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Saint-Jean-sur-Richelieu aime ses Cowboys Fringants

Saint-Jean-sur-Richelieu aime ses Cowboys Fringants
Pascal Ratthé

Saint-Jean-sur-Richelieu et les Cowboys Fringants, c’est une grande histoire d’amour, qu’on croirait inconditionnelle et inébranlable. Le groupe s’est fait applaudir à l’International de montgolfières en 2003, 2006, 2007, 2010, 2012 et 2013, et gratifiait ainsi la Scène Loto-Québec de sa septième présence en moins de 15 ans à l’événement, vendredi. Déjà, cet indice de popularité ne ment pas.

Pour leur saucette 2016, les Cowboys ont joyeusement fouillé dans leur sac à souvenirs pour en ressortir les classiques de leur répertoire. La réception sur place n’a peut-être pas été la plus bruyante, délirante ou mémorable de la biographie du quatuor, mais la dévotion, l’affection et la générosité des admirateurs se faisaient quand même sentir.

D’abord en nombre ; ils étaient certainement plus d’une dizaine de milliers à s’être déplacés pour l’occasion, créant ainsi la plus importante assistance de l’International de montgolfières en cours. Puis, grâce aux visages fendus de sourires comblés qui apparaissaient sur les écrans, et aux bras qui se baladaient souvent dans les airs, surtout à l’avant. Les rangées du milieu et de l’arrière sont demeurées pour la plupart assises pendant le tour de chant de deux heures (ils ont de l’énergie, les Cowboys!), mais on avait l’impression qu’elles ne rataient aucune seconde de l’action.

Les plus entichés ont même brandi des pancartes réclamant leurs pièces-chouchous. Certains ont ainsi exprimé leur envie d’entendre La tête haute ou Lettre à Lévesque… et ceux qui ont demandé Shooter ont été exaucés. Les Cowboys, eux, ont été à leur propre hauteur, survoltés, investis, rockant l’espace avec l’assurance des pros et l’esprit adolescent qui les caractérise.

Avant le début du concert extérieur, qui s’est déroulé dans un parfait soir d’été, ni trop chaud, ni trop froid, sous un ciel clair, on voyait un peu partout des t-shirts verts emblématiques des Cowboys Fringants déambuler entre les manèges, stands de jeux et autres kiosques de nourriture du festival, portés par des fidèles de la première heure de la formation, mais aussi par des bouts de choux qui n’étaient clairement pas nés lorsque les fringants cowboys ont propulsé leurs premières notes professionnellement, il y a exactement 20 ans cette année.

Ce n’était pas juste la fête des montgolfières, c’était aussi celle des chaises pliantes et des chandails de coton ouaté moelleux. Et c’était aussi le rassemblement de toutes les générations, des gamins sur les épaules de leurs parents, des adolescents et des tempes grisonnantes, qui se sont tous amusés d’égale façon.

Dumas, bête de scène

Un Dumas en pleine forme a tout donné pour mettre le feu aux poudres à 20h. Le charismatique garçon aurait mérité un auditoire beaucoup plus enthousiaste, tant il se démenait avec cœur mais, réponse du public ou pas, Dumas est toujours une bombe sur scène. Une bête qui irradie et qui bouffe l’espace, qui sautille, qui bavarde et s’amuse visiblement terriblement. Doublée à ses extraordinaires talents de parolier et mélodiste, sa présence se remarque et se démarque.

Lui qui terminait vendredi sa récente tournée a offert une première partie aux relents électro et techno, attrayants éclairages de discothèque tout autour, ses choristes allant jusqu’à greffer le fameux échantillonnage de Soul Makossa, de Manu Dibango (repris dans Wanna Be Startin’ Somethin’ de Michael Jackson et Please Don’t Stop The Music, de Rihanna) et autres fantaisies, aux J’erre, Je ne sais pas, Ne me dis pas et autres Miss Ecstasy et Au gré des saisons qui ont consacré le chanteur pop-rock.

Aucun morceau n’a été terne ou même simplement livré dans sa version originale, chaque titre ayant été soigneusement réarrangé, rehaussé, allongé. Du joli travail jamais bâclé, qui prouve bien que l’artiste ne néglige pas les publics de festivals et les prend au sérieux.

Dumas a beaucoup interagi avec les spectateurs et s’est remémoré le souvenir de sa toute première prestation à Saint-Jean-sur-Richelieu, au «Vieux Cabaret». Il s’est retiré en quémandant une «foule internationale» pour Le bonheur, pleinement réussie, et en remerciant chaleureusement l’équipe qui le recevait.

Rythme et magie

On en aurait pris plus, mais le parterre était surtout là pour ses Cowboys adorés. Lesquels se sont pointés à 21h29 précisément, accueillis d’abord un peu statiquement, puis de plus en plus chaleureusement.

À la deuxième chanson, La manifestation, on pouvait déjà entendre, au loin, quelques voix s’élever pour entonner un couplet lorsque Karl Tremblay, chanteur, se taisait pour tendre le micro à la masse devant lui. Ce qui relève un peu de l’exploit dans l’immensité d’un site comme celui de l’International de montgolfières et dans une telle mer de gens.

Le public derrière était attentif, quasi immobile, presque figé, comme s’il avait peur de manquer un fait ou un geste des troupes aux instruments. Devant – où étaient probablement postés les plus amoureux du groupe -, c’était la fiesta, on dansait avec plus d’ardeur, on en redemandait, aux rythmes de ces textes qu’on est nombreux à pouvoir fredonner : Bye Bye Lou, La reine, 8 secondes, L’expédition, Plus rien, Ti-cul, Marine marchande (agrémentée de quelques mesures de Du rhum des femmes), et tant d’autres.

Karl Tremblay a peut-être maudit l’équipe technique ou l’alignement des astres quand son micro s’est soudainement tu au crucial instant où il scandait le «Oui, nous avons, le soleil» du Retour à la terre de Plume Latraverse, pour taquiner les organisateurs de l’International de montgolfières et leur besoin de température clémente. Or, la foule a quand même chanté avec lui et aucune frustration n’a paru dans son visage. «Je peux-tu y aller, là?», a-t-il demandé au bout de quelques secondes. Un malheureux pépin qui ne s’est pas éternisé.

Avant d’entonner la mythique En berne, Tremblay a précisé que cet air suit les Cowboys «comme un fardeau, comme un calvaire». «L’actualité nous prouve qu’on est vraiment pas ‘à veille de ranger cette chanson-là dans un tiroir», a-t-il martelé, avant d’ajouter que c’était là «une occasion en or d’emmerder tous les bouffons qui nous gouvernent.»

Magique moment que l’interprétation des Étoiles filantes, en fin de piste. Tremblay a invité les gens à actionner tous en même temps l’appareil-photo de leur cellulaire, pour causer une mitraille de flashs blancs à l’unisson. C’était fort joli, surtout avec la combinaison de petits feux de bengale qui crépitaient dans la foule. Conviés à accompagner le dernier solo d’accordéon de ces émouvantes Étoiles filantes, les festivaliers ont obtempéré avec joie.

Au rappel, après une enfilade d’encore quatre ou cinq joyaux de leur catalogue, les Cowboys Fringants ont fait monter une pléiade d’enfants sur scène avec eux, pour pousser une festive Tant qu’on aura de l’amour. La chorale était animée, souriante et attendrissante. «On est le groupe qui fait coucher les enfants le plus tard au monde», a badiné Karl Tremblay. Et qui fait coucher tard Saint-Jean-sur-Richelieu, aussi.

Le 34e International de Montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu se terminera dimanche. Le Jamaïcain OMI (Cheerleader, Hula Hoop) y sera de passage ce soir, samedi, et le festival se conclura avec le collectif «Nez pour vivre» (Jean-François Breau, Marie-Ève Janvier, Alex Nevsky, Jérémy Demay, etc), et un solo de Jean-Marc Parent.

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