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Hydro-Québec sous-traite «l'accompagnement» des mauvais payeurs (VIDÉO)

Hydro-Québec sous-traite «l'accompagnement» des mauvais payeurs (VIDÉO)

Pour tenter de récupérer les sommes dues par des consommateurs qui éprouvent des difficultés financières, Hydro-Québec tente une nouvelle méthode de recouvrement, basée sur l'offre de conseils budgétaires. Une initiative qui inquiète les groupes de défense de consommateurs.

La société d'État souhaite mettre en place un centre d'accompagnement des familles à faible revenu dans le cadre d'un projet pilote, qui doit débuter en septembre.

Selon le porte-parole de la société d'État, Serge Abergel, ce centre viserait à offrir aux personnes à faible revenu « non seulement un conseil au niveau budgétaire, [une] aide pour organiser les finances, mais aussi un conseil au niveau de l'efficacité énergétique, donc comment nous pouvons les aider à réduire leur facture à l'avenir ».

L'initiative cible entre 200 et 400 ménages plus démunis, qui sont en processus de recouvrement à ce jour, selon un document d'Hydro-Québec.

Le professeur associé en comptabilité à l'UQAM, Gaétan Breton, craint toutefois que ce projet ne serve qu'à récupérer le plus rapidement possible les sommes dues.

« Eux autres, en tant que fournisseurs de services, est-ce qu'ils vont prendre des moyens coercitifs pour exiger [ce que le gouvernement n'a pas toujours les moyens d'exiger]? », s'est-il interrogé.

Hydro-Québec a vu récemment ses mauvaises créances grimper en flèches. En 2015, elle avait conclu plus de 330 000 ententes de paiements et a dû radier 100 millions de dollars.

Des représentants d'associations de consommateurs, qui servent d'intermédiaire entre les personnes peu fortunées et leurs créanciers, doutent également de l'efficacité qu'aura le centre d'accompagnement.

Le conseiller budgétaire de l'Association coopérative d'économie familiale (ACEF) du Nord de Montréal, Sylvain Lafrenière, croit que les personnes à faible revenu auront de la difficulté à faire confiance au centre.

« Les gens, des fois, ne veulent pas nécessairement faire état de leur vie, même devant Hydro-Québec. Ça prend une relation de confiance que nous [l'ACEF] avons développée avec les gens de par la nature de nos organismes. On témoignait un peu de la situation, on expliquait la situation à Hydro-Québec et on arrivait à des ententes », a-t-il expliqué.

Le privé pourrait être de la partie

Hydro-Québec se défend de privatiser ses opérations et soutient vouloir améliorer le service aux démunis. L'entreprise aurait souhaité qu'une association de défense des consommateurs agisse comme prestataire de services, mais celles-ci ont toutes décliné l'invitation.

« [En ce qui concerne] la relation de confiance [avec les personnes plus démunies], ça nous met en porte-à-faux », a expliqué Sylvain Lafrenière. « Je vais recevoir la personne, je suis là pour l'aider. En même temps, je vais décider du montant pour lequel elle va devoir payer ».

La société d'État a donc décidé d'ouvrir la porte au privé.

« Le privé peut avoir le droit de postuler dans ce cas-ci. En aucun cas on ne parle de recouvrement ici. On parle de conseils budgétaires », a souligné le porte-parole d'Hydro-Québec.

L'entreprise choisie travaillera dans les bureaux d'Hydro-Québec, ce qui ne plaît guère au syndicat.

« Hydro-Québec veut sous-traiter une portion de nos emplois, qui est la portion collecte-recouvrement. Nous avons toute l'expertise, l'expertise qualifiée pour faire ce travail », a dénoncé la présidente provinciale du Syndicat des employés de techniques professionnelles et de bureau d'Hydro-Québec, Nancy Rail.

La coordonnatrice de la Coalition des associations de consommateurs du Québec, Élisabeth Circé Côté, critique également la possibilité d'avoir recours au privé.

« Fondamentalement, l'entreprise privée ne va pas soumettre [sa candidature] parce qu'elle a envie d'aider les personnes à faible revenu. Le but de déposer un appel de propositions à Hydro-Québec est d'avoir des revenus », a-t-elle expliqué.

Avec les informations de Maxime Bertrand.

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