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Tournée: le printemps américain de l'Orchestre symphonique de Montréal

Tournée: le printemps américain de l'Orchestre symphonique de Montréal
Caroline Bergeron

Après avoir livré à la maison trois concerts de qualité incluant l’interprétation du Sacre du printemps, du compositeur Igor Stravinsky, et la superbe performance de l’étoile montante Daniil Trifonov (Concerto pour piano no 3 de Prokofiev), l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) et son chef Kent Nagano se lanceront dans l’aventure d’une tournée américaine qui durera deux semaines, du 14 au 26 mars.

Cette tournée sera la neuvième de l’Orchestre aux États-Unis. Il implique des programmes présentant notamment Le sacre du printemps (à Ann Arbor, au Michigan, et à Santa Barbara, en Californie, l’OSM proposera plutôt L’oiseau de feu, toujours de Stravinsky). Les premiers concerts seront offerts dans des villes de la côte Est américaine, dont Washington, New York et Boston. Ensuite, l’OSM poursuivra son périple vers l’ouest pour s’arrêter à Chicago et Ann Arbor. Ensuite, la Californie : Palm Desert, San Diego, Santa Barbara, Rohnert Park et Berkeley.

La dernière tournée américaine de cette envergure remonte à 1989.

Programmation 2016-2017 de l'OSM

En 2000, l’OSM avait bel et bien fait une petite virée en Floride, mais il n’avait donné que cinq concerts. C’est d’ailleurs la première expérience américaine du genre pour Nagano avec l’OSM. Belle manière, donc, de célébrer une 10e saison à la barre de la troupe montréalaise, d’autant plus que le maestro (un Américain d’ascendance japonaise) est né en terres californiennes.

Les pianistes Daniil Trifonov et Maria João Pires (elle jouera seulement au mythique Carnegie Hall de New York), deux artistes qui ont récemment ébloui les Montréalais à la Maison symphonique, seront les solistes qui accompagneront l’OSM au cours de cette tournée. Le jeune génie russe interprètera (il est né en 1991) le Concerto no 3 de Prokofiev tandis que la dame de grande expérience, Maria João Pires, livrera le Concerto no 3 de Beethoven, juste pour les New-Yorkais.

Le rayonnement

Aux dires de Kent Nagano, une tournée aux États-Unis n’est pas chose facile. Le territoire est vaste. De plus, les coûts sont élevés, puisque l’OSM doit prendre en charge de plus en plus les frais liés à la production et à la promotion des concerts. C’est ici que le soutien des partenaires financiers deviendrait crucial.

Or, malgré les risques, l’OSM considère qu’une telle tournée est essentielle, à la fois pour le rayonnement de son travail et la crédibilité qui en découle, ici et à l’étranger. La direction de l’Orchestre explique d’ailleurs [dans un récent communiqué] que la tournée est une tradition qui vise à promouvoir l’excellence. C’est pompeux, mais ce n’est pas moins vrai.

L’OSM s'est produit lors d’une quarantaine de tournées et d’une trentaine de sorties nationales et internationales. Il a entre autres effectué dix tournées en Asie, onze tournées en Europe et trois en Amérique du Sud. La plus récente s’est déroulée au Japon et en Chine (une première dans l’histoire de l’OSM), à l’automne 2014.

Dans le code génétique de l’OSM

D’après le maestro, les compositeurs tels Ravel (La valse de Ravel sera seulement présentée à New York) Debussy, Prokofiev, tout comme Le sacre du printemps (de Stravinsky), sont intimement liés au parcours de l’OSM : «Le sacre fait partie de notre répertoire depuis les débuts de l'orchestre. Ces œuvres que nous proposerons en tournée ont beaucoup à faire avec la tradition et l’histoire de l’OSM, qui a presque joué ça depuis le début de son existence (créée en 1934, la Société des Concerts symphoniques de Montréal deviendra l’Orchestre symphonique de Montréal en 1954).

Ça fait partie de son vocabulaire, de sa culture, de son identité francophone... Je pensais que le moment était parfait pour un tel programme, souligne-t-il en entrevue dans ses bureaux de la Maison symphonique.

Certes, le choix du répertoire met en valeur le parcours de l’OSM.

Mais d’après Kent Nagano, la conception du programme fut également influencée par des préoccupations humanitaristes et philosophiques qui concernent les transformations qui ont cours dans le monde en ce début de XXIe siècle. «C’est un programme qui symbolise le changement, la transition. Dans le travail de Prokofiev et de Debussy, on sent l’influence des profonds bouleversements sociaux qui se produisaient à leur époque, au début du XXe siècle.

Stravinski, lui, a proposé Le sacre du printemps à Paris, seulement une année avant l’éclatement de la Première Guerre mondiale. Cette période a été horrible. »

«Toute cette transition a déstabilisé l’idée que l’on se faisait de l’avenir (jadis), renchérit le chef d’orchestre et directeur musical de l’OSM. J’ai voulu proposer un programme provocant. Actuellement, je pense que nous sommes aussi dans un monde en profonde transformation […] Moi, je suis Américain. Je vois tout ça. Bien des choses que nous croyions acquises nous échappent ou se transforment en ce moment. Les changements sont vraiment rapides [les communications, les technologies, l’environnement]... Mais c’est circonstanciel de commencer à Washington. C’est même ironique de tomber sur la capitale américaine pour lancer cette tournée (rires).

C’est peut-être plus provocateur que je ne l’aurais imaginé !»

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Le Huffington Post Québec sera présent au Concert Hall du Kennedy Center pour assister au premier concert de la tournée américaine de l’Orchestre symphonique de Montréal.

L’itinéraire et les programmes de la tournée sont disponibles sur le site de l’OSM.

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