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Dépanneur fraîcheur : des fruits et légumes qui se sentent bien seuls

Dépanneur fraîcheur : des fruits et légumes bien seuls
Radio-Canada.ca

Lancé il y a quelques mois, le projet-pilote « Dépanneur fraîcheur », qui vise à introduire des fruits et légumes dans neuf commerces de quartiers défavorisés montréalais, tarde à décoller. Aujourd'hui, les étals sont presque vides, voire carrément absents. Des difficultés qui soulignent le décalage qui existe souvent entre volonté et réalité.

Un texte de Laurence Niosi

Porté par des commerces locaux et des organismes communautaires, le projet se voulait une réponse aux « déserts alimentaires », où fruits et légumes se font rares. Neuf dépanneurs montréalais avaient accepté, selon les porteurs du projet, d'installer un étal à aliments frais à prix abordables à côté des friandises et autres produits normalement vendus en dépanneur.

Or, on a pu constater que les fruits et légumes avaient triste mine dans les dépanneurs du Centre-Sud : à peine quelques concombres, des kiwis flétris et des oignons sur des étals presque vides. Au dépanneur Caravelle, l'étal de fruits et légumes a été déplacé loin derrière la caisse, où il se trouvait initialement.

« C'est quand même meilleur que les cochonneries là-bas », relativise le propriétaire Yan Hui Cui, montrant du doigt les produits transformés sur les étalages.

Les dépanneurs sont ravitaillés une fois semaine. C'est trop peu, estime Hui Xiao, du Dépanneur Dufresne.

Un « dépanneur fraîcheur » du Centre-Sud

Dans Saint-Henri, les deux commerces participants n'avaient carrément aucun étal à légumes certifié. Louis Mondalek, gérant du dépanneur Laurion, rue Sainte-Marguerite, affirme avoir parlé une fois avec un représentant de Dépanneur fraîcheur il y a un mois. Puis, plus rien.

Questionné à ce sujet cette semaine, Solidarité Saint-Henri, la table de concertation locale, affirme être « en négociations » avec ces dépanneurs pour y introduire des étals à fruits et légumes, avec la certification Dépanneur fraîcheur.

Du côté du Carrefour stratégique Centre-Sud, on reconnaît qu'un suivi plus systématique devait être effectué.

Des défis énormes

Les difficultés connues par Dépanneur fraîcheur mettent en lumière les divers défis auxquels font face les initiatives communautaires.

« On voit tellement de nos initiatives tomber en raison du défi de la rentabilité à long terme », reconnaît candidement Sonja Engmann, organisatrice chez Solidarité Saint-Henri. Vendre des fruits et légumes, « ce n'est pas rentable, la rentabilité vient avec la bière et les chips », ajoute-t-elle.

Comme les loyers ne sont pas réglementés, les services de base doivent faire compétition aux restaurants haut de gamme du coin, qui attirent une tout autre clientèle.

Le dépanneur Laurion à Saint-Henri

La diversification des fruits et légumes représente un autre défi. Outre une tomate, aucun des aliments offerts sur les étagères, lors de notre visite, n'était local. Des fraises du Québec sur une étagère, sans aucune réfrigération, ne feraient pas longue vie, relativisent toutefois les promoteurs du projet.

Dépanneurs fraîcheurs s'inspire d'une initiative américaine, la Healthy Corner Store Initiative de Philadelphie, qui compte quelques centaines de comptoirs dans les dépanneurs de la ville et des étals bien garnis.

Mais ce projet dispose « d'investissements massifs », affirme Mme Engmann. Une réalité bien lointaine de celle de Dépanneurs fraîcheurs.

« Peut-être que, tout seul, un programme comme celui-là ne peut pas survivre », estime l'organisatrice communautaire, semblant réfléchir à haute voix.

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