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La Traversée: un reportage immersif à 360° sur les réfugiés de Lesbos avec Susan Sarandon

Le Huffington Post s'est associé à RYOT afin de tourner des films en réalité virtuelle sur la crise des réfugiés.
Tyson Sadler/RYOT

Le Huffington Post américain s'est associé à RYOT, une société de production innovante, afin de tourner des films en réalité virtuelle sur l'aspect humanitaire de la crise des réfugiés.

Susan Sarandon présente une série de ces vidéos de voyage qui mettent l'accent sur les hommes, les femmes et les enfants qui ont entrepris ce périlleux voyage vers l'Europe de l'Ouest, ou vers tout autre destination susceptible de garantir leur sécurité, et sur ceux qui tentent de les aider. Réunis sur une page avec des textes de l'actrice, ce reportage d'un nouveau genre a été baptisé "The Crossing", la traversée.

Voici quelques films à 360° publiés à cette occasion:

Avec les réfugiés

Susan Sarandon : "Je suis venue à Lesbos pour écouter et pour apprendre. Je voulais me rendre compte par moi-même de ce que la traversée représente pour ces réfugiés, entendre leurs récits et leurs espoirs pour l’avenir. C’est ici que ça se passe. Chaque jour, des milliers de personnes débarquent ici, depuis des mois. La situation est dramatique et les choses ne font qu’empirer."

Susan Sarandon : La traversée a été très agitée?

(Quelqu’un parle dans une autre langue)

Susan Sarandon : Ils font tous partie du même groupe dans ce canot?

L’autre personne: Oui.

Susan: Ils ont déjà des amis ici?

(Quelqu’un parle dans une autre langue)

Susan Sarandon : "J’espère qu’en voyant leurs visages et en découvrant leur histoire, les gens se rendront compte qu’ils ont énormément de choses en commun, et qu’ils porteront un regard différent sur eux, afin de les aider du mieux qu’ils peuvent. Ces gens sont comme vous et moi. Ils veulent que leurs enfants soient en sécurité, qu’ils aient de quoi se laver, qu’ils aillent à l’école. Chacun de ces gilets de sauvetage symbolise les espoirs d’une des personnes qui a entrepris ce périple."

L’enregistrement

Susan Sarandon : "Je suis venue à Lesbos pour écouter et pour apprendre. Je voulais me rendre compte par moi-même de ce que la traversée représente pour ces réfugiés, entendre leurs récits et leurs espoirs pour l’avenir. C’est ici que ça se passe."

Susan Sarandon : "Un bateau vient d’arriver, et les plongeurs tentent de l’aider à accoster. De la taille aux pieds, ils sont trempés quasiment en permanence. Il y a quelques bébés. On essaie tous de réchauffer les réfugiés, de leur offrir du thé pendant qu’ils attendent le bus, en espérant qu’on pourra leur donner des chaussettes propres. Quand vous descendez du bus, on vous donne un numéro, comme à la poste. Il vous indique combien de jours vous devrez patienter avant de pouvoir vous faire enregistrer."

Susan Sarandon : "(inaudible) voici la file d’attente pour se faire enregistrer dans le camp. Le début de l’enregistrement. Il y a tant de monde, tant de personnes affamées et épuisées."

"Si vous êtes originaire de Syrie, d’Afghanistan et d’Irak, vous êtes considéré comme un-e réfugié-e et il y a plus de chance qu’on vous laisse entrer que si vous avez le statut d’immigré-e. Il est interdit de séparer les familles."

Susan Sarandon : "Il fait tellement froid. La nuit tombe. Les gens s’efforcent d’être patients (inaudible)."

Maternité

Susan Sarandon : "Je suis venue à Lesbos pour écouter et pour apprendre. Je voulais me rendre compte par moi-même de ce que la traversée représente pour ces réfugiés, entendre leurs récits et leurs espoirs pour l’avenir. C’est ici que ça se passe."

Susan Sarandon : "Cette famille vient de Syrie. Leur bateau vient d’arriver. Ils ont l’air en bonne santé. J’ai l’impression qu’une des femmes a la jambe cassée."

(Un bébé pleure).

Susan Sarandon : "Pendant mon court séjour, j’ai constaté un afflux massif de femmes et d’enfants, et de nourrissons, parfois âgés de quelques jours ou quelques semaines à peine. Une jeune fille avait subi une césarienne deux jours auparavant et, en tant que mère, je n’arrivais pas à concevoir que l’on puisse mettre toute sa famille en danger, tous ces petits avec leurs faux gilets de sauvetage, dans des canots où personne ne sait naviguer. Imaginez ce qui les pousse à faire ce choix. Et puis ils vous parlent de leur maison détruite, de leurs maris enrôlés de force dans l’armée syrienne, de leurs cousins décapités, et ainsi de suite parce que ce qu’ils disent tous, c’est qu’ils ont fui pour mettre leurs enfants en sécurité, pour leur offrir un avenir. En tant que mère, ça me fend le cœur de voir tout ce qu’ils ont dû abandonner. J’ai rencontré une femme qui ne parlait pas anglais. Elle m’a simplement dit: "Thank you, I love you." Les seuls mots qu’elle connaissait."

Les camps

Susan Sarandon : "Je suis venue à Lesbos pour écouter et pour apprendre. Je voulais me rendre compte par moi-même de ce que la traversée représente pour ces réfugiés, entendre leurs récits et leurs espoirs pour l’avenir. C’est ici que ça se passe."

"Comme vous le voyez, c’est noir de monde. Il y a un petit espace de jeu pour les enfants, et énormément de familles, de gens qui attendent de recevoir un numéro pour leur enregistrement."

"Comment faire pour que vos enfants ne soient pas trempés? Qu’ils soient en sécurité? Il faut les surveiller sans arrêt, parce que les enfants disparaissent parfois. Certains endroits sont secs. Il y avait notamment une prison à cet endroit – ça ressemble d’ailleurs à une prison – et les femmes, les enfants, et les personnes vulnérables peuvent y trouver refuge. Quand vous y êtes, la situation est assez dramatique. Si vous faites partie des plus chanceux, vous pouvez planter votre tente autour de la prison. D’autres dorment sur une simple couverture. Pour se tenir chaud, ils allument des brasiers. Et, quand il n’y a plus de bois, une horrible odeur de plastique brûlé envahit les narines. Ici, on parle beaucoup de langues différentes. Il y a des petites échoppes où l’on peut acheter de la nourriture. Il faut parfois attendre qu’elles soient réapprovisionnées. Il arrive aussi qu’il n’y ait plus rien à manger. Il y a très peu d’éclairage, certaines zones sont plongées dans l’obscurité. Nous avons heureusement pu distribuer des panneaux solaires. La situation est dramatique, et les choses ne font qu’empirer parce qu’il y a de plus en plus de monde et que le système actuel ne peut accueillir autant de réfugiés."

Secours humanitaire

Susan Sarandon : "Je suis venue à Lesbos pour écouter et pour apprendre. Je voulais me rendre compte par moi-même de ce que la traversée représente pour ces réfugiés, entendre leurs récits et leurs espoirs pour l’avenir. C’est ici que ça se passe."

L’homme: "Le bateau est minuscule, mais vous savez combien de personnes on a sauvées? Beaucoup de monde. Des milliers de personnes. Et je n’exagère pas en disant ça. Ca fait peut-être deux semaines et demie qu’on est là. On a récupéré un nombre incroyable de canots."

Susan Sarandon : "J’admire ces bénévoles, venus de tous les horizons. Des maîtres-nageurs espagnols, des interprètes du monde entier pour faciliter les échanges."

"On ramasse les vêtements qui ont été jetés parce qu’ils étaient sales et complètement trempés, on les lave et on les donnera aux prochains arrivants quand ils auront besoin de vêtements secs."

La femme : "Nous faisons le tri dans les vêtements jetés par les réfugiés qui sont arrivés par la mer, nous les classons et nous les lavons ici, avant de les donner à d’autres réfugiés (inaudible) qui sont à la bonne taille, semblables à ceux qu’ils portaient, pas trop courts pour les femmes, et qui ne (….). Mais il n’y a plus de place sur l’île."

Susan Sarandon : "Vous êtes ici depuis combien de temps?"

L’homme : "Depuis le 5 (inaudible)."

Susan Sarandon : "Et vous êtes venu parce que vous avez vu qu’il y avait une crise?"

L’homme : "J’ai vu des images à la télé de gens qui mouraient (inaudible)."

Susan Sarandon : "Ça fait des mois que ça dure. Il y a des milliers de personnes qui n’ont plus rien, et tous ces bénévoles extraordinaires."

Le bateau

Susan Sarandon : "Je suis venue à Lesbos pour écouter et pour apprendre. Je voulais me rendre compte par moi-même de ce que la traversée représente pour ces réfugiés, entendre leurs récits et leurs espoirs pour l’avenir. C’est ici que ça se passe."

"Et puis on m’a dit que même s’ils arrivent à avoir une place dans le canot, personne ne sait naviguer et qu’ils désignent simplement l’un des leurs pour tenir la barre. Parfois, le type sait ce qu’il fait."

L’homme : "Oui, les passagers peuvent s’estimer heureux quand les types savent ce qu’ils font. Tout est une question de chance, parce qu’ils n’ont pas été formés pour ça. Ce sont des professeurs, des médecins…"

Susan Sarandon : "C’est un périple effrayant, sans commune mesure avec une traversée normale. Les réfugiés poussent des soupirs de soulagement en débarquant. Ils sont euphoriques. Parce que beaucoup de gens se sont noyés. Les enfants passent par-dessus bord, et personne ne retourne les chercher parce qu’ils ne savent pas comment rebrousser chemin. Ces conditions sont vraiment dramatiques. Et le voyage coûte cher. En fonction de la saison, les passeurs demandent 800 à 1200 $ par personne. C’est le chaos. Absolument terrifiant. Il faut vraiment avoir beaucoup de chance."

Le cimetière des gilets

Susan Sarandon : "Je suis venue à Lesbos pour écouter et pour apprendre. Je voulais me rendre compte par moi-même de ce que la traversée représente pour ces réfugiés, entendre leurs récits et leurs espoirs pour l’avenir. C’est ici que ça se passe."

"Pendant que nous patientons, je veux juste vous montrer ces gilets de sauvetage. Certains pensent que les réfugiés les reçoivent gratuitement avant d’embarquer. Que les choses soient claires: personne ne leur donne quoi que ce soit. Ils doivent tout acheter, et je précise que ce ne sont vraiment pas des produits de qualité. Ce sont des contrefaçons. Voilà ce qu’il y a à l’intérieur. Ca ne vous permettra pas de flotter, surtout si vous êtes habillé-e et que vous avez un sac à dos. C’est rempli de n’importe quoi. D’après les Nations unies, presque 900.000 personnes ont fait la traversée, la plupart avec des gilets de ce type. Si vous regardez la côte, elle est pratiquement jonchée de gilets orange parce que les réfugiés ne les emmènent évidemment pas avec eux au moment de monter dans le bus. Ces montagnes orange de gilets de sauvetage offrent une vision sidérante, surréaliste. D’autant que chacun de ces gilets symbolise le périple d’une personne à la recherche d’un peu d’espoir. Ces réfugiés vont entamer une nouvelle vie et le moins que l’on puisse dire c’est que leur sort ne m’inspire pas beaucoup d’optimisme."

Réflexions

Susan Sarandon : "Je suis venue à Lesbos pour écouter et pour apprendre. Je voulais me rendre compte par moi-même de ce que la traversée représente pour ces réfugiés, entendre leurs récits et leurs espoirs pour l’avenir. C’est ici que ça se passe."

"Je crois que c’est un moment historique, en ce sens qu’il est empreint de moralité. Nous devons arrêter de penser à ces réfugiés de manière abstraite parce que c’est une forme de violence. Ce sont des êtres humains qui veulent la même chose que nous pour leurs enfants. Le problème n’est pas politique mais moral."

"Je suis furieuse d’entendre, aux Etats-Unis, tant de personnes influentes et pleines de haine raconter des choses absolument fausses sur ces réfugiés et sur ce qu’ils fuient. La plupart fuient la guerre. Nous avons les mêmes ennemis qu’eux. Prétendre que nous devons nous méfier d’eux est consternant. Ces propos sont d’un simplisme sidérant."

"J’espère qu’en voyant leurs visages et en découvrant leur histoire, les gens se rendront compte qu’ils ont énormément de choses en commun, et qu’ils porteront un regard différent sur eux, afin de les aider du mieux qu’ils peuvent."

Le texte, publié à l’origine sur le Huffington Post américain, ont été traduites par Bamiyan Shiff pour Fast for Word.

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