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Asexualité: une vie sans sexe

Kiana a grandi en essayant d’éviter de penser à son manque d’attirance sexuelle.
Radio-Canada

Depuis toute petite, Kiana s’est toujours sentie un peu différente. À 11 ans, lorsque la plupart des petites filles rêvaient de jouer à la maman et de rencontrer le prince charmant, Kiana savait déjà que ce n’était pas pour elle.

Kiana a grandi en essayant d’éviter de penser à son manque d’attirance sexuelle envers les autres. Au secondaire, elle s’est mise en couple avec un garçon homosexuel, puis elle a eu deux autres relations de couple avec des hommes. Mais sans attirance sexuelle pour eux, c’était un peu compliqué.

« Je ne voulais jamais avoir de sexe, et quand j’en avais, je sentais que c’était mécanique et je n’avais pas envie de le faire, mais je me disais : “Tu devrais avoir envie! C’est ton partenaire!” » - Kiana Jaymes

Comme de nombreuses personnes au Canada, Kiana est asexuelle. Cela veut dire qu’elle n’éprouve pas de désir sexuel pour quiconque.

Le professeur en sciences de la santé à Brock University et auteur du livre Understanding Asexuality, Anthony Bogaert, est un des premiers chercheurs à avoir écrit sur le sujet au pays.

D’après ses estimations, 1 Canadien sur 100 serait possiblement asexuel.

Selon le professeur Bogaert, l’asexualité peut prendre deux formes.

« Il y a ceux qui n’éprouvent aucun désir sexuel, et il y a ceux qui ont une sorte d’intérêt sexuel, mais qui ne connectent pas avec les autres. Dans les deux cas, il y a un manque de désir sexuel pour les autres », explique-t-il.

« Comme pour les autres orientations sexuelles, il y a des preuves qui montrent que les facteurs biologiques, prénataux vont probablement influencer l’attraction sexuelle des gens ou leur manque d’attirance sexuelle pour les autres. » - Anthony Bogaert, auteur de Understanding Asexuality

Pour les groupes de soutien, l’asexualité est considérée comme une orientation sexuelle à part entière. Pourtant, il y a quelques années encore, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) classifiait le manque de désir sexuel comme un problème psychologique. Ce n’est qu’en 2013, après que des groupes de personnes asexuelles eurent fait pression sur les auteurs du livre, que le fameux dictionnaire a retiré cette mention de trouble sexuel.

SORTIR DU PLACARD

À la suite d’un jeu-questionnaire qu’elle a passé sur Internet, Kiana a découvert le mot asexuel et a enfin pu mettre un mot sur son orientation sexuelle. C’est à la suite de cela qu’elle a commencé à sortir du placard en annonçant son asexualité à son entourage.

Si certains de ses amis se sont montrés compréhensifs, d’autres ont été plus blessants à son égard.

« Certains m’ont dit que c’était à cause de mon passé, d’autres m’ont dit que c’était à cause des médicaments que je prenais. [...] Personne n’aurait jamais dit ça à quelqu’un d’homosexuel! » - Kiana Jaymes

Plusieurs organismes LGBTQ au Canada viennent en aide aux personnes asexuelles pour rendre la sortie du placard plus facile.

Depuis 2014, le mouvement Asexual Outreach, basé à Toronto, essaie de faire coopérer ces différents organismes qui viennent en aide aux personnes asexuelles à travers le Canada pour créer un mouvement national et faire connaître le terme asexuel.

« La plupart des gens asexuels n’ont pas accès au mot asexuel. Alors ils peuvent se sentir vraiment cassés et avoir l’impression qu'il y a quelque chose qui cloche avec eux, mais ils ne savent pas ce que c’est. Ils peuvent aussi se sentir très isolés. » - Brian Langevin, directeur général de Asexual Outreach

L’isolement n’est pas inconnu à Kiana. Dans son cas, l’asexualité ne rime pas avec manque d’attirance affective, et cette Winnipégoise aimerait bien rencontrer l’amour à son tour.

« Je suis capable d’aimer. C’est juste que je ne veux pas que ce soit basé [...] sur la sexualité. Et j’aurais envie d’être avec quelqu’un qui me connaît et qui m’accepte comme je suis. »

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