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Un homme noir le corps tatoué d'insultes racistes pour dénoncer la «lepénisation» des esprits

Un homme noir le corps tatoué d'insultes racistes
Le Cran

Sur la place de la République de Paris, ce lundi 24 avril, au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, un homme noir se promène à moitié nu, le torse tatoué d'insultes racistes. "Bamboula" en plein milieu du dos, "negro" sur l'épaule droite, "putain de singe" sur le pectoral gauche...

C'est la nouvelle campagne choc du Conseil représentatif des associations noires (Cran), dirigé par Louis-George Tin. Au téléphone, ce dernier explique:

"Nous avons demandé aux internautes quelles étaient les pires insultes racistes dont ils ont été victimes à cause de leur couleur de peau. Nous avons sélectionné les plus courantes, les plus choquantes, les plus marquantes, pour les écrire sur la peau d'un comédien.

Notre message s'articule en trois points: l'insulte raciste est un délit, elle mène à d'autres délits comme le harcèlement ou l'agression physique et elle laisse dans les mémoires des traces durables, comme des cicatrices sur le corps."

Contre "la lepénisation des esprits"

Manifester place de la République, là où les tags politiques pullulent, prend du sens dans l'entre-deux tours. Louis-George Tin précise: "Depuis des mois, il est prévu que le second tour se fasse avec Marine Le Pen. Nous dénonçons la lepénisation des esprits, qui consiste à banaliser l'insulte raciste".

Le Cran considère que "l'insulte raciste est très présente dans le quotidien, mais la lutte contre le racisme a été l'un des angles morts de la campagne. Pourtant, l'actualité a été marquée par les affaires Adama Traoré et Théo, sans qu'elles servent de base aux politiques".

Comme ceux de Zlatan Ibrahimovic, ces tatouages sont éphémères. En 2015, alors qu'il évoluait encore sous les couleurs du PSG, l'attaquant suédois s'était tatoué le corps temporairement avec cinquante noms de personnes souffrant de la faim. Il avait ainsi manifesté son soutien au Programme alimentaire mondial des Nations unies.

Audrey Pulvar et Harry Roselmack racontent

Louis-George Tin cite le cas d'un enfant de dix ans, d'origine guadeloupéenne, harcelé pendant trois ans par des élèves de son établissement à Veauche dans la Loire, victime d'humiliations racistes, qui a fini tabassé dans la cour de son école, avec 14 jours d'arrêt de travail. "C'est quand l'affaire est devenue médiatique que son cas a été pris au sérieux", soupire le président du Cran.

La campagne du Cran est soutenue par deux personnalités, Audrey Pulvar et Harry Roselmack, qui témoignent dans des vidéos du racisme dont ils ont été victimes. Un autre soutien de poids s'ajoute, celui de Souleymane Sylla, le jeune homme pris à partie par des supporters de Chelsea, qui se mirent à mimer un singe et lui interdirent de monter dans une rame du métro parisien, en février 2015.

Retrouvez le témoignage d'Audrey Pulvar qui raconte avoir été traitée de "noiraude" lorsqu'elle est arrivée à Paris:

Regardez aussi celui d'Harry Roselmack:

L'homme tatoué a distribué des tracts aux passants, sur lesquels était inscrit: "Effacez les traces du racisme en faisant un don sur jeffaceleracisme.fr".

Le Human Billboard rencontre les parisiens pour eveiller les consciences et faire le choix de la fraternité #Presidentielle2017pic.twitter.com/HgcXzY3zIY

— CRAN (@Le_Cran) April 24, 2017

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