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Edmund Alleyn: le Phoenix de l'art

Edmund Alleyn: le Phoenix de l'art
Ismaël Houdassine

Héritier de Riopelle, Lemieux et Borduas, le peintre disparu en 2004 fait enfin l’objet d’une rétrospective majeure au Musée d’art contemporain (MAC) de Montréal. Sa vision singulière portée sur les grands bouleversements du monde et une certaine angoisse de la mort, Edmund Alleyn a marqué d’une pierre blanche l’histoire de l’art québécois en échappant à toute catégorisation.

Au fil d’une soixantaine d’œuvres, dont certaines exposées pour la première fois, le MAC rend un hommage posthume à cet artiste surdoué ayant vécu en France et au Canada. Protéiforme et inclassable, son travail en constante mutation traversera plusieurs courants en se réinventant presque chaque décennie. Ce n’est donc pas étonnant que l’exposition initiée par la fille du peintre, la cinéaste Jennifer Alleyn, soit intitulée «Dans mon atelier, je suis plusieurs».

Le texte se poursuit après la galerie-photos.

Dans mon atelier, je suis plusieurs – Edmund Alleyn au Musée d’art contemporain de Montréal

Même si son père le prédestinait en médecin, c’est en homme libre qu’Edmund Alleyn s’en est allé dans l’univers de l’art. Très tôt, le natif de Québec rompt avec les espérances paternelles pour se consacrer exclusivement à sa passion. À partir de 1955, il s’installera à Paris. Commence alors une exploration du courant abstrait avant de s’en détourner aussitôt par scepticisme.

D'abord habité par l'art des Amérindiens – un des tableaux marque d’ailleurs l’esprit par son titre évocateur «Jacques Cartier arrivant à Québec voit des Indiens pour la première fois de sa vie» –, le peintre solitaire, très ancré dans son temps, se dirige ensuite vers une imagerie critique issue de l'univers de la technologie et de l'électronique des années 1960.

En résultent plusieurs créations avant-gardistes dont la fameuse sculpture-habitacle audiovisuelle en forme d’œuf prénommée l'Introscaphe. L’unique modèle de cet engin plurisensoriel d’où le visiteur pouvait s’installer à l'intérieur pour expérimenter toute sorte d’émotions est d’ailleurs exposé dans l’une des salles du musée.

Son retour à Montréal en 1971 coïncide avec les profondes transformations socio-politiques que connaît la province. Frappé par ces changements, l’homme se consacre à un nouveau cycle nommé Une belle fin de journée et dans laquelle sont peints sur des plexiglas des personnages en grandeur nature – des Québécois anonymes – qu’il place devant de grands tableaux de couchés de soleil d’un kitsch tout à fait sensationnel.

Plus tard, Edmund Alleyn évolue dans l’intériorité et le spleen à travers des tableaux obscures dénués de repères temporels précis. Les magnifiques séries Indigos, Vanitas et des Éphémérides marquent les périodes mélancoliques de l’artiste touche-à-tout qui n’a jamais cessé de se battre contre l’oubli et la disparition.

Dans mon atelier, je suis plusieurs – Edmund Alleyn au Musée d’art contemporain de Montréal – du 19 mai au 25 septembre 2016.

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