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Le conjoint de Maude Carrier raconte ses moments d'angoisse depuis les attentats de Ouagadougou

Le conjoint de Maude Carrier raconte ses moments d'angoisse

Les proches de la famille Carrier, décimée dans l'attaque djihadiste de Ouagadougou vendredi dernier, passent par toute la gamme des émotions depuis l'annonce des décès survenus au Burkina Faso. Le conjoint de Maude Carrier souhaite que le ministère des Affaires étrangères déploie les ressources nécessaires pour rapatrier les corps des victimes.

Yves Richard, enseignant comme sa conjointe, se faisait une joie de retrouver les trois coopérants Gladys Chamberland, Louis Chabot et Maude Carrier, qu'il devait aller chercher samedi à l'aéroport Pierre-Elliot-Trudeau, à Montréal. Mais les premières nouvelles diffusées vendredi à la radio ont rapidement soulevé son inquiétude.

« Vendredi, j'étais de retour de l'école en auto et j'entends à la radio qu'il se passe quelque chose au Burkina Faso. C'est sûr que tu sourcilles un peu, tu penses que ça ne concerne pas tes proches, ils étaient à quelques heures de revenir », se remémore Yves Richard.

En arrivant à la maison, M. Richard raconte avoir tenté sans succès d'avoir des nouvelles du groupe. Yves Richard gardait espoir, car les coopérants étaient logés durant leur séjour dans un couvent à l'extérieur de Ouagadougou, dans le village de Kongoussi.

Samedi, après des recherches sur Internet, des demandes d'information envoyées par courriel et un appel téléphonique infructueux à l'ambassade canadienne à Ouagadougou, c'est finalement une soeur de la congrégation religieuse de Kongoussi qui lui a appris la funeste nouvelle.

« C'est soeur Inès, en larmes, hystérique et qui me dit qu'elle est à la morgue pour identifier les corps. J'ai beau la questionner, lui demander de se calmer, elle répète constamment qu'ils sont partis, ils sont partis », relate M. Richard, la voix nouée par l'émotion.

Le gouvernement fédéral interpellé

Ce n'est que dimanche que la famille a reçu un appel du ministère des Affaires internationales. L'enseignant mentionne avoir pu contacter le ministère grâce à un membre de la famille Carrier.

M. Richard souhaite maintenant que le gouvernement fédéral se mobilise afin que les corps soient rapatriés le plus rapidement possible. En colère, il presse le gouvernement fédéral de mettre tout en oeuvre pour la suite des choses.

« Est-ce qu'il y a quelqu'un qui va s'organiser pour savoir où on s'en va? [...] Je veux des moyens pour pouvoir panser mes plaies, faire mon deuil, pouvoir organiser des funérailles. Ce sont des gens humainement exceptionnels. Je veux qu'ils aient un traitement exceptionnel. »

— Yves Richard

Compte tenu du contexte inhabituel de la situation, il faut s'attendre à des délais avant de rapatrier les corps, souligne M. Richard. La délivrance des certificats de décès, notamment, est gérée par l'ambassade.

Justin Trudeau montré du doigt

De son côté, la mère de Maude Carrier, Camille Carrier, se dit révoltée. Elle s'en prend au premier ministre Justin Trudeau et aux politiques de son gouvernement, à qui elle reproche de tenir des discours contre le terrorisme, mais de ne pas passer aux actes.

« Je suis révoltée de voir notre premier ministre, comme d'habitude, avec des formules creuses, des lieux communs, des choses qu'on utilise pour être poli, convenant, de l'entendre condamner ce qui s'est passé, et de savoir qu'il ne participe pas aux combats. Même avant ça, j'avais honte qu'il ne participe pas aux combats. »

— Camille Carrier

Les familles disent par ailleurs avoir eu de la difficulté à se faire confirmer le décès des leurs. Le député conservateur de Charlesbourg-Haute-Saint-Charles, Pierre Paul-Hus, a été contacté par le conjoint de Maude Carrier pour leur venir en aide.

Le député déplore que les familles soient restées 48 heures sans nouvelles, parce que, dit-il, les événements sont survenus une fin de semaine.

« On a réussi à faire bouger les choses, mais il faut revoir ça. On demande au gouvernement libéral de questionner à l'interne vraiment les procédures parce que les incidents arrivent n'importe quand, tous les jours de la semaine, donc, on devrait être en mesure d'avoir quelqu'un tous les jours de la semaine. »

Maude Carrier, âgée de 39 ans, était enseignante et mère de deux jeunes enfants de 3 et 5 ans. Son père, Yves Carrier, est aussi décédé dans les attentats.

D'après les informations de Camille Simard

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