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«La pédophilie, c'est pas une maladie, c'est une déviance» - Nathalie Simard

«La pédophilie, c'est pas une maladie, c'est une déviance» - Nathalie Simard
Courtoisie Télé-Québec

C’est une Nathalie Simard forte, assumée et en pleine possession de ses moyens qui a accordé à Richard Martineau une entrevue qui sera diffusée ce mercredi, aux Francs-Tireurs, à Télé-Québec.

Dans cet entretien de près de 30 minutes, Nathalie Simard semble sereine et dégage l’impression d’avoir tiré un trait sur son difficile passé d’enfant-vedette agressée sexuellement. Un passé qu’elle remuait encore pourtant il y a tout juste un an, lorsqu’elle lançait une deuxième biographie, Les chemins de ma liberté, dix ans après avoir raconté son calvaire une première fois, en 2005, dans le livre Briser le silence, de Michel Vastel.

Or, les sévices que Guy Cloutier lui a fait endurer, «les gens sont tannés d’en entendre parler», estime-t-elle aujourd’hui.

Elle-même se dit heureuse de regarder désormais vers l’avant. Épanouie dans son projet de cabane à sucre qu’elle a mise sur pied l’an dernier, Chez Nathalie, en Mauricie, où elle renoue avec la chanteuse qu’elle a toujours été en donnant des spectacles avec d’autres artistes, Nathalie Simard n’aspire maintenant qu’à une chose : le bonheur pour sa fille et pour elle-même, et la plénitude professionnelle, qu’elle jure avoir atteinte.

«Je ne suis pas là pour prouver quoi que ce soit», dira-t-elle à Richard Martineau, qui lui fait remarquer qu’elle n’a peut-être pas eu l’occasion d’affirmer toute l’étendue de son talent vocal dans les dernières années.

«Aujourd’hui, dans ma cabane à sucre, je me paie la traite», rigole-t-elle, qualifiant son nouvel oasis de «petit paradis».

«Ça ne se soigne pas»

Nathalie Simard ne met pas de gants blancs lorsqu’elle parle de son ancien gérant, Guy Cloutier, mais elle le fait sans hargne ni colère, et sans adopter une position de victime. «Je ne suis plus là aujourd’hui», assure-t-elle. Elle reconnaît même les qualités professionnelles de celui qui fut jadis son bourreau.

«Guy Cloutier, c’est un homme qui est pervers, qui est délinquant sexuel, mais c’est un gars qui a bien fait son travail. Il avait ce don de propulser des succès, il avait le pif.»

Plus d’une décennie après avoir dénoncé Guy Cloutier, Nathalie Simard reçoit encore chaque semaine des confidences de victimes qui encaissent des souffrances semblables aux siennes, sans mot dire. Elle déplore l’insuffisance des ressources des centres d’aide, qu’elle appuie néanmoins, et bondit lorsqu’on lui signale que plusieurs considèrent la pédophilie comme une maladie.

«C’est un autre problème de notre super justice, l’excuse que c’est une maladie, s’enflamme-t-elle. La pédophilie, c’est pas une maladie. C’est une délinquance psychologique sexuelle. C’est une déviance. C’est grave. Il ne faut pas penser que ça se soigne. Ça se soigne pas.»

Dans la foulée de l’affaire Jutra il y a deux semaines, certains ont sous-entendu que les écarts de conduite du cinéaste étaient possiblement connus de son entourage, à l’époque. Nathalie Simard, de son côté, vit comment avec le fait que des membres de la garde rapprochée de Guy Cloutier se doutaient peut-être de quelque chose, mais gardaient le silence?

«On appelle ça de l’aveuglement volontaire. C’est sûr, je ne peux pas imaginer le contraire. Mais c’est passé, c’est terminé (…) C’est à chacun sa conscience», décrète-t-elle, ajoutant au passage qu’elle ne regrettera jamais d’avoir révélé au grand jour ce que Guy Cloutier lui faisait vivre, même si le prix à payer a été élevé.

Une grande roue

Richard Martineau se permet quelques questions corsées au cours de cet échange avec Nathalie Simard. Il confronte notamment cette dernière à l’échec de ses initiatives des dernières années, aux poursuites qui ont été intentées contre elle et à la perception que plusieurs ont d’elle, celle d’une femme qui n’assume pas ses erreurs et rejette sans cesse le blâme sur les autres. Il est, entre autres, question de la fondation qui portait son nom, morte trois ans après sa création. Nathalie Simard reconnaîtra qu’elle a été un peu désillusionnée et qu’une fondation, ce n’est «pas ce qu’elle pensait». Pour le reste, elle avance qu’elle est devenue un objet de fascination médiatique au fil des ans.

«Quand tu veux juste survivre (…) et que tu te fais rentrer dedans à chaque fois que tu fais quelque chose, tu te demandes ce que tu fais de pas correct…», martèle-t-elle.

«Toutes les poursuites que j’ai eu, c’était zéro fondé», enchaîne-t-elle.

Nathalie Simard se montre un tantinet cynique lorsqu’elle évoque sa vision actuelle du show-business, qu’elle compare à une grande roue dans laquelle on a du plaisir d’être en constant mouvement.

«Mais, quand tu sors de la grande roue, et que tu les regardes tourner, tu dis : mautadit que c’est ridicule!», balance-t-elle, sans amertume.

Plus que jamais, Nathalie Simard prône l’importance des études, et conseille à tous les parents qui rêvent d’une carrière artistique pour leur progéniture d’être prudents.

«L’école, la scolarité, est capitale dans la vie d’un enfant. Les études devraient passer avant tout, avant le showbiz et le bling-bling (…) Parce que, quand le milieu décide de tirer la plogue, tu crèves de faim!»

Les Francs-Tireurs, ce mercredi, 2 mars, à 21h, à Télé-Québec. En rediffusion le jeudi, à 13h, le samedi, à 20h, et le mardi, à 23h.

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