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Tony Clement mise sur son expérience et espère tourner la page sur l'ère Harper (VIDÉO)

Tony Clement n’a pas l’intention de s’attarder sur les dernières années du gouvernement Harper. À 55 ans, l’ex-président du Conseil du Trésor a les yeux rivés vers l’avenir.

Tony Clement n’a pas l’intention de s’attarder sur les dernières années du gouvernement Harper. À 55 ans, l’ex-président du Conseil du Trésor a les yeux rivés vers l’avenir.

« Il y a certaines choses qui n’ont pas fonctionné, et je n’ai pas l’intention de les énumérer. Par contre, je crois que nous avons réussi les choses les plus importantes », affirme-t-il en faisant allusion à la politique économique des conservateurs.

Tony Clement à son bureau d'Ottawa, juillet 2016. (Photo: Althia Raj)

L’an dernier, Clement a fait les manchettes lorsqu’il a admis qu’il aurait été préférable de ne pas abolir le questionnaire long du recensement. Cette volte-face figure parmi celles qui ont le plus surpris les observateurs de la scène politique, au même titre que l’accueil favorable à une commission d’enquête sur les femmes autochtones disparues ou assassinées et la tolérance envers la marijuana qu’a démontrés la chef intérimaire Rona Ambrose.

« Il est temps de tourner la page et d’avancer », affirme Clement. Fier de son bilan personnel et du bilan de Stephen Harper après plus de 9 ans au pouvoir, il regrette tout de même le Projet de loi C-51 et la manière dont la dernière campagne électorale a été menée.

« Les détesteurs vont continuer à me détester dans les médias sociaux. C’est le prix à payer pour être ouvert et accessible », répond-il lorsqu’on l’interroge à propos d’un autre épisode regrettable, soit celui des 45 millions de dollars dépensés dans sa circonscription pour améliorer l’éclairage public, refaire des trottoirs et construire un kiosque en vue du Sommet du G8 de 2010.

Rétablir les ponts avec les néo-Canadiens

Clement nous a accordé une entrevue dans son bureau d’Ottawa, décoré d’une pièce du Mur de Berlin, d’une affiche de la première élection libre tenue en Hongrie en 1990, d’un poster de Superman datant de 1984 et d’une collection de 52 boules à neige accumulées depuis l’adolescence.

Élu député de Parry Sound—Muskoka pour une quatrième fois en octobre, Clement a posé sa candidature à la chefferie du Parti conservateur pour une deuxième fois cette semaine. En 2003, il avait terminé la course au troisième rang derrière Stephen Harper et Belinda Stronach.

De passage à Mississauga mardi, dans une circonscription perdue aux mains des libéraux, il s’est présenté comme la personne la plus susceptible de reconquérir la région : « Nous devons rétablir les ponts avec les néo-Canadiens, les immigrants et les Canadiens de première génération. »

La tâche sera difficile, mais pas impossible.

Clement adore les globes de neige... et les réseaux sociaux. (Photo: Althia Raj)

Il est vrai que les conservateurs se sont aliéné plusieurs communautés culturelles lors de la dernière campagne électorale, après avoir passé des années à les courtiser. Plusieurs musulmans se sont sentis visés par la promesse d’un plan d’action contre le niqab et les pratiques culturelles barbares.

Or, le Parti conservateur n’a pas seulement perdu des votes dans les quartiers ethniques de l’agglomération torontoise. Il a fait face au même problème dans la plupart des grands centres urbains hors de l’Alberta.

Né d’un père grec et d’une mère juive syrienne, Clement mise sur ses propres racines immigrantes pour séduire les néo-Canadiens : « Mes parents sont venus d’Angleterre avec l’intention de refaire leur vie au Canada et de travailler fort pour réussir. C’est le rêve canadien, n’est-ce pas? »

Il veut également se faire remarquer des jeunes et des milléniaux qui ont porté Justin Trudeau au pouvoir l’automne dernier. Pour y parvenir, il utilise abondamment les médias sociaux et a même lancé sa campagne à la chefferie en direct sur Facebook. S’inspirant de la popularité de Bernie Sanders, il affirme que les idées comptent bien plus que l’âge d’un candidat. Il croit que les milléniaux seront davantage attirés par les politiques du Parti conservateur si celui-ci commence à parler leur langue.

« Les jeunes sont épris de liberté et veulent jouir de cette liberté en ligne. Ils se méfient des politiques hyperprotectrices du libéralisme. »

Le débat sur C-51 a été insuffisant

Clement compte même accueillir sous son aile les jeunes qui ont manifesté contre l’adoption de la loi antiterroriste C-51 – une mesure qui, selon lui, n’a pas fait l’objet d’un débat suffisant.

« La liberté d’Internet est une chose positive », affirme-t-il. « Certains utilisent cette liberté à des fins violentes ou de recrutement de terroristes – raison pour laquelle il faut aider nos forces de sécurité à faire leur travail – mais la plupart du temps, ce n’est pas la manière dont les gens utilisent Internet. »

« Je souhaite que nous ayons une politique publique plus équilibrée, et que nous fournissions à nos forces de sécurité les outils appropriés et une supervision adéquate sans pour autant faire la guerre à Internet. La Chine est l’exemple à ne pas suivre. »

« Les conservateurs doivent être les gardiens de nos libertés », précise-t-il. « En tant que chef, je ferai en sorte que ce débat ait lieu et que nous ayons un meilleur équilibre [entre liberté et sécurité]. »

Contre la taxe carbone

L’environnement est un autre dossier qui a la cote auprès des jeunes. À cet effet, Clement se dit opposé à la taxe carbone et à toute nouvelle taxe de manière plus générale. Selon lui, le futur plan de lutte aux changements climatiques des libéraux risque de ne pas être basé sur des revenus fixes.

« Je tiens à ce que le Canada atteigne les cibles établies dans l’Accord de Paris, mais il y a plusieurs manières d’y parvenir », précise-t-il. « Mon plan va libérer le potentiel du secteur privé et permettre d’atteindre ces cibles sans sacrifier l’économie. »

Un candidat d’expérience

« Lorsque la prochaine élection aura lieu en 2019, la population en aura assez des déficits et des hausses de taxes », affirme Clement.

« Je n’adhère pas à la théorie selon laquelle il suffit de dépenser davantage pour remédier à la faible croissance de certaines parties du pays », ajoute-t-il. « Dans trois ans, les Canadiens voudront un chef conservateur expérimenté, qui a fait ses preuves, et qui est déterminé à relancer la productivité et l’innovation par l’entremise de meilleures politiques économiques et environnementales. »

« Les conservateurs se sont rarement exprimés sur des enjeux tels que la réduction de la pauvreté et la place des peuples autochtones dans notre société, mais sous ma gouverne, ils y seront plus attentifs. »

Le 12 juillet 2016, Tony Clement s’est adressé à des partisans rassemblés à Mississauga pour annoncer sa candidature à la chefferie du Parti conservateur. (Photo : Chris Young/PC)

Entre autres réalisations, Clement allègue qu’il a dégagé 10 milliards de dollars d’économies (d’après ses propres calculs) en procédant à une cure minceur au gouvernement. Il a contribué à rebâtir le Parti conservateur de l’Ontario en participant à la « révolution du bon sens » de Mike Harris, pour ensuite devenir président fondateur de l’Alliance canadienne. En étant un chef plus ouvert et réceptif, il compte moderniser le Parti conservateur et ramener au bercail les membres de base qui s’en étaient désintéressés.

Moins de subventions à Radio-Canada

Un autre changement qui lui tient à cœur est l’abolition de la subvention versée à CBC/Radio-Canada, qui s’élève à un milliard de dollars par année.

« Cette société de la Couronne fait une concurrence déloyale aux diffuseurs privés qui offrent un service similaire », précise-t-il. « Ça n’a aucun sens. Nous devons adopter un modèle plus équitable envers tous les fournisseurs de contenus. Le temps où le gouvernement assurait presque tous les revenus de CBC/Radio-Canada est révolu. »

Selon lui, seule la radio devrait continuer à recevoir des subventions. La télévision, le service de musique en continu et les plateformes web sont donc plus susceptibles de passer au couperet.

Les libéraux ont le champ libre en matière de marijuana

En ce qui concerne la marijuana, Clement se satisferait d’une décriminalisation de la possession simple, mais si les libéraux vont jusqu’à une pleine légalisation, il ne s’y opposera pas.

« Je ne renverserai pas cette loi. Je vais plutôt consacrer mon temps et mon énergie à faire en sorte que les enfants soient adéquatement protégés. Si l’herbe est taxée et que certaines personnes continuent à en faire la culture à des fins personnelles, je ne crois pas que nous devrions les criminaliser. »

Selon lui, il faudra tout de même garder un œil sur les producteurs et les distributeurs de marijuana qui ont des liens avec le Parti libéral et seraient susceptibles d’obtenir de juteux contrats : « Si je suis témoin d’une telle situation, je serai le premier à la dénoncer. »

Maxime Bernier, Kellie Leitch et Michael Chong dans la course

Jusqu’à maintenant, les concurrents de Tony Clement se limitent aux députés Maxime Bernier, Kellie Leitch et Michael Chong. Peter MacKay hésite encore à déposer sa candidature, et le célèbre animateur de télévision Kevin O'Leary – que Clement doit d’ailleurs rencontrer ce vendredi – est de moins en moins susceptible de se lancer dans la course.

L’ex-ministre des Affaires étrangères Maxime Bernier – qui avait suscité la controverse en oubliant des documents confidentiels chez sa petite amie – a promis de privatiser la Société canadienne des postes et de mettre fin à la gestion de l’offre s’il devient premier ministre.

L’ex-ministre de la Défense Peter MacKay s’adressant aux journalistes de la Colline parlementaire en avril 2013. (Photo : Fred Chartrand/PC)

Clement se dit également favorable à la vente de Postes Canada, mais croit qu’aucun acheteur ne sera intéressé à acquérir une société grevée par un régime de retraite aussi coûteux : « Personne ne voudra de Postes Canada, à moins que le gouvernement ne promette de racheter cette créance de plusieurs milliards de dollars. Si vous voyez un tel acheteur, dites-le-moi. J’aimerais beaucoup le connaître ! »

En ce qui concerne la fin de la gestion de l’offre, il faudrait aider les agriculteurs à s’y adapter : « Ce serait irresponsable de les lâcher d’un seul coup en leur disant : "c’est notre politique à partir de maintenant." »

Si Tony Clement a déjà officialisé sa candidature, c’est parce qu’il était fatigué d’attendre un geste de la part de Peter MacKay. L’ex-député originaire de Nouvelle-Écosse, qui s’est retiré de la politique l’an dernier pour passer plus de temps avec sa famille, travaille maintenant dans un cabinet d’avocats de Bay Street. Au mois de mai, il a affirmé qu’il ne se laisserait pas tenter par une candidature hâtive.

Cela donne les coudées franches à Clement, qui aura besoin du reste de l’été pour mettre son organisation en marche et amasser de l’argent. Sachant que le plafond de dépenses de cette course à la chefferie s’élève à 5 millions de dollars, il lui en faudra beaucoup.

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