconque y croit, y met les efforts, les sacrifices et accepte de former un tout.

S’il fallait que les Sénateurs aillent jusqu’au bout, ou même s’ils se contentaient d’atteindre la finale, il y a, j’en suis convaincu, plusieurs directeurs généraux à travers la ligue qui jetteraient un regard en coin à leur entraîneur en se demandant comment ça se fait que lui, n’y arrive pas.

Prolongation

Je change de sujet en terminant, mais un amateur m’a fait sourire avant le 3e match. Quand je lui ai demandé si ça le dérangeait, lui, le hockey moins spectaculaire de ses Sénateurs, il m’a répondu : « Les Oilers sont spectaculaires, hein? Ben, y sont où les Oilers? »

Amen

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