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«Nous allons éliminer cette perception qu'on est très entassé dans les bus» – Philippe Schnobb (VIDÉO)

«Nous allons éliminer cette perception qu'on est très entassé dans les bus» – Philippe Schnobb (VIDÉO)

Sous la terre, on attend la livraison de nouveaux trains Azur, neufs et plus spacieux. Sur la terre, on espère qu’iBus, le service de localisation en temps réel des autobus, devienne rapidement réalité afin de mieux prévoir les trajets et amoindrir le phénomène des véhicules bondés et en retard. Et dans les bureaux de la Société de transport de Montréal (STM), on attend impatiemment la création de la nouvelle Agence régionale de transport (ART), qui, selon le président Philippe Schnobb, révolutionnera la façon de tenir les budgets et de mener à bien les projets.

Mais d’ici à ce que tous ces projets se concrétisent, et que des grands chantiers comme le prolongement de la ligne bleue et la construction du service léger sur rail de la Caisse de dépôt et placement se mettent en branle, la STM poursuit un travail d’acupuncture urbaine pour remplir sa promesse d’améliorer son offre de service, en mettant en place des mesures «qui ne sont pas majeures mais qui sont significatives».

Le président se fait optimiste et assure que, depuis l’automne, les résultats sur le terrain sont visibles et que les chiffres démontrent que le début de l’année 2016 est le meilleur depuis cinq ans. Un baume, après une année 2015 décevante où, pour la première fois en plus de dix ans, l’achalandage a chuté, à cause de raisons incontrôlables – météo, prix du pétrole, situation économique difficile, popularité du Bixi et de la voiture en libre-service –, répète M. Schnobb.

Nous avons rencontré le président de la STM aux ateliers d’Youville, où l’on fait l’entretien des voitures de métro vieillissantes.

Le taux de satisfaction des usagers est passé de 89 à 85% en 2015. Il est de 76% pour les autobus, qui sont bondés et lents sur plusieurs lignes. Plusieurs répètent que c’est un des premiers problèmes que l’on doit attaquer pour améliorer le service…

Nous savons qu’il faut travailler là-dessus. Nous allons ajouter 45 000 heures de service d’autobus cette année. Nous avons acheté 27 nouveaux véhicules pour 2016. Nous en ajouterons l’an prochain aussi. Le service iBus va nous permettre d’être plus performants. Si nous pouvons mieux répartir la flotte, nous allons éliminer cette perception qu’on est très entassé dans les bus.

iBus, dont la date de lancement officielle n’a pas été dévoilée, va vraiment changer les choses?

Ça va changer énormément de choses. Le client pourra planifier son déplacement avant de quitter la maison. Les gestionnaires pourront de leur côté mieux planifier le réseau. Nous allons savoir où sont les autobus pour mieux les utiliser. Partout où ça a été implanté, ça a amélioré sensiblement le taux de satisfaction de la clientèle. Il y a même des endroits où – et ce n’est pas ça que nous ferons, je le promets – on a baissé le niveau de service et la satisfaction était quand même en hausse.

C’est un peu comme du maquillage. Parce qu’au final, le bus n’est pas moins bondé.

Ce n’est pas du maquillage. C’est une façon d’avoir une meilleure connaissance de la situation. Depuis qu’on a l’affichage dans le métro qui nous dit dans combien de temps le prochain train va passer, le temps d’attente semble moins long. C’est une question de perception. C’est aussi ça avec iBus, mais, en plus, ça permettra une meilleure planification. Si vous savez que le bus est en retard, vous ne perdrez pas 20 minutes à l’attendre, vous allez prendre une autre décision pour vous déplacer. J’ai hâte que ça arrive.

Mais ne faut-il pas plus d’argent pour imposer des mesures plus draconiennes?

On en parle beaucoup. J’ai bon espoir que ça se concrétise. L’administration croit au transport collectif. Québec aussi. Et avec les fonds fédéraux qui s’en viennent [Justin Trudeau a promis 775 millions de dollars pour le transport en commun dans le Grand Montréal, le mois dernier], nous allons pouvoir faire beaucoup de maintien d’actifs qui améliorera la fiabilité du réseau. L’Agence régionale de transport (ART) qui doit voir le jour [Québec doit adopter un projet de loi afin de concrétiser la chose] va aussi améliorer notre façon de gérer. Nous aurons des budgets récurrents et indexés. Nous allons savoir ce qu’on nous demande de faire et nous aurons les budgets pour le faire.

On vous entend rarement dire, en public du moins, qu’il faut investir massivement dans le transport en commun.

Je ne le dis peut-être pas en public, mais je le dis là où ça compte. Avec l’administration, avec le ministère du Transport. Le plus important, au bout du compte, c’est le résultat. Le résultat, on l’a et ça s’appelle l’ART, ça s’appelle les fonds... Ce sont des discussions qui n’ont pas lieu sur la place publique, mais qui comptent.

Vous ne pensez pas que les usagers aimeraient vous entendre le dire davantage?

Les usagers nous demandent de travailler fort pour améliorer leur expérience et c’est ce que nous faisons quotidiennement. Je prends le métro tous les jours et l’autobus le plus souvent possible pour constater ce qui se déroule sur le terrain. Ensuite, je dois prendre les mesures pour être le plus efficace possible et de bien dépenser l’argent qu’on nous donne.

Des investissements pour financer des grands projets semblent poindre à l’horizon, mais ça ne règlera pas les problèmes à court terme. Comment peut-on améliorer l’offre rapidement.

La façon la plus simple et la plus rapide d’améliorer le service, c’est avec les voies réservées. Il y a des dizaines de kilomètres à l’étude présentement et nous allons en implanter cette année dans l’optique d’avoir 375 kilomètres de voies pour le 375e anniversaire l’an prochain. Nous travaillons aussi très fort avec la Ville pour synchroniser les feux de circulation. Avec iBus, le feu pourrait même s’ajuster à la présence de l’autobus.

Projet Montréal a demandé votre démission après l’annonce de résultats décevants pour l’année 2015. Ça vous a fait quoi d’entendre ça?

L’opposition fait son travail. Moi, mon travail, c’est d’aller plus loin que la simple analyse. Mon travail, c’est de tirer des conclusions, poser des questions et m’assurer qu’on prend des mesures pour que la situation soit prise en main. Depuis le début de 2016, nous connaissons notre meilleur départ des cinq dernières années. Autant en termes de livraison du service autobus que de métro. Je vois que les changements qui ont été faits à l’automne (nouvelle direction générale, nouvelle vision stratégique) portent leurs fruits.

Une des raisons que vous avez évoquées pour expliquer le bilan de 2015 est la multiplicité des modes de transport, comme le vélo et la voiture en libre-service. La STM devra-t-elle, dans un avenir proche, bonifier son cocktail transport?

Ce que nous voulons, c’est un système de mobilité durable et moins de voiture solo. On peut voyager en autobus, en métro, avec le futur SLR de la Caisse, en véhicule libre-service ou en Bixi. L’important, c’est de simplifier l’accès à chacun de ces modes de transport pour que le client puisse les utiliser plus facilement. Nous pourrons ensuite gérer l’utilisation avec des forfaits particuliers. Il faut aussi bonifier les services en périphérie de l’île, où la distance entre la maison et l’arrêt d’autobus ou de train est un peu trop longue pour qu’on le fasse à pied. Il faut travailler avec des partenaires comme nous le faisons avec le taxi collectif.

Comment réagissez vous au projet de train léger de surface de la Caisse de dépôt et placement?

C’est extraordinaire. Dans peu de temps, nous aurons un réseau en surface qui va relier les deux rives en plus d’offrir un lien avec l’aéroport. Le système sera intégré et la STM pourra ainsi mieux gérer ses autobus, qui n’auront plus besoin d’aller tourner jusqu’à Côte-Vertu, par exemple. Ils vont pouvoir rester dans l’ouest de l’île et se rabattre sur le train.

Ça ne va pas régler tous les problèmes…

Ça va régler une bonne partie des problèmes de mobilité. Les gens de l’ouest vont venir au centre-ville en transport collectif plutôt qu’en voiture. La Caisse n’avait pas le mandat de régler les problèmes de mobilité sur l’ensemble de l’île. Mais elle a néanmoins trouvé une solution imaginative et rapide. On n’avait pas vu ça dans notre boule de cristal.

Craignez-vous qu’on oublie le prolongement de la ligne bleue en priorisant ce projet?

Tout le monde a déjà manifesté son intérêt pour la ligne bleue. L’est de l’île a des besoins. C’est une priorité et le projet de la Caisse n’empêche rien, même s’il faudra faire un travail de persuasion pour que les sommes soient disponibles de façon équitable. Il faudra voir quels autres prolongements de ligne sont nécessaires et voir l’impact du SLR sur ces besoins.

Combien de trains Azur rouleront sur le réseau d’ici la fin de l’année?

Je ne peux pas vous dire. Ça va dépendre du moment où le prochain train sera livré. Ensuite, nous pouvons en recevoir un de plus par mois. Donc, il y en aura au moins six d’ici la fin de l’année. Avec six trains sur la ligne orange le matin, nous allons déjà voir une différence. Le sentiment d’être tassé va s’atténuer.

Voir aussi:

PARTIE 1: LE RÉSEAU D'AUTOBUS

Dans les coulisses du transport en commun montréalais

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