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Énergie Est : l'ONÉ a rencontré Jean Charest quand il travaillait pour TransCanada

L'ONÉ a rencontré Charest pour parler d'Énergie Est

OTTAWA - L'Office national de l'énergie (ONÉ) s'excuse après avoir démenti qu'un de ses dirigeants avait rencontré Jean Charest pour parler d'Énergie Est, alors que ce dernier était consultant pour TransCanada.

Le site de nouvelles National Observer révélait, le mois dernier, que l’ancien premier ministre a eu une discussion avec le président de l’ONÉ, Peter Watson, ainsi que deux autres membres, Lyne Mercier et Jacques Gauthier, le 15 janvier 2015 dans les bureaux montréalais de la firme McCarthy Tétrault.

Tant le bureau de Charest que l’ONÉ avaient nié que les principaux intéressés avaient abordé le projet Énergie Est pendant la rencontre. Mais une demande d’accès à l’information du National Observer confirme que le controversé pipeline était au menu.

« Quant au sujet, je veux introduire le nouveau chair (sic) de l’Office et parler des grands enjeux qui toucheront le Québec au niveau pétrolier (Energy East (sic), etc.). Une rencontre assez générale somme toute », écrivait Jacques Gauthier dans un courriel datant du 19 décembre 2014.

Le jour avant ladite rencontre, Gauthier a échangé d’autres courriels avec Charest et son conseiller Grégory Larroque en copie. Il a fourni une liste de sujets plus spécifiques dont l’ONÉ souhaitait discuter.

Les notes prises par le personnel démontrent également que les représentants de l’ONÉ et Charest ont discuté de TransCanada, de relations publiques et de stratégies pour promouvoir les pipelines au Québec, rapporte le National Observer.

Plusieurs leaders politiques ont été mentionnés pendant la rencontre, dont le maire de Montréal Denis Coderre et le maire de Québec Régis Labeaume.

Le directeur des communications de l’ONÉ, Craig Loewen, s’est excusé au journaliste de ne pas avoir pu lui fournir ces informations au moment de sa demande. Il a maintenu que l’Office ne savait pas que Charest était consultant pour TransCanada à ce moment-là.

Une proximité « très inquiétante »

Cette situation fait hausser les sourcils au sein du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ), qui pense que cet évènement vient miner la crédibilité de l’ONÉ.

« Oui, je suis choquée, nous sommes choqués de cette situation-là. Il y a une proximité très inquiétante [entre l’ONÉ et le promoteur d’Énergie Est] », déplore Carole Dupuis, coordonnatrice du RVHQ.

Le prétexte officiel de la rencontre était de discuter comment l’ONÉ pourrait être mieux perçu au Québec. Mais les échanges de courriels consultés par la porte-parole démontrent qu’ils voulaient davantage faire la promotion des pipelines.

« C’est un tribunal quasi judiciaire; ils n’ont pas à faire la promotion des pipelines ni de l’Office quant à moi. Je ne comprends pas pourquoi un tribunal veut faire sa promotion », ajoute-t-elle.

Le Code de conduite de l’ONÉ indique que les membres du panel ne peuvent pas prendre part à des rencontres avec des tiers qui concernent des dossiers en cours, dit Karine Péloffy, directrice générale du Centre québécois du droit de l’environnement.

Des employés peuvent demander l’autorisation pour des rencontres avec des parties prenantes qui ont une demande devant l’Office, mais elle ne doit pas être en cours d’examen, comme c’est toujours le cas avec le projet Énergie Est.

TransCanada a déposé sa demande à l’ONÉ en octobre 2014, contestée par des groupes écologistes qui jugeaient que l’entreprise n’avait pas fourni assez de documentation en français. Elle l’a modifiée en novembre 2015.

C’est en juin 2016 que l’ONÉ avait « officiellement » lancé l’examen du projet de pipeline, jugeant sa demande « complète ». L’organisme devra remettre son rapport au ministre des Ressources naturelles, Jim Carr, au plus tard le 16 mars 2018.

Le gouvernement Trudeau veut également mener une « réforme permanente » de l’Office et de l’évaluation environnementale au Canada en général.

L’ONÉ se défend

L’Office dit avoir « sollicité les conseils de dirigeants au Québec pour savoir comment faire participer la société québécoise efficacement ». La rencontre avec l’ancien premier ministre Jean Charest s’inscrivait dans cette initiative, explique le directeur du bureau montréalais de l’ONÉ, Marc-André Plouffe.

« Si les personnes rencontrées voulaient parfois parler de projets pipeliniers à l’étude, les fonctionnaires de l’Office n’ont permis absolument aucune discussion inappropriée à ce sujet », a-t-il écrit par courriel.

Marc-André Plouffe ajoute que les conseils de Jean Charest ainsi que des autres dirigeants ont donné lieu à 14 « excellentes » réunions de l’ONÉ partout au Québec en février et en mars 2015 avec le président Peter Watson.

Les mandats des deux autres membres de l’Office présents à la rencontre du 15 janvier 2015 ont été renouvelés par le gouvernement Harper, peu de temps avant les élections.

Lyne Mercier devait quitter en décembre dernier, mais en juin 2015, les conservateurs ont prolongé ses fonctions à l’ONÉ pour sept ans – soit jusqu’en 2022, selon le site iPolitics.

Quant à Jacques Gauthier, un membre temporaire, il a vu son mandat être renouvelé en avril 2015 jusqu’en 2018.

Le bureau de Jean Charest n’avait pas encore fait de commentaire sur sa rencontre avec l’ONÉ, au moment de publier.

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