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Drame survenu à Manawan : Ghislain Picard demande une enquête publique

Manawan: Ghislain Picard demande une enquête publique

La diffusion de notre reportage sur la tragédie qui a emporté cinq jeunes autochtones de Manawan, en juin 1977 a suscité plusieurs réactions. Ghislain Picard, le chef de l'Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador, affirme que cette révélation témoigne de la nécessité de tenir une enquête publique provinciale sur les relations entre les autochtones et les forces policières.

Un texte de Francis Labbé

« Ce reportage soulève plusieurs interrogations sur la façon dont ce dossier-là a été traité à ce moment-là », affirme-t-il. « Clairement, il y a eu selon moi de la négligence. Et on peut facilement croire qu'à l'époque on a dit : ce ne sont que des autochtones, c'est moins important d'être aussi minutieux. »

« Nous demandons une enquête publique indépendante où on pourrait mettre sur la table des exemples comme celui de Manawan et d'autres, qui démontrent qu'il y a quelque chose qui ne marche pas ici. » Le chef Picard entend demander par écrit au ministre la tenue de cette enquête provinciale.

Ghislain Picard n'est pas le seul à demander la tenue d'une telle enquête publique. Édith Cloutier, directrice générale du Centre d'amitié autochtone de Val-d'Or, demande la même chose.

« Il serait grand temps qu'une commission d'enquête publique indépendante sur la relation policière (avec) les Premières nations soit mise sur pied par le gouvernement », demande-t-elle.

Une demande qu'elle avait lancée une première fois l'automne dernier au moment de la crise survenue à Val-d'Or, dans la foulée des révélations du reportage de l'émission Enquête sur des abus qu'auraient subis des femmes autochtones de la part de policiers.

De Val-d'Or à Sept-Îles

Des autochtones d'un peu partout au Québec ont tenu à commenter ce reportage. Richard Kistabish, un Algonquin de Val-d'Or, a tenu à témoigner lui aussi. « Il y a tellement longtemps que nous nous taisons sur ce genre d'histoire », confie-t-il. « Il était grand temps que ces gens soient entendus. »

De son côté, Michelle Audet, ex-présidente de l'Association des femmes autochtones du Canada, a tenu à réagir elle aussi. « Ça démontre encore une fois que le système, il y a quarante ans, comme encore aujourd'hui, a beaucoup de difficulté à répondre adéquatement aux réalités des peuples autochtones », affirme-t-elle.

« C'est aberrant et pour moi, le temps n'a aucune importance », poursuit Mme Audet. « Ces familles-là méritent justice. Pourquoi cette justice-là n'a pas été rendue avant, bonne question. Chose certaine, trop longtemps on ne nous entendait pas, ou encore on faisait la sourde oreille », lance Mme Audet.

Dossier ouvert à la Sûreté du Québec

À la Sûreté du Québec, on affirme avoir discuté récemment du dossier avec un procureur de la couronne. Ce dernier aurait invité les policiers à tenter d'obtenir des preuves supplémentaires, ce à quoi comptent s'affairer les enquêteurs dans les prochaines semaines.

Après coup, le dossier pourra être transmis - avec ou sans preuve supplémentaire - à la Direction des poursuites criminelles et pénales (DPCP). Si le DPCP décidait de déposer des poursuites, ou non, il rencontrera les autochtones pour leur expliquer pourquoi.

« C'est ce que nous souhaitons », nous a expliqué Valérie Quitich, de Manawan, qui a perdu sa mère Juliana dans la tragédie. « Nous souhaitons qu'on vienne nous rencontrer pour nous expliquer, de manière à ce que nous puissions faire notre deuil et peut-être, commencer à pardonner. »

Maisy Odjick

Des femmes autochtones portées disparues au Canada

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