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Emmanuel Macron: Peut-on vraiment être «trop jeune» pour être un bon leader? Ce qu'en disent les experts...

Emmanuel Macron: Peut-on vraiment être «trop jeune» pour être un bon leader? Ce qu'en disent les experts...

Le plus gros défaut d'Emmanuel Macron? Aux yeux des Républicains, c'est, à les entendre, son jeune âge et son inexpérience. À 39 ans, le fondateur d'En Marche sera, s'il est élu, le plus jeune président de la Ve République, le premier à être né après mai 68.

Il sera 9 ans plus jeune que Valéry Giscard D'Estaing et 8 ans plus jeune que Barack Obama lorsqu'ils ont été élus à la fonction suprême. Une exception dans le paysage politique d'autant que cette élection est le premier scrutin auquel Emmanuel Macron se présente.

En France, sur le papier, il n'y a pas de contrainte d'âge pour se présenter à l'élection présidentielle, si ce n'est celle d'être majeur. Mais, les électeurs confieront-ils la France à un homme qui n'a pas encore 40 ans et vient tout juste d'éclore sur la scène politique? Peut-on être à la fois légitime et inexpérimenté? Pour faire un bon leader, les ingrédients sont multiples et la recette est truffée de subtilités.

Le leader existe grâce aux autres

"Le leader est une personne que l'on a envie de suivre", résume Gérald Karsenti, professeur affilié à HEC Paris en leadership et auteur de "Leaders du 3ème type" interrogé par Le HuffPost. C'est le ressenti provoqué chez l'autre qui fait de soi un leader et non la conviction intime que l'on en est un.

La logique voudrait que l'expérience et la stature que cela confère soient des éléments constitutifs d'un leader. Et a priori, cela se vérifie. "Statistiquement, plus vous avez de l'expérience, plus vous avez vécu des échecs et des succès, plus vous avez des chances d'être perçu comme un leader", admet Gérald Karsenti avant d'ajouter "mais le fait d'être jeune n'empêche pas d'être un leader. Bill Gates crée Microsoft très jeune, il a toujours été un leader." Un exemple qui en appelle d'autres.

Pour défendre son candidat, le 17 mars dernier, François Bayrou, s'est tourné vers quelques grands hommes qui ont marqué l'histoire, convoquant Alexandre Le Grand, Napoléon Bonaparte, mais aussi des politiques comme John Kennedy, Matteo Renzi et Justin Trudeau. Autant d'exemples où le jeune âge n'a pas été un frein à la conquête du pouvoir.

Et si ces exemples n'étaient plus des exceptions? Très étudiée, la conception du leadership a bien évolué. Le leader d'hier, tourné sur lui-même, seul à la barre et tout puissant diffère par certains aspects à celui d'aujourd'hui, plus humain et tourné vers le collectif.

Et si c'était inné?

Un meneur a de nombreuses cordes à son arc, pas forcément en rapport avec l'expérience: "Avoir un fort potentiel d'inspiration, donner du sens à ce que l'on fait et à ce que les autres font, être courageux, maîtriser plusieurs formes d'intelligence, construire une équipe et pouvoir prendre des décisions, tout cela fait d'une personne un leader", assure Gérald Karsenti.

Mais si jeune âge et leadership ne sont pas contraires, y aurait-il de l'inné dans l'équation? En partie, oui. En 2013, des chercheurs ont découvert une séquence d'ADN qui pourrait bien être à l'origine de prédispositions naturelles à diriger. Connu sous le nom rs4950, ce gène serait étroitement associé à la capacité d'une personne à endosser des responsabilités managériales.

Mais n'allez pas croire que la seule présence de ce gène suffise à faire de vous un grand leader. Pour le professeur John Antonakis, reconnu pour son travail sur la question, certes, cette séquence d'ADN facilite le développement des qualités essentielles à tout bon dirigeant, "mais le leadership doit toujours être considéré comme une compétence à développer. C'est juste que le gène rs4950 permet de prédire qui aura le plus de chances de développer ces qualités".

Vous êtes jeune, vous n'avez pas la fameuse séquence génétique sus-nommée? Vous y arriverez peut-être quand même en vous y prenant de la bonne façon. "Vous n'êtes jamais trop jeune pour devenir un leader", écrivait une journaliste de Forbes en 2012. Pour cela, conseille-t-elle, s'appuyant sur les conseils de cinq spécialistes de la question, il vous faut voir vos faiblesses comme de possibles atouts. Votre expérience vous empêche d'avoir réponse à tout? Ce n'est pas si mal.

Cultivez votre intelligence émotionnelle

Ne cherchez à vous imposer d'emblée comme quelqu'un d'indispensable et qui aurait des solutions à tous les problèmes. Sachez apprendre de votre environnement, des personnes qui vous entourent et qui sont là depuis bien plus longtemps que vous. Attention en revanche, à ne pas trop vous montrer hésitant non plus. Il s'agit d'un équilibre délicat mais pas impossible à trouver, surtout si, malgré votre jeune âge, vous cultivez une forme bien particulière d'intelligence: l'intelligence émotionnelle.

En 1995, le psychologue américain, Daniel Goleman présente au grand public la découverte d'un neurologue et de deux psychologues réalisée un peu plus tôt: l'intelligence émotionnelle. Une forme d'intelligence tout aussi importante que les autres (la logico-mathématique et la verbale) qui permet de reconnaître, comprendre et gérer les émotions. En étudiant le fonctionnement de 200 grandes entreprises, un point commun l'a frappé entre les dirigeants dont les résultats étaient les meilleurs: ce n'était pas la longueur de leur expérience mais une intelligence émotionnelle très développée.

Intelligence émotionnelle, travail d'équipe, bienveillance, le leader n'est rien sans tous ceux qui l'entourent. "Le leader narcissique, égotique est en passe de disparaître, affirme Gérald Karsenti. Désormais, le leader est plus tourné sur la capacité à savoir faire collaborer, à réussir à faire faire les bonnes actions au bon moment. Le monde est devenu plus complexe, une seule personne ne peut pas avoir toutes les solutions comme par le passé."

Avec de l'expérience ou sans, à 20 ans ou à 50 ans, seul dans sa tour d'ivoire ou très bien entouré, c'est toujours au leader de prendre la décision finale, qu'il s'agisse de l'avenir de la France, d'une entreprise, d'un simple service. À l'inverse du bureau, pour l'élection présidentielle, vous avez au moins le droit de choisir celui qui prendra les (bonnes) décisions.

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