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Bois d'oeuvre : inquiétude et résilience d'une ville frontalière

Bois d'oeuvre : inquiétude et résilience d'une ville frontalière

Trois semaines après le début d'un nouveau conflit sur le bois d'oeuvre, l'inquiétude se fait sentir dans les régions où le secteur forestier est bien implanté. C'est particulièrement le cas à Saint-Pamphile, une municipalité de Chaudière-Appalaches située à quelques kilomètres de la frontière américaine, où la forêt est le centre de l'économie.

Un texte de Raphaël Bouvier-Auclair

Avant même d’entrer à Saint-Pamphile, on a déjà un portrait de son économie.

Au bord de la principale route qui mène à cette municipalité frontalière, on aperçoit une très grande affiche annonçant le Festival du bûcheux. Compétitions de sciage, lancer de la hache : l’événement qui se déroule chaque mois d’août est un hommage à l’industrie forestière, qui emploie des centaines de personnes dans la région.

Ici, la récente imposition par l'administration Trump d’une taxe sur les exportations canadiennes soulève donc de nombreuses inquiétudes.

Dans le passé, l’entreprise Maibec, comme les autres situées près de la frontière canado-américaine, a eu de la chance. Elle a été exemptée de tarifs pendant les conflits du bois d’oeuvre. La raison? La majorité du bois qu’elle traite vient des forêts américaines à proximité.

Mais cette fois-ci, pas d’exception.

Maibec est soumise à une taxe d'exportation de 20 %. Selon ses dirigeants, l’entreprise a des activités suffisamment variées pour survivre, mais elle sera nécessairement touchée. Ils souhaiteraient évidemment être exemptés et ne pas subir les conséquences du conflit qui oppose Washington et Ottawa.

Pour l'instant, il est pas question de faire perdre des emplois immédiatement. C'est évident que ça va avoir un poids, alors les gens sont nerveux pour leur avenir.

Ce mélange d'inquiétude et de confiance se sent aussi à l'extérieur des locaux des entreprises forestières. « Plus de bois ici, on ferme la paroisse », lance par exemple un retraité de l'industrie du bois croisé dans un bar de la rue principale.

Le bois d’oeuvre contre la gestion de l’offre?

Pour régler ce conflit qui touche plusieurs régions du pays, le candidat à la direction du Parti conservateur Maxime Bernier a formulé une suggestion, celle d'ouvrir les négociations sur la gestion de l'offre.

C'est injuste que les Américains imposent une taxe d'environ 20 % sur le bois d'oeuvre canadien. Si on veut avoir des discussions pour plus de liberté, on doit mettre sur la table la gestion de l'offre.

À Saint-Pamphile, dans la circonscription conservatrice de Montmagny-L'Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, l’idée plaît à certaines personnes. « Je crois que ça a du bon sens », nous dit un autre retraité de l’industrie du bois.

Mais dans la région, d'autres, comme Hervé Dancause, sont loin d’être convaincus. M. Dancause est doublement touché par le protectionnisme américain. Il vend du bois qu’il coupe sur son terrain, mais il est également producteur laitier.

Cet agriculteur qui est devenu membre du Parti conservateur pour s'opposer à la candidature de Maxime Bernier ne croit pas que permettre aux producteurs américains d’avoir un plus grand accès au marché canadien du lait réglera la question du bois.

L'appétit des Américains est insatiable au niveau des gains, au niveau des accès au Canada. Même si on donne la gestion de l'offre, je ne suis pas sûr qu'on va rassasier leur appétit.

Beaucoup d’attentes à l'endroit de la classe politique

Peu importe qui deviendra chef de l'opposition officielle le 27 mai prochain, à Saint-Pamphile, on s'attend à ce que le nouveau chef conservateur multiplie les efforts pour défendre l'industrie forestière.

C'est évident qu'on espère que toute la classe politique va en tenir compte. L'industrie forestière est en région. Cent vingt et une municipalités du Québec ne vivent exclusivement que de l'industrie forestière.

Pour régler ce dossier de libre-échange, la contribution de tous les partis politiques est souhaitée dans cette région.

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