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Énergie Est : TransCanada promet 120 emplois de plus au Québec (VIDÉO)

Énergie Est: TransCanada promet 120 emplois de plus au Québec (VIDÉO)

Lors d'une conférence de presse donnée mercredi à Montréal, la direction de l'entreprise albertaine de transport pétrolier TransCanada a affirmé que l'accessibilité sociale représentait son « but ultime » en ce qui a trait au projet controversé qu'elle compte mener d'ouest en est du pays : l'oléoduc Énergie Est.

Du même souffle, TransCanada a annoncé avoir conclu « une entente majeure » d'approvisionnement avec une entreprise suisse, ABB, qui devrait profiter à l'économie québécoise, disent les parties.

L'entente stipule qu'ABB livrera à TransCanada plus d'une vingtaine de bâtiments électriques d'une valeur de plusieurs millions de dollars qui approvisionneront en électricité les stations de pompage installées le long du futur oléoduc Énergie Est, si le projet est approuvé par les autorités réglementaires. Les bâtiments qu'ABB devra livrer sont des modules préfabriqués conçus pour durer plus de 30 ans tout en résistant aux conditions extrêmes de froid et de neige.

Ces bâtiments seront fabriqués dans le Grand Montréal, ce qui devrait créer jusqu'à 120 emplois au Québec, en plus de 90 emplois indirects à l'extérieur de Montréal, promet-on. ABB se dit par ailleurs persuadée de voir ces emplois devenir permanents, estimant qu'il y aura une demande pour ce type de bâtiment à plus long terme, notamment pour le développement du Plan Nord.

La filiale canadienne d'ABB est localisée dans la région métropolitaine.

« Ces emplois s'ajoutent aux 3200 emplois à temps plein, directs et indirects, qu'Énergie Est devrait créer au Québec durant le développement et l'exploitation du projet. »

— John Soini, président du projet oléoduc Énergie Est

Louis Bergeron, vice-président du projet d'oléoduc Énergie Est pour le Québec et le Nouveau-Brunswick, est persuadé que l'entente annoncée entre ABB et TransCanada n'est que la première d'une série d'annonces : « Il y a 180 partenaires au Québec qui ont manifesté leur intérêt, ce qui pourrait générer éventuellement plus d'emplois significatifs au Québec », dit-il.

TransCanada évalue que la construction générerait près d'un milliard de dollars en revenus fiscaux pour le Québec, en plus d'ajouter 1,2 milliard de dollars de recettes fiscales, par la suite, pour les 20 premières années d'exploitation.

L'Office national de l'énergie intime à TransCanada de mettre de l'ordre dans ses documents

Cette annonce conjointe de TransCanada et de ABB est survenue quelques heures seulement avant que l'Office de l'énergie (ONE) exige de TransCanada qu'elle mette de l'ordre dans ses documents et reformule clairement sa demande d'autorisation pour son projet Énergie Est.

L'ONE est l'organisme fédéral qui évalue la portée du projet d'oléoduc Énergie Est sur le plan environnemental. Or, de l'avis de l'Office, les milliers de pages de documents fournies par TransCanada font en sorte « qu'il est difficile même pour des experts de s'y retrouver ».

C'est donc dire que TransCanada est loin d'avoir reçu le feu vert pour son projet de pipeline de 4600 kilomètres, évalué à 15,7 milliards de dollars, et qui transporterait 1,1 million de barils de pétrole par jour à partir de l'Ouest canadien jusqu'à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick, le tout en passant par le Québec.

La Communauté métropolitaine de Montréal a dit non à Énergie Est

Le 21 janvier dernier, le maire de Montréal, Denis Coderre, avait créé une certaine commotion en affirmant, au sujet d'Énergie Est, que « le projet comporte des risques importants pour notre environnement et trop peu de retombées pour notre économie ». Le maire Coderre parlait aussi au nom de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).

Le refus du maire Coderre d'appuyer le projet d'oléoduc s'ajoutait à celui d'autres opposants. Au Québec, par exemple, certaines petites municipalités affirment avoir leur mot à dire dans le projet.

Mercredi, le maire Coderre ne s'est pas montré impressionné devant la volonté affichée de TransCanada d'instaurer ce que Louis Bergeron d'Énergie Est a qualifié de « dialogue basé sur le respect ».

M. Bergeron se targue de diriger depuis six mois une équipe entièrement québécoise qui a de tout nouveaux bureaux à Montréal. Le président du projet oléoduc Énergie Est, John Soini, a lui-même affirmé son intention d'apprendre le français et a prononcé une partie de son allocution dans cette langue en conférence de presse.

Qu'à cela ne tienne, M. Coderre exige du concret de TransCanada.

« Vous avez un mauvais citoyen corporatif qui n'a pas daigné se prendre en main et participer de façon inclusive au processus. Maintenant, il y a un nouveau leadership, on va les laisser venir. Il [Louis Bergeron] m'a invité à aller le rencontrer. Je n'ai aucun problème à aller les rencontrer, mais c'est pas juste d'avoir un café ensemble, il faut obtenir des réponses techniques. »

— Denis Coderre, maire de Montréal

« Je comprends les préoccupations des maires de la CMM, a déclaré M. Bergeron en entrevue sur les ondes de ICI RDI, mercredi. [...] On est très encouragés par les recommandations [de la CMM]. Elles sont tout à fait en ligne avec ce qu'on pense qui doit être fait pour améliorer le projet ».

« Je suis d'accord que dans le passé, il y a peut-être eu des ratés au niveau de la communication. »

— Louis Bergeron, vice-président Québec et Nouveau-Brunswick pour le projet d'oléoduc Énergie Est de TransCanada

L'aval du milieu des affaires

Si le projet Énergie Est a son lot d'opposants, il a aussi quantité de partisans. Ainsi, on pouvait noter durant la conférence de presse la présence de :

  • Françoise Bertrand, PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec
  • Paul Faulkner, DG du Conseil provincial du Québec des métiers de la construction
  • Éric Tétrault, président des Manufacturiers et exportateurs du Québec
  • Yves-François Thomas, PDG du Conseil du patronat du Québec
  • André Brunelle, membre de l'Association industrielle de l'Est de Montréal
  • Joseph Huza, DG de la Chambre de commerce de l'Ouest-de-l'Île de Montréal

Le président de Manufacturiers et exportateurs du Québec, Éric Tétrault, n'a pas caché que le travail de base effectué par l'entreprise albertaie avait été déficient, bien qu'il se soit montré étonnamment optimiste pour la suite.

« C'est difficile de demander aux gens d'accepter un projet quand, partout sur la scène publique depuis quatre ans, on fait état des risques, des catastrophes et qu'on ne fait jamais état des bénéfices. Je suis même surpris qu'il n'y ait pas moins d'acceptabilité sociale autour du projet que ça », a avoué candidement M. Tétrault. « À partir d'aujourd'hui, on commence à parler des bénéfices autour du projet et je suis très confiant que l'opinion des gens va changer », a-t-il conclu.

Une opération charme?

Pour sa part, le président du Conseil du patronat du Québec (CPQ), Yves-Thomas Dorval, estime que TransCanada n'a d'autre choix que d'ajuster le tir, tout en hésitant de qualifier le tout « d'opération charme ».

« Je n'aime pas dire ça, parce que ça voudrait dire que c'est cosmétique, affirme M. Dorval. Je suis content de voir que TransCanada a décidé de prendre le taureau par les cornes et de s'impliquer à faire une communication qui soit beaucoup plus professionnelle, beaucoup plus juste, beaucoup plus transparente. »

Pour sa part, la présidente de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Françoise Bertrand, voit plutôt le changement de ton comme une réaction à la stratégie de la CMM.

« Je pense que monsieur Coderre [le maire de Montréal et président de la CMM] est un bon négociateur. Aller chercher le plus possible de retombées économiques, on ne peut être contre, au contraire. Je pense que c'est une position de négociation. »

— Françoise Bertrand, présidente de la Fédération des chambres de commerce du Québec

Pour Greenpeace, Énergie Est est incompatible avec la lutte contre les changements climatiques

Les groupes environnementalistes, qui s'opposent vigoureusement au projet d'oléoduc, n'entendent toutefois pas laisser le champ libre à la pétrolière sur le terrain médiatique.

Mercredi, Greenpeace a publié un communiqué dans lequel son porte-parole en matière de changement climatique, Patrick Bonin, affirme que cette annonce de TransCanada, mercredi, « ne changera rien au fait que le projet Énergie Est est totalement incompatible avec la lutte contre les changements climatiques et présente des risques graves pour l'eau potable de millions de Québécois en cas de déversement ».

Greenpeace fait valoir qu'Énergie Est est « un projet pétrolier destiné presque exclusivement à l'exportation » qui se traduirait par une hausse « dramatique » des émissions de gaz à effet de serre au Canada et entraînerait une hausse de près de 40 % de la production en provenance des sables bitumineux.

TransCanada affirme toutefois que l'industrie prévoit une augmentation de production des sables bitumineux et fait valoir que, puisque ce pétrole additionnel devra être transporté, il serait préférable de choisir le moyen le plus sûr, ce qu'il soutient pouvoir offrir.

De plus, Louis Bergeron insiste pour parler « d'une nouvelle approche » de la part de TransCanada qui, dit-il, veut suivre la voie de la « collaboration et de la conciliation avec les gens qui sont concernés par le projet ».

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