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Donald Trump, le début de la fin?

Donald Trump, le début de la fin?

Les sondages le donnaient pourtant gagnant dans les caucus républicains en Iowa, lundi. Donald Trump est plutôt arrivé deuxième, après Ted Cruz. Retour sur cette cuisante défaite du candidat milliardaire.

Un texte de Danielle Beaudoin

Les caucus de l'Iowa ont lancé lundi aux États-Unis le bal électoral pour la présidentielle de novembre avec des surprises à la clé. L'une d'elles est le revers subi par Donald Trump, le grand favori des républicains dans les sondages depuis plusieurs mois. Le sénateur du Texas, Ted Cruz, lui a damé le pion en obtenant l'appui de 27,6 % des électeurs républicains. Donald Trump a recueilli 24,3 % des voix, suivi de près par Marco Rubio, avec 23,1 %.

Comment expliquer la déconvenue du magnat de l'immobilier? Voici quelques pistes de réflexion avec Élisabeth Vallet et Karine Prémont, chercheuses à l'Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand.

Les électeurs au rendez-vous

Au moins 186 000 électeurs républicains se sont déplacés pour participer aux caucus de lundi, rapportent les médias américains. C'est beaucoup plus que d'habitude. Des analystes croyaient qu'une forte participation allait peut-être avantager Donald Trump, qui s'efforçait d'attirer les nouveaux électeurs.

«On vient de voir les limites de la politique-spectacle. Trump s'était targué de faire sortir les cyniques de chez eux, de leur sofa, et de les amener jusqu'au bureau de vote et, en fait, ce n'est pas vraiment ce qui s'est passé.»

— Élisabeth Vallet, professeure de géopolitique à l'UQAM

«Si plus de gens se sont mobilisés, ce n'était pas nécessairement pour Donald Trump. [...] Un certain nombre de gens ne le voient pas les représenter au Parti républicain», note Élisabeth Vallet. Même son de cloche du côté de Karine Prémont, professeure de science politique à l'Université de Sherbrooke : «Ce sont les gens qui ont eu peur peut-être que Trump passe qui ont décidé d'aller voter».

La droite religieuse

Le sénateur Ted Cruz, religieux et ultraconservateur, a attiré lundi les votes des électeurs évangéliques, qui sont beaucoup plus nombreux en Iowa qu'ailleurs au pays.

«On avait un peu oublié aussi l'importance du vote de la droite religieuse en Iowa. On l'avait écartée un petit peu du portrait, et je pense que c'est ça qui a permis à Cruz ultimement de coiffer Trump au poteau.»

— Karine Prémont

Faire du terrain

Ted Cruz et Marco Rubio ont passé beaucoup de temps en Iowa, à serrer des mains et à faire des discours. Ils sont allés à la rencontre des électeurs dans les commerces, les restaurants et les réunions politiques. Pendant ce temps, Donald Trump surfait sur sa popularité des derniers mois.

«Ce qui est clair des résultats d'hier, c'est la force du travail de terrain. C'est qu'ultimement, peu importe l'argent qu'on a, peu importe le statut de vedette qu'on a, peu importe comment on utilise les médias sociaux, ce qui est rassurant, c'est de voir que c'est la démocratie qui fonctionne, c'est le travail de terrain qui donne des résultats.»

— Karine Prémont

Bouder le débat de Fox News

Donald Trump a fait couler beaucoup d'encre en boycottant le 28 janvier le dernier débat télévisé des candidats républicains, organisé par Fox News à Des Moines, capitale de l'Iowa. Des analystes croient que ce geste a finalement nui au milliardaire lors des caucus de lundi.

«Peut-être que les gens de l'Iowa on dit : "Si vous pensez que ce n'est pas suffisamment important pour vous d'aller faire ce débat-là, mais peut-être que vous ne méritez pas notre vote". C'est peut-être une erreur stratégique qui va avoir fait la différence.»

— Karine Prémont

Alors que le milliardaire brillait par son absence, Marco Rubio a su faire belle figure lors du débat de Fox News, et cela lui aurait donné une longueur d'avance aux caucus de lundi, selon plusieurs.

La bonne performance de Marco Rubio

D'après Élisabeth Vallet, le sénateur de la Floride est le véritable gagnant des caucus républicains en Iowa.

« Oui, Ted Cruz a gagné, mais au fond, c'est son électorat de prédilection, l'Iowa. Alors le fait que Rubio ressorte à ce moment-là aussi proche de Trump est effectivement un indicateur qu'on pourrait avoir un candidat qui ait de l'allure.»

— Élisabeth Vallet

Selon Mme Vallet, Marco Rubio serait un très bon candidat pour l'establishment républicain, notamment parce qu'il est plus modéré que ses deux principaux adversaires. Karine Prémont le croit aussi : «Ça pourrait devenir celui sur lequel on va miser pour contrer Trump et Cruz à long terme.»

«Hillary Clinton ne souhaite absolument pas se mesurer à Rubio. Ses chances sont moins bonnes, si c'est le cas, parce que Rubio a un discours beaucoup plus logique, beaucoup plus pragmatique que Cruz et Trump; c'est plus difficile à déconstruire, à déstabiliser. Alors elle redoute très certainement d'avoir à faire face à un type comme Rubio.»

— Karine Prémont

Revers passager ou chute irréversible?

Qu'annonce la déconvenue de Donald Trump en Iowa? Difficile à dire, selon Élisabeth Vallet : «Ce qu'on va chercher à regarder à partir de là, c'est l'alignement des astres. Donc, oui l'Iowa est un indicateur qu'il ne l'aura pas facile».

Donald Trump va-t-il changer de stratégie pour les prochains caucus et primaires?

«Je pense qu'il va ajuster sa stratégie. C'est un homme aux multiples discours, il a un côté très caméléon, il s'adapte. Il a pris des positions, il est revenu sur ses positions, d'ailleurs sans qu'on lui en tienne rigueur, ce qui est assez surprenant. »

— Élisabeth Vallet

Selon Élisabeth Vallet, il sera intéressant de voir comment se débrouille Donald Trump en Caroline du Sud, un État très conservateur. Le milliardaire qui s'est prononcé pour l'avortement arrivera-t-il à convaincre les conservateurs de cet État qu'il n'est pas une girouette qui «s'adapte un peu au discours qu'on attend de lui selon les endroits où il se situe»?

Karine Prémont note que Donald Trump mène d'une vingtaine de points sur Ted Cruz au New Hampshire, selon les sondages réalisés avant les caucus de lundi. Elle se demande s'il y aura un «effet Iowa» sur l'appui au milliardaire. «Les gens vont peut-être dire : "Bon ben, finalement, c'est peut-être pas si intéressant cette candidature-là. On est peut-être mieux de mettre notre vote sur quelqu'un qui a de réelles chances de l'emporter."»

«Évidemment, s'il gagne le New Hampshire, ça va lui donner un peu de vent dans les voiles pour la suite des choses et peut-être que, finalement, on aura eu juste une petite accalmie pendant l'Iowa. Mais s'il perd dans le New Hampshire, sa campagne va être fortement handicapée, ça c'est assez clair.»

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