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«Fratrie» au Théâtre Denise-Pelletier: aujourd'hui papa est mort! (VIDÉO/PHOTOS)

«Fratrie»: aujourd'hui papa est mort! (VIDÉO/PHOTOS)

Comme dit l’adage, «nul n’est prophète en son pays». C’est donc en exil à Paris que le dramaturge québécois, Marc-Antoine Cyr (Je voudrais crever), a écrit la pièce Fratrie dans laquelle il brosse le portrait subtil de quatre frères livrés à eux-mêmes au cœur d’un Québec enneigé. Entre souvenirs autobiographiques et fiction pure, l’auteur livre une œuvre personnelle sur la famille.

«Je ne me sens nulle part chez moi». Voilà comment Marc-Antoine Cyr explique son départ du Québec pour l’autre côté de l’Atlantique. Installé depuis sept ans dans la capitale française, le jeune homme se voit comme un nomade qui a trouvé sa place dans la distance. Car le fait de se retrouver aujourd’hui si loin lui a finalement permis d’imaginer Fratrie.

«Je revisite des choses intimes liées à mon enfance, raconte l’auteur en entrevue. C’est la première pièce que j’ai écrite en arrivant en France. L’éloignement me permettait de laisser remonter d’anciennes sensations enfouies.»

«Fratrie» au Théâtre Denise-Pelletier

Chacun pour soi

Le père vient de mourir. Sur scène, quatre frères isolés doivent apprendre à vivre seuls. À l’extérieur gronde une tempête de neige. C’est un huis clos où les rapports de forces commencent à apparaître. «Dans ce microcosme familial sauvage, le temps est dilaté. On perd le fil des jours. On y voit le passage de l’enfance à l’âge adulte», explique-t-il.

Parmi les frères, il y a Léo qui cache un lourd secret. «Il capte l’attention, car c’est lui qui se sent responsable de la mort du paternel. Les comédiens sont tous des adultes. Ils revisitent ensemble l’événement fondamental.»

Marc-Antoine Cyr est issu d’une famille de quatre frères. À l’instar de Fratrie, il a connu très jeune le décès de son propre père. «La situation, je la connais assez bien, ajoute-t-il. Mais ce qui m’intéressait davantage, c’était le sentiment étrange et parfois douloureux de ne pas sentir à sa place, même au sein de sa famille. Comment devient-on un homme quand on n’a plus rien à quoi se raccrocher?»

La pièce au Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 26 mars est une production hexagonale dont la mise en scène est signée Didier Girauldon de la compagnie Jabberwock installée à Tours. Les comédiens sont également tous Français. «Ils s’expriment en québécois sans imiter l’accent, précise le dramaturge. J’aime l’idée de l’appropriation de notre parler par d’autres. Encore là, tout est question de distance.»

Peu bavard, Fratrie cultive les mystères et les non-dits. «Les mots ne sont que la pointe de l’iceberg, dit Marc-Antoine Cyr. Les réponses se dissimulent dans le sous-texte. J’ai essayé de faire en sorte que les silences soient la véritable matière.»

Fratrie – Texte: Marc-Antoine Cyr – Mise en scène: Didier Girauldon – Production: Compagnie Jabberwock – Théâtre Denise-Pelletier du 8 au 26 mars.

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