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Dons de sang des homosexuels : vers un assouplissement des règles au Canada

Dons de sang des homosexuels : vers un assouplissement des règles
Radio-Canada

Les hommes homosexuels et bisexuels qui sont abstinents depuis un an pourront bientôt donner du sang aux États-Unis. Ils en auront aussi le droit en France dès le mois de juin. Au Canada, les voix se multiplient pour modifier les règles à l'égard de ces donneurs.

Un texte de Marie-Eve Cousineau

Au Canada, les hommes ayant eu des rapports sexuels avec d'autres hommes doivent avoir été abstinents pendant cinq ans avant de pouvoir faire un don de sang.

La Société canadienne du sang et Héma-Québec ont l'intention de soumettre, dans les prochaines semaines, une proposition à Santé Canada visant à réduire ce délai à un an.

La Société canadienne d'hémophilie, qui représente des patients traités à l'aide des dérivés du plasma, entre autres, appuie leur démarche.

Son conseil d'administration a voté à l'unanimité une résolution en ce sens le 29 novembre.

« Toutes les données canadiennes et même mondiales démontrent qu'il n'y aura pas d'accroissement de risques si on diminue l'exclusion de cinq ans à un an. »

— David Page, directeur général national de la Société canadienne de l'hémophilie

D'autres pays ont déjà adopté une telle politique, comme l'Australie en 2000 et le Royaume-Uni en 2012.

Le Canada, lui, a interdit jusqu'en 2013 aux hommes ayant eu au moins un partenaire sexuel masculin depuis 1977 de faire un don de sang, et ce, à vie. Cette politique a été adoptée dans la foulée du scandale du sang contaminé, qui a fait des dizaines de milliers de victimes et de morts.

Selon Héma-Québec, la nouvelle politique proposée assurera la sécurité des patients. Son porte-parole Laurent-Paul Ménard rappelle que les hommes qui ont eu une relation sexuelle avec d'autres hommes forment un « groupe nettement plus à risque » quant à la transmission du VIH, comparativement à la population en général.

Malgré la « bonne » performance des tests de dépistage du VIH, une abstinence d'un an est nécessaire, dit Laurent-Paul Ménard. « C'est une période de sécurité pour permettre aux fournisseurs d'intervenir, si un autre pathogène était émergent », précise-t-il.

Une règle discriminatoire

Le Gris Mauricie-Centre-du-Québec, un organisme représentant la communauté lesbienne, gaie, bisexuelle et transgenre dans la région, croit que ce délai d'un an, plutôt que cinq, est un pas dans la bonne direction.

« Mais c'est encore discriminatoire à mon goût. Une bonne majorité [d'hommes homosexuels] n'ont pas de comportements à risque dans leur sexualité. »

— Richard Senneville, président de Gris Mauricie-Centre-du-Québec

Richard Senneville fait valoir que les hétérosexuels qui ont plusieurs partenaires peuvent aussi propager des maladies transmissibles sexuellement. Il croit que les banques de sang se privent d'un bassin important de donneurs.

De multiples critères d'exclusion

Héma-Québec souligne que le don de sang est discriminatoire en soi.

En 2015, l'organisme a exclu, pour diverses raisons, 40 000 donneurs sur les 327 000 inscrits.

Parmi eux, 45 ont été refusés parce qu'ils avaient eu une relation sexuelle avec un autre homme au cours des cinq dernières années.

Au Québec, plus de la moitié des donneurs rejetés l'ont été en raison d'un taux d'hémoglobine trop bas (taux de fer).

« Cela ne veut pas dire que la personne fait de l'anémie, précise Laurent-Paul Ménard. Le taux d'hémoglobine peut varier, par exemple, en raison de menstruations abondantes. »

Héma-Québec refuse aussi des milliers de donneurs de sang parce qu'ils ont effectué, au cours de la dernière année, un voyage dans un pays à risque de malaria, comme la République dominicaine, Haïti ou l'Inde.

Autre motif de refus fréquent : un récent tatouage ou perçage corporel, fait il y a moins de six moins.

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