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Autochtones: Québec confirme la tenue d'une enquête publique provinciale

Autochtones: Québec confirme la tenue d'une enquête publique provinciale

Finalement déclenchée, l'enquête publique provinciale sur les relations entre les Autochtones et les services publics est une démarche "propre à inspirer confiance", estime le chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), Ghislain Picard.

La commission d'enquête, qui ne se penchera pas seulement sur les relations entre les Autochtones et les corps policiers, est une nouvelle qui peut être accueillie avec le "sentiment du devoir accompli", a-t-il fait valoir, mercredi à Québec, dans le cadre d'une conférence de presse à laquelle participaient le premier ministre Philippe Couillard, des ministres de son gouvernement et d'autres représentants des Premières Nations.

"Nous sommes disposés à prendre le temps nécessaire et consentir les énergies appropriées pour rétablir une confiance qui n'était plus au rendez-vous", a affirmé M. Picard.

Présidée par le juge à la retraite Jacques Viens, qui a notamment siégé pendant près d'un quart de siècle à la Cour supérieure du Québec à Amos, en Abitibi-Témiscamingue, la commission "Écoute, réconciliation et progrès" ratissera large et se penchera sur les relations entre les Autochtones et les services de protection de la jeunesse, la santé publique, la justice ainsi que les services correctionnels.

Le rapport est attendu d'ici le 30 novembre 2018 _ après les prochaines élections générales. Les Premières Nations souhaitaient initialement un rapport au plus tard le 31 décembre 2017, mais compte tenu du mandat élargi de l'enquête publique, M. Picard a estimé que l'échéancier actuel était approprié.

Après avoir écarté ce scénario pendant des mois, le gouvernement Couillard a changé son fusil d'épaule, disant avoir appris au cours des derniers jours que l'enquête nationale sur les femmes autochtones disparues ou assassinées n'allait pas se pencher sur le cas des événements survenus à Val-d'Or.

Les femmes autochtones de Val-d'Or, de même que les chefs des Premières Nations, n'avaient pas digéré qu'aucun policier ne fasse l'objet d'accusations à la suite des plaintes d'agressions sexuelles déposées par certaines d'entre elles contre des policiers de la Sûreté du Québec (SQ).

"L'enquête pourra s'intéresser à d'autres communautés et régions du Québec, a dit M. Couillard. Elle sera complémentaire à l'enquête nationale. Il n'est toutefois pas question ici de refaire les enquêtes ayant impliqué des membres de corps policiers au cours des dernières semaines."

Audiences publiques et à huis clos

La commission, qui couvrira les 15 dernières années, tiendra des audiences publiques et à huis clos afin de protéger des témoins et certains renseignements personnels, a expliqué la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée.

"Des femmes et des policiers pourront s'exprimer dans un cadre moins strict et proposer des solutions pour rendre de meilleurs services publics aux Autochtones", a-t-elle dit.

De plus, les travaux ne devront pas nuire à des enquêtes actuellement en cours ou à venir, a précisé Mme Vallée. Des informations pourront également être partagées avec la commission d'enquête nationale.

Même si le mandat de l'enquête provinciale est large, M. Picard a souligné qu'il ne fallait pas "perdre de vue" l'élément déclencheur de cette démarche, soit les relations entre les services policiers et les différentes communautés autochtones.

"La commission qui va s'amorcer en début d'année ne devrait pas être un prétexte pour ne pas corriger les situations qui se présentent aujourd'hui", a dit le chef de l'APNQL.

Celui-ci n'a pas manqué de souligner que "80 groupes" avaient joint leur voix pour réclamer la commission d'enquête. S'il a salué la décision du gouvernement Couillard, M. Picard a auparavant tenu à remercier les femmes autochtones, les autres groupes ainsi que les partis de l'opposition pour leur mobilisation.

Le porte-parole du Parti québécois en matière d'affaires autochtones, Alexandre Cloutier, a estimé que la création d'une commission d'enquête québécoise était devenue "inévitable".

"Il faut apaiser les tensions qui existent actuellement entre les communautés qui se côtoient et les corps policiers depuis les événements de Val-d'Or et d'ailleurs", a-t-il affirmé dans un communiqué.

"C'est dommage de constater qu'il aura fallu plus d'un an pour convaincre ce gouvernement de la nécessité de mener une enquête sur cette tragédie, de mettre les moyens qu'il faut pour trouver des solutions. S'il avait été plus prompt dans sa réaction, nous serions beaucoup plus avancés dans le processus."

Du côté de Québec solidaire, la porte-parole sur les questions autochtones, Manon Massé, a salué la mise sur pied de la commission d'enquête, tout en appelant le gouvernement à prendre joindre le geste à la parole.

"Cette commission se doit d'être jointe d'actions concrètes, d'une réelle prise en charge du problème et de la mise en place d'actions pour le contrer. (...) On ne veut pas d'une autre commission dont on tablettera le rapport ou pour laquelle on ne mettra que quelques mesures en place", a-t-elle prévenu dans un communiqué.

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