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Les futurs enseignants de maternelle 4 ans sont-ils suffisamment formés?

Les futurs enseignants de maternelle 4 ans sont-ils suffisamment formés?
Caiaimage/Robert Daly via Getty Images

La question est de plus en plus pertinente avec la mise sur pied de dizaines de classes de maternelle 4 ans à temps plein par le gouvernement provincial depuis 2013 : les enseignants ont-ils reçu la formation nécessaire pour assumer cette tâche?

Un texte de Marie-France Bélanger

On compte présentement 188 classes de maternelle 4 ans au Québec, en milieu défavorisé, réparties dans 70 commissions scolaires, dont environ la moitié sur le territoire de la Commission scolaire de Montréal (CSDM).

Carolane Sauvé Tétreault, étudiante au programme de baccalauréat en éducation préscolaire et enseignement primaire à l'UQAM, amorcera bientôt un stage dans une telle classe. « J'ai été surprise et contente d'obtenir ce stage-là, entre autres, dit-elle, « parce qu'on en parle un peu moins dans nos cours ». Mais elle se sent tout de même outillée pour faire face à ce nouveau défi.

Frédérique Jean, inscrite au même programme, s'apprête elle aussi à faire un stage en maternelle. Or, elle constate que les cours, consacrés aux enfants de 4 et 5 ans, se font très rares. Elle n'en aura que deux, au total, durant son parcours universitaire. À son avis, il y a lieu de s'interroger sur l'appellation du programme qui devrait plutôt s'appeler « baccalauréat en enseignement primaire, et un peu préscolaire! » lance-t-elle.

Deux ou trois cours seulement

Cette situation n'est pas exclusive à l'UQAM. Selon une recension complète des programmes de baccalauréat en éducation préscolaire et en enseignement primaire offerts dans les universités québécoises francophones, les étudiants ont droit à deux ou trois cours dédiés au préscolaire, essentiellement à la maternelle 5 ans.

Cela représente un grand total de 6 à 19 crédits, sur un programme qui en compte 120. Ces données ont été compilées tout récemment par « l'Équipe de recherche Qualité des contextes éducatifs de la petite enfance », qui réunit des chercheurs de plusieurs universités.

C'est la première fois qu'un tel tour d'horizon des programmes est réalisé, précise Annie Charron, professeure à l'UQAM et membre du groupe de recherche. Son verdict : la formation est insuffisante pour préparer les futures enseignantes de maternelle 4 ans.

« C'est sûr que ça a une incidence sur la qualité. Les recherches le démontrent. Et il y a un monde entre les enfants de 4 ans et ceux de 5 ans » dans leur développement et leur apprentissage, dit-elle. Les cours préscolaires, surtout axés sur les 5 ans, ne donnent donc pas tous les outils aux futures enseignantes.

Son collègue, Gilles Cantin, membre du même groupe de recherche, abonde dans le même sens.

À son avis, il est important de se pencher sur la question dans un contexte de développement des classes de maternelle 4 ans à temps plein par le gouvernement.

«On a déjà dit que les enseignants de la maternelle n'étaient pas assez bien formés. Or, en maternelle 4 ans, c'est encore pire.» - Gilles Cantin

Selon lui, les éducatrices en CPE sont mieux équipées pour s'occuper des enfants de 4 ans que les détentrices d'un baccalauréat en éducation.

Améliorer les programmes

Pour Gilles Cantin, Annie Charron et d'autres experts consultés, il faut bonifier les programmes. Mais cela prendra du temps. « Les programmes, particulièrement en éducation, c'est une grosse machine et c'est difficile à changer », explique Gilles Cantin. Mais à son avis, il y aurait lieu de s'inspirer du modèle finlandais où le préscolaire est une spécialisation.

La Fédération des syndicats de l'enseignement, qui regroupe la majorité des enseignants au Québec, soit 65 000 d'entre eux, est aussi préoccupée. L'organisation se dit d'ailleurs favorable à un enrichissement de la formation des futurs enseignants au préscolaire à travers une bonification des cours et des stages.

De son côté, la Fédération autonome de l'enseignement, qui regroupe entre autres l'Alliance des professeures et professeurs de Montréal, estime que ses membres ont un bagage de compétences et de connaissances leur permettant d'enseigner à tous les niveaux. Cela dit, elle se dit favorable à une révision de la formation des maîtres pour qu'elle soit adaptée à la réalité des classes d'aujourd'hui, notamment celles du préscolaire.

Par ailleurs, tant la santé publique de Montréal, dans un rapport déposé l'an dernier, que le Conseil supérieur de l'éducation, dans un avis publié en 2012, évoquaient tous deux les lacunes en matière de formation des enseignants au niveau préscolaire.

De son côté, la CSDM, la commission scolaire qui compte le plus grand nombre de classes de maternelle 4 ans à temps plein, indique que le ministère de l'Éducation offre plusieurs formations en ligne pour soutenir les enseignants.

C'est le Comité d'agrément des programmes de formation à l'enseignement (CAPFE) qui est chargé d'examiner les programmes, d'approuver les modifications et de faire des recommandations au ministre.

Or, l'organisme, qui relève du ministère de l'Éducation, entreprendra le mois prochain une visite de toutes les universités du Québec. Et l'une des questions posées à chacune des facultés portera justement sur la préparation théorique et pratique des étudiants à l'enseignement au niveau préscolaire.

Il a été impossible de recueillir les commentaires du ministère ou du ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, au moment de la rédaction de cet article.

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