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Vente de Rona: l'ex-PDG Robert Dutton s'inquiète de l'impact sur l'économie du Québec

Vente de Rona: l'ex-PDG Robert Dutton est inquiet
A Canadian flag flies over Rona Inc. signage displayed at the company's store in Toronto, Ontario, Canada, on Feb. 3, 2016. Lowe's Cos. agreed to buy rival Rona for C$3.2 billion ($2.3 billion) in cash to create one of Canada's biggest home-improvement retailers, almost four years after its earlier takeover proposal got rebuffed. Photographer: Cole Burston/Bloomberg via Getty Images
Bloomberg via Getty Images
A Canadian flag flies over Rona Inc. signage displayed at the company's store in Toronto, Ontario, Canada, on Feb. 3, 2016. Lowe's Cos. agreed to buy rival Rona for C$3.2 billion ($2.3 billion) in cash to create one of Canada's biggest home-improvement retailers, almost four years after its earlier takeover proposal got rebuffed. Photographer: Cole Burston/Bloomberg via Getty Images

L'ancien PDG de Rona Robert Dutton est préoccupé par l'avenir de l'industrie de la quincaillerie au Québec. En entrevue à RDI Économie, celui qui a dirigé l'entreprise pendant 20 ans rappelle que ce secteur fait travailler 33 000 personnes dans la province.

Robert Dutton dit que Rona a développé un réseau de fournisseurs locaux en région, et il s'inquiète pour eux. «Rona, ce n'est pas que des quincailleries, dit-il. Il faut comprendre l'écosystème. Le développement du secteur manufacturier de la quincaillerie s'est fait majoritairement grâce à la croissance de Rona. Qu'est-ce qui va arriver avec les achats ici au Québec?» Selon lui, environ 10 000 emplois dans cette industrie sont directement attribuables à Rona.

«Lowe's n'a pas d'engagement ferme à préserver les achats au Québec. L'expérience d'autres entreprises montre que les promesses ne se sont pas concrétisées. C'est préoccupant», ajoute-t-il.

Robert Dutton reconnaît que l'offre était difficile à refuser pour les actionnaires, qui ont approuvé la vente jeudi dernier. Lowe's a offert une prime de 110 % sur le cours de l'action, ce qui a été rendu possible par la dévaluation du dollar canadien. Mais l'ex-PDG, aujourd'hui professeur associé de l'École des dirigeants HEC Montréal, souligne qu'on ne peut pas limiter l'analyse d'une transaction au bénéfice pour les actionnaires.

Selon le PDG de Rona de 1992 à 2012, il faudra attendre environ cinq ans avant de pouvoir dire si la transaction a été bénéfique ou non pour l'économie du Québec. Mais il en doute. Il prédit qu'il y aura «du spectacle» à court terme de la part de Lowe's pour se faire rassurante.

La Caisse de dépôt et placement du Québec, qui possède plus de 15 % des actions de Rona, a aussi approuvé la transaction. Son PDG, Michael Sabia, estimait alors que la Caisse ne pouvait faire autrement. «Notre choix était de perdre les épargnes des Québécois ou non», avait-il expliqué en entrevue à RDI Économie.

Mais Robert Dutton ne partage pas cette analyse. «On a décidé d'oublier l'esprit entrepreneurial qui avait été l'âme de Rona au cours des 70 dernières années», dit-il. Il rappelle que l'entreprise a surmonté plusieurs crises, et que la disparition de Rona a été faussement annoncée chaque fois qu'un nouveau concurrent est apparu : Canadian Tire, Réno-Dépôt (finalement acheté par Rona), puis Home Dépôt. «L'entreprise s'en est toujours sortie», dit-il.

M. Dutton est d'avis, comme d'autres hommes affaires, qu'une réflexion doit se faire sur l'avenir des sièges sociaux au Québec, après les ventes ces derniers jours de Rona et des rôtisseries St-Hubert. «On doit décider si on veut faire comme certains États américains et intervenir. Oui, il faut protéger les actionnaires, mais on est une province où on a un problème au niveau de l'entrepreneuriat, au niveau du revenu disponible, et au niveau du PIB. Lorsqu'on perd un siège social, cela a un impact», dit-il.

Avant tout, toutefois, il soutient que la volonté politique doit être au rendez-vous, ce qui n'est pas le cas, selon lui.

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