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Étudier aux États-Unis ou au Canada? Pour un hockeyeur, la différence est énorme

Étudier aux États-Unis ou au Canada? Pour un hockeyeur, la différence est énorme

BILLET - Lorsqu'un hockeyeur américain décide de poursuivre ses études universitaires et de jouer dans la NCAA avant de faire le saut chez les professionnels, c'est très bien vu par les décideurs de la LNH. Mais au Canada, lorsqu'un hockeyeur opte pour les études et décide de se joindre à une formation du championnat U Sports, il disparaît en quelque sorte de la carte. Double standard?

Un texte de Martin Leclerc

André Ruel est un agent québécois réputé qui fait partie de l'équipe de Pat Brisson au sein de la prestigieuses agence Creative Artists Agency. Récemment, lors d'une conversation à bâtons rompus, Ruel me racontait à quel point il est difficile de tomber sur une oreille attentive (du côté des dirigeants d'équipes de la LNH) lorsqu'on prononce le nom d'un joueur qui porte les couleurs d'une équipe universitaire canadienne.

« Les dirigeants des équipes connaissent généralement peu le hockey universitaire canadien. Et à leurs yeux, le calibre du hockey qui se joue dans nos universités ne se compare pas à ce qui se fait dans la NCAA », expliquait Ruel.

Ce dernier représente notamment le gardien Étienne Marcoux, un ancien de l'Armada de Blainville-Boisbriand qui vient de remporter deux championnats nationaux consécutifs avec l'Université du Nouveau-Brunswick (UNB).

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L'histoire d'Étienne Marcoux est intéressante.

Après avoir connu un excellent passage chez les juniors (sa moyenne d'efficacité de ,904 en carrière figure parmi les meilleures de l'histoire de la LHJMQ), Marcoux a signé un contrat professionnel d'un an avec l'organisation des Ducks d'Anaheim. Mais après seulement neuf matchs dans la Premier AA Hockey League (ECHL), des blessures récurrentes aux épaules l'ont forcé à passer sous le bistouri.

« L'entraîneur de l'UNB m'a téléphoné durant ma longue convalescence. Je n'avais que 21 ans, et j'avais besoin de seulement deux années pour obtenir mon diplôme en administration. Je me suis dit que ça valait le coup, que le niveau de jeu était élevé au niveau universitaire et que ça allait être positif », explique le jeune gardien, qui obtiendra son diplôme cet été.

Outre les deux championnats nationaux qu'il a remportés à UNB, Étienne Marcoux a effectivement vécu plusieurs expériences positives sur la patinoire.

Par exemple, au début de la saison 2015-2016, son équipe a disputé un match préparatoire contre les Pirates de Portland, une équipe de la Ligue américaine qui est le club-école des Panthers de la Floride. Et à la surprise générale, ce sont les étudiants qui l'ont emporté par la marque de 5 à 3!

« Nous étions vraiment surpris de pouvoir tenir notre bout contre Portland. C'était leur dernier match préparatoire avant d'entreprendre leur saison et nous avions été capables de leur livrer un bon match », raconte Marcoux, encore incrédule.

Cette année-là, UNB avait aussi vaincu deux bonnes équipes de la NCAA: Boston College (un pointage de 5-2) et l'Université du Maine, au compte de 5 à 1. Toujours en 2015-2016, les V-Reds de UNB avaient par ailleurs livré un match nul de 3-3 contre Harvard et subi une défaite de 3 à 2 contre l'Université du Massachusetts-Lowell.

« Cette année, nous avons subi deux défaites dans nos matchs contre les équipes de la NCAA (5-3 contre Merrimack et 3-1 contre New Hampshire) mais le fait demeure. Quand on affronte les équipes américaines, ce sont de très bons matchs de hockey », fait-il valoir.

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D'un point de vue individuel, Étienne Marcoux a remporté 31 victoires en 32 départs durant son passage à UNB. Cette année, il a présenté la meilleure moyenne de buts alloués au pays (1,59) en plus de dominer la plupart des catégories statistiques au sein de la conférence regroupant les universités des Maritimes.

« Je viens probablement de connaître les deux meilleures saisons de ma vie. Je suis nettement meilleur qu'à 21 ans quand j'avais signé un contrat avec Anaheim. Mais mon agent me dit que lorsqu'il discute avec les organisations de la LNH, mes résultats universitaires ne signifient pas grand-chose. Les décideurs se fient davantage à ce que j'ai fait dans la LHJMQ parce qu'à leurs yeux, je suis en quelque sorte sorti de la circulation au cours des deux dernières années », constate Marcoux.

Avouons que c'est un peu hallucinant.

Au cours des deux derniers mois, depuis la fin de la saison de hockey universitaire, près de 140 joueurs de la NCAA ont signé des contrats avec des organisations de la LNH. Certains avaient déjà été repêchés, mais plusieurs dizaines d'entre eux étaient des joueurs autonomes qui n'avaient jamais attiré l'attention des professionnels avant de terminer leurs études.

D'ailleurs, selon College Hockey Inc., 85 anciens joueurs de la NCAA ont joué dans la LNH cette année alors qu'ils n'avaient jamais été repêchés.

Pendant ce temps au Canada, encore cette année, seulement une poignée de joueurs universitaires ont trouvé preneur. Le Canadien a accordé un contrat de la Ligue américaine à l'un de ces oiseaux rares, l'attaquant Guillaume Asselin, des Patriotes de l'UQTR.

Malgré tout, Étienne Marcoux reste positif et se dit confiant de pouvoir refaire le saut chez les professionnels la saison prochaine. On le lui souhaite de tout coeur.

Mais tout de même, son histoire illustre à quel point les perceptions et le système en place favorisent les hockeyeurs qui se développent du côté américain de la frontière. Pour s'en convaincre, il suffit de se rappeler des avantages dont avait bénéficié l'an dernier le gardien Charlie Lindgren, un espoir américain que le CH avait embauché à titre de joueur autonome.

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