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Mahershala Ali: «Il est important d'avoir un super héros noir comme Luke Cage à la télé» (ENTREVUE)

Luke Cage, un héros important

Après Daredevil et Jessica Jones, un nouveau personnage issu de la galaxie Marvel débarque ce vendredi 30 septembre sur Netflix. Né en 1972 dans les pages d'une bande dessinée, Luke Cage était déjà brièvement apparu au petit écran dans Jessica Jones, où il était présenté comme l'amant de la détective jouée par Krysten Ritter. Cette fois, le super-héros afro-américain à la force surhumaine et à la peau quasi-impénétrable se voit consacré sa propre série.

Dans un Harlem gangréné par la criminalité et la corruption, Luke Cage (campé de nouveau par l'acteur Mike Colter) apparaît comme le seul capable de sauver les habitants du quartier. Débute alors une guerre sans merci entre le super-héros au physique de déménageur et Cornell Stokes alias Cottonmouth, le parrain local qui souhaite asseoir sa domination sur Harlem par tous les moyens nécessaires. Ce dernier est interprété par Mahershala Ali que l'on a pu voir notamment sous les traits du lobbyiste Remy Danton dans la série House of Cards.

Plus qu'un simple vilain

Dans la peau de Cottonmouth, l'acteur se livre à une autre lutte de pouvoir, nettement moins policée que dans les couloirs de la Maison-Blanche. «Cottonmouth a gravi tous les échelons de la criminalité à Harlem. Il contrôle le quartier d'une main de fer, et Luke Cage représente une vraie menace pour ses affaires», a confié Mahershala Ali, en entrevue avec Le Huffington Post Québec. «Mais c'est bien plus qu'un simple vilain. Je voulais aussi montrer que c'était un être humain en qui les gens pouvaient se reconnaître. Je voulais que les gens aient des sentiments contrastés à son égard, qu'on hésite entre prendre parti pour lui et le détester profondément. Le seul moyen d'y arriver, c'était de le rendre aussi humain que possible.»

Au lieu d'avoir une mâchoire bionique, comme le personnage d'origine de Marvel, le Cottonmouth de la série a simplement hérité d'une détermination en acier. Plus proche du commun des mortels, le vilain a également troqué ses habits de pimp des années 70 pour des costumes trois pièces beaucoup plus sobres. «Cheo Hodari Coker (le showrunner de la série) m'a dit qu'il voulait créer une version totalement différente du personnage, a expliqué Mahershala Ali. C'est aussi la raison pour laquelle j'ai préféré ne pas lire les bandes dessinées. Ça ne m'aurait pas vraiment aidé car l'idée était de créer quasiment un nouveau personnage.»

Un homme noir à l'épreuve des balles

Plus généralement, Cheo Hodari Coker a tenu à donner une résonance contemporaine aux aventures de Luke Cage, pour faire écho au mouvement «Black Lives Matter» (les vies noires comptent). On retrouve ainsi dans la série des références aux tensions raciales et aux problèmes de violences policières qui n'en finissent plus de déchirer les États-Unis. «Le monde est prêt pour un homme noir à l'épreuve des balles», a d'ailleurs lancé cet été Cheo Hodari Coker, au moment de venir présenter Luke Cage au Comic Con de San Diego.

«Il est important d'avoir un super-héros noir à la télé», a renchérit, de son côté, Mahershala Ali. «On doit lutter pour qu'il y ait plus de diversité au petit écran comme au grand écran, parce qu'on vit dans un monde où cette diversité existe. Et ce combat doit aussi être mené chez les super-héros où les gens de couleur sont souvent sous-représentés.» Avec Luke Cage, la télé semble avoir pris, de nouveau, une longueur d'avance sur le cinéma, en attendant la sortie de Black Panther programmée pour l'été 2018, qui mettra en vedette un autre super-héros noir de Marvel, incarné par l'acteur Chadwick Boseman.

L'héritage de Shaft

La série de Cheo Hodari Coker revendique également l'influence de la Blaxploitation. Apparu dans les années 70, ce mouvement culturel et social, si chère à Quentin Tarantino, a accouché de films plus ou moins kitschs comme Blacula, Cleopatra Jones ou Coffy la panthère noire de Harlem. La Blaxploitation a surtout permis aux afro-américains de jouer des rôles de premier plan au cinéma dans des genres (les films d'action, les films d'arts martiaux...) où ils étaient souvent cantonnés aux rôles de faire-valoir. «Je suis né en pleine époque Blaxploitation. Donc j'étais trop jeune pour voir ces films au cinéma. Mais plus tard, j'ai pu en découvrir certains comme Shaft avec Richard Roundtree que j'ai beaucoup apprécié», a indiqué Mahershala Ali.

Comme dans les films de Blaxploitation, la musique occupe une place centrale dans Luke Cage. La trame sonore de la série a été composée par le producteur de hip hop Adrian Younge et Ali Shaheed Muhammad du groupe A Tribe Called Quest. Chaque épisode de la série a également été intitulé en référence à un morceau de Gang Starr, groupe de rap mythique des années 90 composé de Dj Premier et Guru. En plus d'être un criminel particulièrement déterminé, Cottonmouth est, par ailleurs, un mélomane et un pianiste accompli qui dirige un club, le Harlem Paradise, où les artistes locaux viennent se produire.

Pour mieux cerner les contours et la psychologie de son personnage, Mahershala Ali s'est lui-même composé une playlist avant le début du tournage. «C'est quelque chose que je fais pour chaque rôle. Ça me permet d'explorer mon personnage et de rester dedans même entre les prises, simplement en écoutant des chansons que lui-même écouterait ou qui réflète bien l'environnement dans lequel il évolue. Pour Cottonmouth, j'ai choisi pas mal de rappeurs des années 90, comme Notorious B.I.G., Big L, Pete Rock & C.L. Smooth ou le Wu-Tang Clan, parce que le personnage a grandi avec ces artistes de l'âge d'or du hip hop.»

L'intégralité des épisodes de la première saison de Luke Cage est disponible sur Netflix.

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