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Québec double son aide aux Autochotones pris au piège des villes (VIDÉO)

Québec double son aide aux Autochotones pris au piège des villes

C'était le 22 octobre 2015 : l'émission Enquête créait la commotion en levant le voile sur les sévices infligés par des policiers à des femmes autochtones de Val-d'Or. Un an plus tard, Québec s'apprête à créer un nouveau programme de soutien pour épauler les organismes qui oeuvrent auprès des Autochtones établis en milieu urbain pour les aider à éviter les pièges que leur tend leur nouvelle vie.

Un texte d'Hugo Lavallée

Abus de pouvoir, intimidation, agressions sexuelles... les témoignages de femmes autochtones victimes de policiers ont mis en lumière les difficultés auxquelles font face les membres des Premières Nations qui quittent le Nord pour s'établir dans les villes.

Un an après que ces tristes événements eurent été mis au jour, Québec s'apprête à doubler les sommes consenties aux Autochtones vivant en milieu urbain. Cinq millions de dollars étaient prévus en cinq ans pour les Autochtones vivant hors communauté dans le cadre du Fonds d'initiatives autochtones. L'ajout d'un nouveau programme permettra de doubler cette somme.

«La composante autochtone de l'itinérance à Montréal augmente, tout comme à Val-d'Or. Souvent les personnes qui arrivent en ville n'ont pas de plan de vie, n'ont pas d'organisation dans leur vie, alors elles ont besoin de soutien.» — Le ministre responsable des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley

Pour mieux soutenir ces personnes et empêcher des prédateurs éventuels d'abuser d'elles, Québec mettra à la disposition des organismes communautaires de nouvelles sommes d'argent. Cinq millions seront consacrés aux organismes offrant des services spécialisés et 3,9 millions à la construction ou à la rénovation d'infrastructures.

Nouvelles places en centre d'hébergement, services de santé spécialisés, accompagnement psychosocial... les organismes qui oeuvrent auprès des Autochtones ont déjà une bonne idée de ce qu'elles feront de cet argent frais.

La directrice de l'organisme Projets autochtones du Québec insiste sur l'importance de prendre en charge rapidement les Autochtones, et particulièrement les femmes, qui migrent de leur communauté d'origine vers les grandes villes.

« Les femmes que nous voyons, souvent, elles quittent des situations d'abus, de violence alors [...] déjà, elles viennent [en ville] un peu brisées. C'est très important de pouvoir travailler rapidement avec ces femmes avant qu'elles tombent dans un cycle d'itinérance où elles deviennent encore plus vulnérables aux dealers de drogue et aux proxénètes », explique Adrienne Campbell.

Si ces nouveaux fonds seront essentiellement destinés aux autochtones qui vivent en milieu urbain, le gouvernement fédéral a, en contrepartie, promis d'investir massivement dans les réserves, même si cet engagement tarde encore à se concrétiser.

Le volet québécois d'une commission d'enquête nationale

Au-delà des nouveaux investissements qu'il met de l'avant, le gouvernement québécois veut aussi s'assurer que la commission d'enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, mise en place par le gouvernement de Justin Trudeau le 3 août dernier, étudiera la situation québécoise.

À la demande du gouvernement fédéral, le gouvernement québécois – à l'instar des autres provinces – a adopté un décret conférant aux commissaires nommés par Ottawa les mêmes pouvoirs que ceux dont jouissent les commissions d'enquête mises en place par Québec, notamment le pouvoir de contraindre à témoigner et le pouvoir d'exiger la production de documents.

Québec a cependant aussi inclus dans le décret qu'il a adopté une référence explicite aux événements de Val-d'Or : « On veut qu'on se penche sur les politiques et les pratiques des corps de police au Québec. On veut également porter une attention particulière sur la situation à Val-d'Or », explique le ministre Kelley.

Bilan mitigé

Un an après les événements de Val-d'Or, les choses bougent enfin un peu, se réjouit la directrice de Projets autochtones du Québec, Adrienne Campbell.

Elle déplore cependant une chose : « Moi je ne trouve pas qu'on devrait attendre ces nouvelles-là pour réagir. On sait c'est quoi les problèmes depuis longtemps. C'est juste dommage que ça prenne ça pour tout d'un coup bâtir plein de programmes et de subventions. On devrait faire de la prévention au lieu de toujours faire de la réaction », conclut-elle.

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