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Julien BriseBois, le DG disponible

Julien BriseBois, le DG disponible

SYRACUSE - En ce jeudi matin à Syracuse, 20 hockeyeurs suent à grosses gouttes sous les ordres de Benoît Groulx dans un aréna désert. Presque désert. Un observateur, un seul, regarde attentivement l'entraînement et prend des notes à la veille du quatrième match de la série entre le Crunch et les IceCaps de Saint-Jean (Terre-Neuve-et-Labardor).

Un texte d'Alexandre Gascon

Julien BriseBois est absorbé par sa tâche, mais il lève les yeux pour saluer le représentant des médias et lui accorder une longue entrevue.

L’adjoint au directeur général Steve Yzerman du Lightning de Tampa Bay est aussi le DG de leur filiale de la Ligue américaine (LAH), le Crunch de Syracuse.

Il était dans l’État de New York la veille pour assister à la victoire de son équipe. Et il était aussi présent à Terre-Neuve-et-Labrador pour les deux premiers matchs de la série. En fait, BriseBois suit l’équipe pas à pas, malgré ses nombreuses tâches avec la maison mère en Floride.

« Il est très présent. S’il n’est pas là physiquement, il regarde nos matchs », lance l’entraîneur du Crunch, Benoît Groulx.

Toutes les équipes de la Ligue américaine (LAH) n’ont pas la chance d’avoir un directeur général attitré.

À Montréal par exemple, Marc Bergevin cumule les deux emplois de DG.

Brisebois déploie aussi ses tentacules un peu partout dans l’organisation du Lightning, mais le développement reste son dada.

« J’ai la chance de toucher à tout, mais ce dont je suis le plus fier, c’est de notre programme de développement. C’est mon bébé depuis longtemps. Même de l’époque du Canadien à Hamilton (Bulldogs). J’en ai toujours retiré beaucoup de fierté », se targue BriseBois.

Encensé de toutes parts

Le natif de Greenfield Park au Québec a été formé par le Canadien où il a passé près d’une décennie de 2000 à 2010. Il a fait ses classes avec les Bulldogs de Hamilton, l’ancien club-école du Tricolore, remportant au passage la Coupe Calder en 2007, consécration ultime de cette ligue, avec un certain Carey Price devant le filet.

BriseBois met son nez dans tous les dossiers du Lightning et du Crunch : les contrats, le recrutement, le développement, les embauches, etc.

C’est lui qui a appelé Benoît Groulx, un entraîneur convoité qui en est à un second passage dans le hockey professionnel, après l’élimination des Olympiques de Gatineau l’année dernière. Les deux hommes sont allés passer deux jours à New York avec Yzerman.

Quelques jours plus tard, le contrat était signé et la bonne entente entre les deux hommes prévaut depuis.

« On se parle tous les jours. Ce qu’on a à se dire, on se le dit sans cachette », confie Groulx au terme de l’entraînement de sa bande.

« C’est un gars qui me donne les ressources dont j’ai besoin, je sens son appui à 100 %. Tous les jours, il me demande si j’ai besoin de quelque chose. J’aime beaucoup cette approche. Je suis le genre d'entraîneur qui aime que les choses soient claires, qu’il n’y ait pas trop de zones grises. On sait tous que c’est difficile de ne pas en avoir, il va toujours y en avoir, mais j’ai l’impression qu’il n’y en a pas trop entre nous », ajoute l’entraîneur de 49 ans.

« C’est vraiment un bon DG, renchérit Yanni Gourde, une révélation chez le Lightning cette saison. Il vient souvent nous voir, il s’informe. Il est vraiment impliqué dans le développement de l’équipe et c’est pour ça que la filiale de la Ligue américaine est aussi importante pour le Lightning. »

« À travers la ligue, Tampa Bay est reconnu pour être une équipe qui donne des occasions, peu importe que tu deviennes plus vieux, que tu sois un choix de repêchage de l’état-major actuel ou pas », explique l’ancien Canadien Gabriel Dumont, qui a disputé 39 matchs avec le grand club cette année.

Je me souviens de J-P Côté il y a une couple d’années. Il avait genre 30 ans (31, NDLR), ça faisait peut-être dix ans (huit ans, NDLR) entre ses deux derniers rappels, mais c’est lui qui le méritait. (Le Lightning) n’a pas eu peur de le rappeler. C’est ça qui est intéressant ici.

Encensé par ses joueurs et ses entraîneurs, Julien BriseBois réussit à jongler entre complicité et professionnalisme, sans jamais franchir la mince ligne.

« Il est très avenant, il a une belle personnalité, il est bon avec le monde et en même temps tout le monde sait que c’est lui le patron », assure Benoît Groulx.

« Il fait un travail extraordinaire avec l’équipe ici pour que les joueurs sachent qu’ils ont une chance de jouer en haut et qu’ils sachent quelle est la culture de Tampa Bay. Nous, notre job, c’est de réaliser sa vision », explique le pilote du Crunch.

Le prodige précoce

Quand on parle de Julien BriseBois, les fleurs viennent de partout.

En 2010-2011, le magazine The Hockey News l’a nommé meilleur gestionnaire de 40 ans et moins du hockey professionnel. Chaque fois qu’un directeur général est congédié, son nom fait surface comme remplaçant potentiel.

Il a soufflé 40 bougies en janvier. C’est bien jeune dans ce sport où souvent les mêmes visages ne font que changer d’allégeance au fil du temps.

« J’aimerais ça un jour avoir l’occasion de bâtir mon propre programme, avoue BriseBois lorsqu’on lui demande s’il rêve à un poste de directeur général dans la LNH. Ça fait quand même depuis 2000-2001. J’ai été chanceux de pouvoir commencer très jeune. J’ai un bagage d’expérience probablement plus grand que le monde pense. Ça fait presque 17 ans que je suis dans le milieu. »

Ce n’est pas comme si je me levais en me disant "j’espère que je vais avoir la chance d’être DG bientôt, j’espère que quelqu’un va m’embaucher". En ce moment, je suis très optimiste face à l’avenir du Lightning. La saison prochaine, je pense qu’on va être capables de ramener le train sur les rails et je suis concentré sur ce qui se passe ici, à Syracuse.

« Tous les jours, il y a un nouveau défi. On sollicite le meilleur de moi, ce qui est le fun, ce qui est valorisant. Au quotidien, c’est ça ma vie », ajoute-t-il pour rappeler qu’il est parfaitement heureux sur la côte ouest floridienne et qu’il n’y a pas d’urgence.

Sortir des sentiers battus

La philosophie du jeune dirigeant pour connaître du succès dans le hockey moderne est claire.

« C’est difficile d’acquérir de bons joueurs, peu importe l’avenue. Que ce soit par le repêchage, par les joueurs autonomes sans restrictions ou par transactions. Ils sont peu nombreux et tout le monde en veut. Là où on a plus de contrôle, c’est le développement », soutient BriseBois.

Il a déniché des perles depuis ses débuts. Il a engagé Guy Boucher avec les Bulldogs en 2009, il a mis la main sur Jon Cooper qui dirigeait une obscure formation de Green Bay avant de joindre les rangs du Lightning en 2010 et d’en devenir l’entraîneur-chef en 2013.

Lui et ses sbires ont signé et développé Tyler Johnson, Andrej Sustr, Yanni Gourde et J.T Brown, tous ignorés au repêchage de la LNH. BriseBois les a récupérés pour en faire ultimement des joueurs de la Ligue nationale.

« Il faut avoir une culture où les exigences sont élevées, les standards sont élevés, particulièrement dans la Ligue américaine. C’est là qu’on met en place les assises de ces professionnels qui un jour, on l’espère, vont devenir des joueurs de la Ligue nationale », précise le Québécois.

La qualité de l’environnement est essentielle au développement de ces jeunes, croit-il. Et surtout, l’habitude de gagner. Pour BriseBois, la filiale d’une équipe de la LNH ne sert pas qu’à faire jouer des jeunes en leur prodiguant quelques conseils et attendre qu’ils soient prêts.

Il veut une équipe gagnante à tous les niveaux et à ce titre, il est sur la même longueur d’onde que son patron.

« Je pense sincèrement que j’ai la meilleure job d’assistant DG dans toute la ligue. J’adore travailler avec Steve Yzerman, on a une belle complicité, tant au point de vue professionnel que personnel. »

Bref, BriseBois semble prêt pour la prochaine étape, mais on ne sent poindre aucune urgence.

Et à Tampa Bay, il peut toujours aller travailler en gougounes!

« Seulement le week-end », précise-t-il.

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