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Triomphe planétaire pour Sèxe Illégal au Théâtre St-Denis (PHOTOS)

Triomphe planétaire pour Sèxe Illégal (PHOTOS)
Paméla Lajeunesse

Il n’y a pas eu d’émeute, mais on l’a échappé belle. Le Théâtre St-Denis était sens dessus dessous, jeudi, lors de la «dernière médiatique» du légendaire, mythique, historique duo Sèxe Illégal, formé des non moins célèbres et adulés Paul Sèxe et Tony Légal.

Les chanteurs rock, qui parcourent la planète depuis 50 ans, cumulant ainsi au-delà de 100 ans de carrière à deux et faisant quasi passer les Rolling Stones pour de vulgaires amateurs, honoraient la métropole de leur présence avant, probablement, de retourner galérer aux quatre coins du globe avec leur petit orchestre et leurs chansons aux textes joyeusement déjantés.

Le public a été à la hauteur, en total délire. Un spectateur a même hurlé un sonore «Rock Danger!», titre du dernier album du groupe, au moment de l’entrée en scène du tandem, pour manifester son enthousiasme débordant. Enthousiasme partagé par le reste de la salle. Tant et si bien que la console d’éclairage a rendu l’âme à l’entracte, probablement incapable de répondre à tant d’excitation, du jamais vu dans l’établissement du Quartier latin.

Sèxe Illégal au Théâtre St-Denis

La réalité

Revenons sur terre. On divaguait, bien sûr. Ou plutôt, on jouait pleinement le jeu des deux drôles de moineaux de Sèxe Illégal, Philippe Cigna et Mathieu Séguin, qui terminaient leur tournée Vivre! à Montréal en cette première semaine d’avril.

Les anecdotes du «Rock Danger» crié et de la console d’éclairage défectueuse sont bel et bien réelles et se sont vraiment produites, la seconde ayant ainsi étiré l’entracte de plusieurs minutes mais, pour le reste, on fabulait un peu.

Mais pas complètement, Sèxe Illégal ayant offert au Théâtre St-Denis un excellent spectacle (ils préfèrent qu’on parle de «show», c’est plus big), que l’assistance a adoré. Beaucoup d’originalité et d’audace, des gags qui atteignent toujours la cible, une présence du tonnerre des deux vedettes (pardon, des deux stars, ce terme collant mieux à leur notoire statut). Non, ce n’était pas le même engouement que la veille au concert de Rihanna au Centre Bell, mais l’accueil réservé à Sèxe Illégal était chaleureux et digne du talent des deux jeunes hommes.

Même en entrevue, les deux humoristes de Sèxe Illégal retirent rarement habits, chapeaux et lunettes fumées qui caractérisent leurs personnages, déterminés à entretenir un certain mystère autour du petit monde qu’ils ont créé.

Récemment, ils ont dérogé ça et là à leur règle d’or, sur quelques tribunes, afin de bien expliquer leur démarche totalement indépendante, eux qui autoproduisent leur spectacle et mènent leurs affaires comme ils l’entendent. Ils sont notamment à l’origine, avec Guillaume Wagner, Adib Alkhalidey et Virginie Fortin, du nouveau festival Dr Mobilo Aquafest, nouvelle plateforme où les humoristes de la relève peuvent s’exprimer comme bon leur semble.

Mais, sinon, c’est à Paul Sèxe (veston pâle) et Tony Légal (chapeau), les rockeurs fictifs de réputation internationale dont la gloire n’a jamais faibli, qu’on s’adresse. Et on n’a alors d’autre choix que de suivre leur langue particulière de personnalités à la grosse tête, truffée de jeux de mots, souvent irrévérencieuse, toujours absurde à souhait et fichtrement bien pensée. Si on accepte de plonger sans réticences dans la mise en scène, on passe un excellent moment. D’autant plus que les deux comiques se sont beaucoup améliorés depuis leur révélation, à l’émission En route vers mon premier gala Juste pour rire, en 2011. Leur matériel s’est peaufiné et resserré, et leur concept est mieux défini, ce qui ne cessera probablement de leur amener une audience de plus en plus vaste.

Sur l’autoroute du deuxième degré, les gaillards de Sèxe Illégal se tiennent environ à la même hauteur que leurs potes les Denis Drolet, une dizaine d’années en moins, l’univers étoffé des faux musiciens en prime. Les possibilités sont donc infinies, entre les conversations à double ou à triple sens entre les deux protagonistes et les mélodies aux textes finement décalés.

Quelques blagues

D’entrée de jeu, en arrivant en piste, Paul Sèxe a balancé sa guitare au bout de ses bras. Geste de diva qui veut en mettre plein la vue, qui mettait parfaitement en perspective les deux heures trente qui allaient suivre.

«Je suis Tony Légal depuis maintenant 40 ans», a lancé son comparse en guise de mot de bienvenue, énumérant ensuite l’étendue de sa culture : «Artistes, poètes, dissidents, tous des mots que je connais…»

Ils parlent de leur «ami», «feu Freddie Mercury» , rendent hommage au «5ème Beatle, George McCartney», en enchaînant leur tube Bernard Derome (sur l’air de Band On The Run). «Ceux qui la connaissent, vous pouvez chanter avec nous, ceux qui la connaissent pas, vous pouvez chanter d’autre chose… mais moins fort.»

Ils mélangent les mots «analogie» et «anulingus», prônent l’importance de ne pas voter «si vous voulez vraiment un meilleur avenir pour les enfants de vos parents».

Ils promettent de verser les profits de leurs billets vendus aux enfants disparus. «S’ils reviennent, c’est sûr qu’on leur donne!». Ils militent pour faire fermer le centre d’appel de l’organisme Tel-Jeunes. «On s’est rendu compte que dans la plupart des cas d’intimidation, tel ou tel jeune était impliqué…» Ils ont ouvert («parrainent, chapeautent, pilotent, conduisent», comme ils disent) leur propre fondation, Rave d’enfants et non Rêves d’enfants. «C’est pas parce que t’as huit ans et que t’es en chimio que t’as pas le goût de danser toute la nuit sur le speed!»

Leur nouveau cheval de bataille? Les nains pédophiles. «De loin, tout a l’air correct. C’est de proche que tu réalises que le nouvel ami de ta fille de quatre ans a une moustache et un portefeuille (…) On se méfie des kids qui drivent une Porsche et qui ont une job saisonnière à Fort Boyard!». Ils se disent en outre «farouchement pour les femmes battues, débatteurs de femmes, pro-féministes».

Les chansons sont nombreuses (Macho Pichou (Marcel), Petit homme-fusée - un hommage à David Bowie – Ah le gouda, etc), et les pointes un peu méchantes, à ARTV ou à Marie-Lise Pilote, aussi. On a longtemps discouru d’un coming out forcé et imaginé une «pièce de théâtre» grivoise, où des gens du public ont dû se prêter à l’exercice, cartons «Henfass» ou «Jacule» en mains.

Vous voyez le genre? En somme, difficile de rendre justice en compte-rendu à toute la douce folie de Sèxe Illégal, dont le style s’avère proprement unique. Après tout, s’ils triomphent partout où ils passent, du Canada aux États-Unis, en passant par l’Europe, depuis 50 ans, il doit bien y avoir une raison…

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