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Budget Leitao : Les producteurs en serres dénoncent un rabais réservé aux grandes entreprises

Budget Leitao : Les producteurs en serres dénoncent un rabais réservé aux grandes entreprises

QUÉBEC – Les producteurs de légumes en serre ne digèrent pas que le gouvernement Couillard offre un rabais sur le tarif d’électricité aux alumineries, alors qu’ils réclament le même privilège, sans succès.

«Année après année, le gouvernement du Québec pense que la création d’emplois passe par la grande entreprise, alors que ce sont les PME qui créent des emplois, lance le président du regroupement Les producteurs de serres du Québec, André Mousseau. Ça me dit juste que ce n’est pas la création d’emplois qui intéresse ce gouvernement-là.»

Le PDG de l’Association des détaillants en alimentation du Québec est encore plus cinglant. «Si on est capables de donner des rabais importants à des compagnies étrangères, on devrait aussi aider nos entreprises du Québec», peste Florent Gravel dans une allusion à Rio Tinto Alcan.

Dans son budget 2016 dévoilé jeudi, le gouvernement Couillard offre un rabais de 20% sur le tarif L aux grandes manufacturières qui réaliseront des investissements au Québec. La mesure ne touche toutefois que quelque 150 grandes entreprises du Québec, dont les papetières et les transformateurs du secteur alimentaire.

Québec prévoit que la mesure entraînera des investissements de 2,6 milliards$ sur cinq ans, dont 350 millions$ cette année.

Pendant ce temps, les producteurs de légumes en serres en arrachent. Le Québec a perdu 19% de ses fermes productrices en cinq ans, comme le rapportait Le Journal de Montréal récemment. Savoura, la plus importante productrice de tomates en serres, a notamment blâmé sa faillite l’an dernier sur le coût de l’électricité.

Créer des emplois

Alors que les grandes entreprises qui bénéficient du tarif L paient 4,9 sous du kWh, les producteurs de légumes en serres doivent débourser le tarif domestique de 8,60 sous du kWh, plus s’ils dépassent une consommation de 50 KW. La majorité des entreprises préfèrent donc utiliser l’huile de chauffage, le gaz naturel ou la biomasse.

Devant les surplus d’Hydro-Québec en électricité, les producteurs réclament donc un tarif de 4 sous du kWh. Une quinzaine de gros producteurs, sur 700, ont déjà accès à des tarifs spéciaux, mais la Régie de l’énergie refuse d’étendre ce rabais aux plus petites entreprises.

Ce tarif réduit permettrait de réduire le coût des aliments québécois en magasin, particulièrement hors-saison. «Les clients veulent acheter notre produit, mais il est un peu trop cher», déplore André Mousseau.

«Les bottines ne suivent pas les babines, lance Florent Gravel. On fait la promotion des aliments du Québec, on incite le consommateur à acheter des produits québécois, mais quand vient le temps de soutenir notre agriculture, on dirait que le gouvernement oublie que ce serait important de nous donner un coup de main.»

Les producteurs affirme qu’un tarif à 4 sous permettrait de doubler la production de légumes en serres au Québec et de créer 1000 emplois. «Et c’est sans compter les serres ornementales», dit André Mousseau.

Le premier ministre Couillard veut réduire les émissions de carbone, rappelle Florent Gravel. Alors pourquoi ne pas miser sur les aliments locaux, plutôt que sur des produits importés? «On a la chance d’avoir énergie verte, dit Florent Gravel au sujet de l’hydro-électricité. Ça viendrait aider l’économie et les consommateurs, en plus de créer des emplois.»

Les producteurs attendent maintenant la politique énergétique que le gouvernement Couillard doit dévoiler bientôt. «On nous a dit qu’il y aura des éléments qui pourraient permettre à notre industrie de se développer, dit André Mousseau. Mais on attend de voir.»

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