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«L'UPAC devrait se demander à quoi servait l'argent», dit un ex-président du PLQ

«L'UPAC devrait se demander à quoi servait l'argent», dit un ex-président du PLQ

Robert Benoît, un ancien président du Parti libéral du Québec (PLQ), soutient que la culture de financement au sein de la formation politique a connu un virage important sous la gouverne de Jean Charest. Il argue que ce changement de culture a largement été influencé par la présence de Marc Bibeau, ancien collecteur de fonds du PLQ.

Réagissant aux révélations de TVA et du Journal de Montréal faisant état d'une enquête de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) visant notamment Jean Charest et Marc Bibeau, Robert Benoît se montre catégorique : la culture de financement du PLQ a bel et bien changé après l’arrivée des deux hommes au sein de la formation politique.

« C’était un changement de culture très important. Au Parti [libéral], sous M. [Claude] Ryan, M. [Robert] Bourassa et M. [Daniel] Johnson, il y avait six ou sept commissions, celles des jeunes, des groupes ethniques, de la finance, etc., dont tous les présidents étaient égaux à l’exécutif », a-t-il raconté dans une entrevue accordée à Midi Info.

L’ancien président du PLQ, qui a aussi été député d'Orford de 1989 à 2003, a rappelé que sous tous ces anciens chefs, les activités de financement de la formation politique se limitaient très souvent à « des soupers spaghetti dans des sous-sols d’églises ».

« Et puis, soudainement, on a vu un bonhomme qui arrivait comme nowhere au Parti libéral, qui n’a jamais fait du porte-à-porte auparavant, soudainement dans une position d’autorité avec les députés, avec les ministres », a-t-il expliqué en parlant de Marc Bibeau.

La présence de ce dernier, combinée au style de leadership de Jean Charest, a fini par redéfinir les objectifs de financement du PLQ, croit-il.

«[Marc Bibeau] était en autorité et imposait ses points de vue. Il demandait des choses et tout le monde acquiesçait à ses demandes ou à peu près.» - L'ancien président du Parti libéral du Québec et ancien député d'Orford, Robert Benoît

Marc Bibeau était connu pour ses activités de financement de grande envergure, notamment des déjeuners organisés au Saint-James Club. Au cours d’une de ces rencontres, il a ramassé un demi-million de dollars en un avant-midi.

« Y’avait rien de pas correct là-dedans, on s’est dit que certains avaient le tour pour ramasser de l’argent et ç'a n'a jamais cessé par la suite », a précisé Robert Benoît.

M. Benoît a indiqué avoir lui-même reçu de la pression de la part de Marc Bibeau pour récolter de l’argent s’il voulait être nommé quelque part, après lui avoir dit qu’il ne se représenterait pas aux élections de 2003.

À quoi l'argent servait-il?

L’ancien député d’Orford s’est toutefois toujours demandé pourquoi il y avait une nécessité d’aller chercher autant d’argent lors des activités de financement.

« Un parti politique comme le Parti libéral du Québec n'a jamais eu besoin de ramasser 10 millions de dollars par année. Alors la question que je me pose, ce n'est pas d'où venait l'argent. Je vais laisser l'[Unité permanente anticorruption] trouver ces réponses-là. [Celle] que je me pose c'est : Où allait l'argent? » a-t-il expliqué.

«Est-ce qu’on faisait des sondages avec [l’argent]? Est-ce qu’on embauchait du personnel? Il me semble qu’on a été capable d’opérer un parti avec quelques millions de dollars. Soudainement on se ramasse avec 10 [millions] et on le sait comment ça a été ramassé.» - Robert Benoît

Robert Benoît soutient que le Parti libéral fonctionne actuellement « avec 2 millions ou 2 millions et demi de dollars », comme le Parti québécois. Il avance que l’argent supplémentaire récolté au fil des années aurait pu servir à payer une partie du salaire d’appoint versé à Jean Charest par le PLQ.

L’ancien président a affirmé que le PLQ avait déjà, par le passé, payé certaines des dépenses personnelles de ses chefs.

M. Benoît a notamment évoqué le cas de Robert Bourassa qui disposait d’un compte discrétionnaire d’environ 100 000 $ qu’il utilisait notamment pour acheter des chemises pare-balles et des journaux.

Au vu et au su de tous

Robert Benoit a confié ne pas avoir été surpris par les révélations du Journal de Montréal.

« Moi je n’ai rien appris dans l’article du Journal de Montréal, absolument rien, a-t-il dit. L’histoire qu’ils allaient à New York, c’était au vu et au su de tout le monde. Qui payait... j’ai entendu ça 500 fois à ce jour. »

Robert Benoît assure toutefois qu’il y a un nouveau changement de culture « radical » au Parti libéral amorcé, cette fois, par l’actuel chef, Philippe Couillard.

« Philippe Couillard ramasse finalement un héritage qui est pas très odorant, malheureusement, mais à travers tout ça, je pense que le parti est vraiment sur la bonne lancée, en ce moment, à cet égard-là », a-t-il affirmé.

M. Benoît ne comprend cependant pas pourquoi des documents relatifs à l'enquête de l'UPAC ont été divulgués aux médias. « Moi ce qui me surprend, à titre de simple citoyen, c’est de voir qu’un organisme comme l’UPAC qui devrait être quelque chose de structuré, organisé […] a laissé sortir ces documents-là. »

L’ex-politicien compare cela à un exercice de lynchage. « Ce n’est pas parce qu’on a 1000 accusations ou 1000 soupçons qu’on a une preuve. [Des fuites de ce genre] ce n'est pas bon pour la démocratie », a-t-il martelé.

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