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Un rapport financé par Ottawa suggère des solutions à la crise des médias

Un rapport financé par Ottawa suggère des solutions à la crise des médias
baileyguinness via Getty Images

Le secteur des médias au Canada se trouve à la croisée des chemins dans une situation délicate, et a besoin d'une main tendue s'il veut rétablir son rôle de gardien de la démocratie, affirme l'auteur d'une étude majeure attendue jeudi, et qui doit offrir en quelque sorte une feuille de route.

L'étude du Forum des politiques publiques (FPP), financée en partie par le ministère fédéral du Patrimoine, se penche sur le déclin considérable des activités des journaux d'information au cours des 20 dernières années, et tente de cerner quels impacts peuvent avoir sur l'exercice de la démocratie les pertes de revenus et les mises à pied majeures dans les entreprises médiatiques.

Le rapport est dévoilé alors qu'une nouvelle série de mises à pied vient d'être annoncée chez Postmedia, le plus grand réseau de quotidiens au pays. L'entreprise a donné des avis de mis à pied, mardi, à des employés de la "Montreal Gazette", du "Ottawa Citizen" et du "Windsor Star" après que Postmedia eut échoué à atteindre son objectif établi l'automne dernier de réductions de salaire de 20 pour cent.

D'autres grands joueurs du secteur des médias, comme le "Toronto Star" et le "Globe and Mail", ont aussi réduit leur personnel, alors qu'ils sont aux prises avec le déclin des revenus de la publicité imprimée.

Les salles de nouvelles des chaînes de télévision et des stations de radio ne sont pas pour autant à l'abri de la tempête. Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a prévenu l'an dernier que près de la moitié des stations locales de télévision au pays pourraient avoir cessé leurs activités d'ici 2020 s'il n'y a pas d'ici là une augmentation marquée des revenus pour soutenir la programmation d'informations régionales.

Le rapport, rédigé par le journaliste canadien d'expérience Edward Greenspon, président-directeur général du FPP, s'attarderait aussi à l'"émergence de fausses nouvelles", et proposerait des façons d'intervenir par l'entremise de mesures gouvernementales, de lois et de taxes.

La ministre du Patrimoine, Mélanie Joly, avait commandé cette étude dans le cadre d'un examen de la situation d'ensemble des médias au Canada, visant à se pencher particulièrement sur l'impact du virage numérique. Un comité de la Chambre des communes a aussi mené sa propre étude et devrait en faire rapport au Parlement d'ici le printemps.

Les conclusions de l'étude du FPP indiquent que le secteur des médias d'information est en voie d'atteindre, ou a "peut-être déjà atteint", un "point d'inflexion", selon les termes employés par M. Greenspon.

"Le rapport a pour but de donner un aperçu de l'état des médias, après deux décennies de crise existentielle, ainsi que des suggestions sur les façons d'intervenir", a affirmé l'auteur par communiqué.

"Nous espérons que l'étude stimulera un débat indispensable et la prise des mesures exigées, compte tenu du fait qu'il n'y a jamais de point final", a-t-il aussi fait valoir.

Groupes de discussion

Le rapport, intitulé "Le miroir éclaté: Nouvelles, démocratie et confiance dans l'ère numérique", se base sur des groupes de discussion et des sondages auprès d'adultes canadiens sur la façon dont ils voient la relation entre les nouvelles et la démocratie, leur confiance dans les journalistes et "leur prise de conscience de la perturbation de l'industrie de l'information".

La Presse canadienne a participé aux groupes de discussion et aux recherches.

En avril, Mme Joly a lancé une consultation publique sur les médias et le contenu canadien dans l'univers numérique qui incluait des assemblées populaires à travers le pays.

Une série de suggestions ont émané de ces assemblées, notamment des appels à l'imposition de frais ou de taxes aux joueurs étrangers des médias numériques dans le but d'apporter de l'aide au secteur intérieur.

Néanmoins, d'autres intervenants ont appelé le gouvernement à écarter d'emblée toute aide additionnelle aux médias financée par les contribuables, arguant qu'il était inévitable que les gens se tournent vers de nouvelles plateformes numériques pour demeurer informés.

Le groupe de défense de la liberté sur internet OpenMedia a mis en garde contre ce qu'il a qualifié de taxe internet, mais a demandé au ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, d'envisager l'imposition sans distinction des taxes de vente pour les commerçants étrangers en ligne faisant des affaires au Canada.

Des groupes médiatiques ont souligné que, bien qu'ils tournent de plus en plus leur attention vers les activités en ligne, les revenus de la publicité numérique sont encore bien loin de compenser ceux auparavant générés par la publicité imprimée.

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