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La présidence française au cinéma

La présidence française au cinéma

La semaine prochaine, la France aura un nouveau président ou une nouvelle présidente. Mais comment ce rôle si important a-t-il été représenté au grand écran?

Le cinéma américain n’a jamais hésité à personnifier la figure du président dans ses films, sous toutes ses formes. Mais alors que la France s’apprête à choisir son nouveau dirigeant, qu’en est-il de sa représentation dans le cinéma français (au-delà du fait qu’elle a toujours eu les traits d’un homme, blanc)?

Les saveurs du palais, de Christian Vincent (2013, offert sur l’EXTRA d’ICI TOU.TV)

L’angle est singulier, mais ô combien français. Car avant d’être président, l’homme qui occupe la plus haute fonction française est aussi un gourmet. Et c’est sur la relation, tendre et singulière, qui unit le chef de l’État à sa cuisinière que se penche ce film sympathique. Mieux encore, c’est en évoquant précisément la relation entre Danièle Delpeuch, cuisinière établie dans le Périgord et amoureuse des produits frais et locaux, et François Mitterrand, qu’il se déploie, comptant sur la présence dynamique de Catherine Frot et celle aristocratique de Jean d’Ormesson. Arcanes du pouvoir et chou farci au saumon : la recette ne vise peut-être pas le trois étoiles, mais elle est alléchante.

1974, une partie de campagne, de Raymond Depardon (2002)

Au départ, c’est une commande que passe, en 1974, le candidat à la présidence Valéry Giscard d’Estaing au jeune documentariste Raymond Depardon, qui n’a encore jamais réalisé de long métrage. Le but? Montrer que, comme les Américains, il est jeune, dynamique et capable d’être cette bête à médias que tous rêvent être. Mais l’homme politique n’avait pas compté sur une chose : l’intelligence et l’acuité du regard du documentariste qui, plutôt que de réaliser le document de propagande demandé, s’inspire de Primary, film de Richard Leacock sur la campagne de John F. Kennedy en 1960 et se sert du cinéma direct (en minimisant les coupes au tournage, donc) pour raconter les coulisses passionnantes, et forcément peu reluisantes, d’une campagne présidentielle. Au final, il faut attendre 2002 pour que Giscard d’Estaing accepte que le film soit enfin diffusé!

Le promeneur du champ de Mars, de Robert Guédiguian (2005)

Après le gourmet, c’est une autre facette de François Mitterrand que le réalisateur marseillais a voulu montrer : celle d’un homme à la fin de sa carrière et de sa vie. Regrets, mélancolie, doutes… tout éloigne le président des pensées sentencieuses et définitives qu’un jeune journaliste (Jalil Lespert) voudrait lui arracher. Adapté du livre du journaliste politique Georges-Marc Benamou, le film tient beaucoup par la composition, toute en non-dits, en secrets inavoués et en prestance quasi royale de Michel Bouquet, dont la puissance toute en finesse du jeu correspond parfaitement à celle du jeu politique que Mitterand n’a, au fond, jamais cessé de jouer.

Le président, d’Henri Verneuil (1961)

Un roman de Georges Simenon. Jean Gabin s’exclamant : « Je n’ai eu qu’une seule maîtresse : la France! » Bernard Blier dans un second rôle truculent, des dialogues cinglants qui font constamment mouche signés Michel Audiard… C’est la fine fleur de la culture française qui se réunit pour évoquer l’histoire d’Émile Beaufort, 73 ans, ex-président retiré en Normandie, en train de rédiger ses mémoires et de se laisser aller au souvenir encore acéré de la trahison de son ancien chef de cabinet que les circonstances pourraient bien mener à la présidence aujourd’hui. L’ancien pétri d’idéaux et de noblesse, le nouveau véreux et corrompu : Verneuil réalise un film politique qui interroge notre rapport à l’éthique tout en flirtant avec une satire aussi ironique que féroce.

La conquête, de Xavier Durringer (2011)

Que se passe-t-il dans la tête d’un homme qui a une chance sur deux d’être élu président? C’est la question que se pose avec une certaine audace cet unique film français à avoir posé son regard sur un président en exercice et qui relate, à sa façon, ce jour d’élection, en mai 2007, dans la tête de Nicolas Sarkozy. Opposant sa vie publique mouvementée à ses errements privés non moins chaotiques, alors que sa femme Cécilia est introuvable, et confiant le rôle à un Denis Podalydès impressionnant de justesse, La conquête opte pour une approche intime et ouvertement sentimentale. Mais qui a dit que les présidents n’étaient pas des hommes comme les autres?

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