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Les 7 doigts de la main entrent dans le monde fantastique de Jérôme Bosch (PHOTOS)

Les 7 doigts de la main impressionnent à Copenhague (PHOTOS)

COPENHAGUE - Samuel Tétreault peut enfin pousser un soupir de soulagement. Le dos appuyé au mur de briques du Théâtre République à Copenhague, le codirecteur artistique de la troupe Les 7 doigts de la main a enfin une seconde à lui pour savourer le succès de son tout nouveau spectacle, Bosch Dreams. La troupe de cirque québécoise a accompli un vrai tour de force: monter une oeuvre complète en hommage au peintre Jérôme Bosch avec seulement trois semaines et demies de répétition. Un pari réussi pour le collectif montréalais.

La troupe Les 7 doigts de la main entame une toute nouvelle aventure qui va la mener aux quatre coins de l’Europe. Invité par la Fondation Jherominus Bosch 500, le collectif a mis en scène un spectacle événement pour célébrer le 500e anniversaire du peintre néerlandais Jérôme Bosch (né entre 1450 et 1455 et mort en 1516).

Comment une compagnie bien de chez nous peut-elle se retrouver en plein cœur d’un quartier branché de la capitale danoise? Grâce à une longue collaboration entre le collectif et Martin Tulinus, un des directeurs du Théâtre République. «Ce qui est triste, c'est que Martin Tulinus est en phase terminale d’un cancer, confie Samuel Tétreault. Je devais diriger le spectacle avec lui et finalement ça n’a pas pu se passer. Il a pu voir son dernier rêve artistique prendre vie.» Un double hommage, en quelque sorte, qui se retrouve sur les planches. «Le spectacle met d'ailleurs en scène la mort d’un artiste et sa peur de ce qu’il laisse derrière lui en tant que créateur», révèle celui qui a écrit, dirigé et mis en scène la représentation.

À peine quelques minutes avant la grande première mondiale, Samuel Tétreault s’est attablé dans la petite salle du Théâtre République pour expliquer le fil conducteur du spectacle, qu’il a imaginé il y a trois ans. «C’est un voyage dans le temps entre 2016 et 1516. Un voyage surréaliste, surréel, onirique», relate le metteur en scène.

L'envers du décor de Bosch Dreams

L'envers du décor de Bosch Dreams

La toile prend vie

L’univers surréaliste de Jérôme Bosch est un décor foisonnant pour l’artiste visuel Ange Potier. Le Français a allié les animations vidéos sorties tout droit des œuvres du peintre pour se mêler aux acrobaties des artistes.

«Les animations vidéos d’Ange sont utilisées comme support visuel, comme élément de décor et aussi comme élément narratif. Il y a carrément des personnages du spectacle qui se retrouvent immergés dans Le jardin des délices notamment.»

Ils ne sont d’ailleurs que six sur scène pour donner vie aux œuvres hallucinantes du peintre iconoclaste. Les six acrobates polyvalents, dont les habitués Héloïse Bourgeois et William Underwood, interprètent au total 24 personnages. Dont quelques célébrités qui ne sont pas passées inaperçues.

Le peintre espagnol Salvador Dali et le chanteur du groupe The Doors, Jim Morrison, se fondent à merveille dans le monde coloré de Jérôme Bosch. «Dali a toujours été un agent provocateur et Bosch l’était aussi à sa façon. Dali et Jim Morrison ont chacun été inspirés par l’œuvre de Bosch et ce sont des icônes de leur époque», renchérit Samuel Tétreault. Jim Morrison a même rédigé une thèse sur le peintre durant ses études universitaires. La toile The Ship of Fools a aussi servi d’inspiration pour une chanson éponyme du groupe. Comme quoi tout est dans tout.

La musique est un élément à part entière du spectacle. «J’ai planché sur trois époques musicales, explique le cofondateur de la troupe. Une avec des instruments anciens et des chants religieux. La musique des années 30-40 jazz pour toutes les scènes avec Dali et de la musique de The Doors pour [les scènes avec] Jim Morrison». Un savant mélange de classique et de rock contemporain.

Le monde surréaliste de Bosch

Attablé à son lutrin, un professeur débute son cours — et le spectacle — sur Jérôme Bosch. Une belle entrée en la matière, qui permet de comprendre l'envers des toiles de l’artiste visionnaire. S’en suit une incursion dans le monde fantastique du peintre moyenâgeux, parsemé de personnages réels et imaginaires. Mention spéciale aux costumes, imaginés par Ange Potier.

Le tout est divisé en différents tableaux, certains étant plus réussis que d’autres. On retiendra notamment le numéro d’équilibre sur cannes et le duo de main à main entre le professeur et une étudiante. Le numéro de roue est moins impressionnant, mais chacun des six artistes trouve le moyen de s’illustrer tout au long du spectacle. Toutes les apparitions de Jim Morrison, spécialement son numéro au cerceau aérien, ont été chaleureusement acclamées par la foule.

L’apogée du spectacle est dans contredit la finale, avec un clin d’œil à l’actualité canadienne des derniers mois. Le mât chinois et la corde lisse ont donné lieu aux acrobaties les plus casse-cou de la soirée.

Après Copenhague, Bosch Dreams entame une tournée européenne. «J’ai le feeling qu’on a un petit chef d’œuvre, se félicite Samuel Tétreault. J’espère que le spectacle va tourner partout à travers le monde. Il a le potentiel d’être un succès partout.»

La troupe ne cache pas son envie d’exporter le spectacle au Québec, mais pas avant 2017… et des vacances pour le codirecteur artistique. «J’ai eu une année de fou! Dormir trois-quatre heures par nuit, ça va pendant un bout. Quand ça fait un mois que tu fais ça, ça n’a plus de bon sens», s’exclame Samuel Tétreault. Un repos mérité, avant de repartir de plus belle.

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